À l'heure où la révolution numérique, en modifiant le support de l'écrit, modifie du même coup les rapports à ce même écrit et suscite des changements importants dans les pratiques de lecture, il peut paraître inopportun d'étudier les formes et les rapports à l'écrit de l'Antiquité à la Renaissance. Et pourtant, cette incursion dans le passé lointain permettra de constater qu'il y a eu une première révolution du livre, souvent mal connue, quand - cela se fit progressivement - le codex, qui a la forme du livre actuel, a supplanté le rouleau, le volumen. Une seconde révolution a eu lieu avec l'apparition de l'imprimerie, dans les années 1460 : cette innovation technique n'a pas changé grand-chose à la forme du livre mais a supprimé l'exemplaire unique, la copie unique d'un texte, au profit de l'édition en nombre d'un même modèle.

L'archéologie a permis de découvrir un certain nombre d'objets qui témoignent des pratiques culturelles des sociétés antiques et confirment que l'écriture a de loin précédé le livre, quelle qu'en soit la forme, que l'écrit précède la littérature. Les manuscrits actuellement conservés dans les bibliothèques - qu'elles soient municipales, universitaires comme celle de la Sorbonne ou nationales comme la Bibliothèque Nationale de France - sont également les précieux témoins de temps révolus : les paléographes et codicologues permettent, par les datations, d'en esquisser l'histoire et de montrer l'évolution du support, de l'écriture, des enluminures, de la reliure... À ces témoignages extérieurs qui concernent l'objet-livre s'ajoutent les témoignages « intérieurs » des auteurs antiques eux-mêmes qui offrent de précieux renseignements sur les différentes pratiques culturelles autour du livre.