Roland Pécout

Un écrivain voyageur

  • Plein écran
  • Ecran large
  • Ecran étroit
  • Agrandir le texte
  • Taille par défaut
  • Rapetisser le texte
Envoyer Imprimer PDF

1999- Poèmes inspirés par les Tamasheqs (Nomades touaregs du Mali)à la fin des années 1990, Roland Pécout effectua des missions au Mali auprès des nomades Tamasheqs et ceux-ci eurent l’occasion, à leur tour de rencontrer des bergers transhumants des Cévennes.

À la transhumance où Bernard et Christian Planque font se rencontrer d’invisibles chemins, les Touaregs (“Tamasheqs" dans leur langue) étaient là. Nous les avons rejoints, quelques mois plus tard, et d’autres fois encore, dans leur pays de résistance, de sécheresse et de vent, parce que leurs chemins cheminent avec nos chemins.

Aux marcheurs des siècles

I- Vous nous avez donné un toit
au-dessus du troupeau des maisons :
un grand plateau de peau séchée
où nos seuls maîtres sont les vents.
L’œil et l’esprit parcourent les cycles
sur les terrasses éperdues d’herbe,
rêve de tant de générations
dont les pierres ont gardé l’oubli.
Vous nous avez donné un toit
et les bêtes tissent leur lait
tout autour, et le feu du soir
est lumière et fumée des montagnes…

Transhumance en Cévennes, juillet 1999

Revue
Europe, 878–879 dossier « Poètes occitans et catalans », p. 211-213




Als caminaires-aujòls

I- Nos avètz balhat ‘na teulissa
luènh del tropelat dels ostals,
planestèl de la pèl secada
qu’i mestreja res que l’aura.
L’uèlh e l’èime refan los cicles
sus los bancèls perduts d’erbum
ensomiats de tantes aujòls
que los clapàs n’an l’oblidança.
Nos avètz balhat ‘na teulissa
que las bèstias teisson son lach
a l’entorn, e lo fuòc del ser
fa fum e lum entre los sèrres.Dralha dau Vigan, julh de 1999 - Version occitana inedicha


Moutons Moutons
Kidal Kidal

Salut aux Touaregs de Kidal

L’eau que tu répands sur ton seuil
disparaît au fond de la terre.
Le sable est la racine des montagnes
et ce qui est en haut vaut ce qui est en bas.

Le ciel servait de camouflage aux falaises
quand chaque rocher était en guerre.
Le pays nouveau, d’espoir et d’attente
sera plus libre que l’ancien.

Si les Tamasheks unis vont boire
à la Calebasse de la Paix
près de l’Adrar des Iforas.

Le lait de ce breuvage coule
de mille troupeaux en chemin
et des étoiles dans tes mains.

Kidal, décembre 1999, inédit.

 

2002 - En remembre de Maria Durand e de las embarradas de la Torre de Constància.
Tour de Constance Tour de Constance
Aigues mortes Aigues mortes

En pensant à Marie Durand (Comme à un vertige…)
Tu ne cherches pas à briser la carapace de la tour.
Tu ne cherches pas à briser la carapace de ta foi.
Tu ne meurs pas de tant de morts dans le gouffre du temps.
Tu ne fleuris pas de toute la paix d’un Dieu caché.

Tu portes le monde dans ton dos,
Costosoulane,personnages d’unes des proses les plus connues de Max Rouquette, « La mòrt de Còstasolana » (Verd Paradís 1). Le récit est celui de sa mort. Roland Pécout fait allusion au passage suivant : La nuòch davalava doçament. Ara i aviá pas pus de tèrra. La tèrra èra dins son esquina, se pensèt que coma un gigant, amb sas espatlas ont la sentissiá, la portava sol. Èra detràs. Còstasolana èra sol a la cara del cèl. / La nuit descendait doucement. Désormais il n’y avait plus de terre. La terre était dans son dos, il imagina qu’il la portait ainsi, tout seul, comme un géant. Elle était derrière. Costasolana était seul à la face du ciel.
Toutes portes verrouillées, le passage est au-dessus de toi.
La haute mer dans ton centre est une aube étrangère.
Autour de toi : l’ombre. Et puis la lumière du monde

Qui embrasse tout. Mais cette lumière, tu ne la désires pas.
La pénombre de la Tour la tient loin de toi.
Le vrai soleil, ta brûlure, ta délivrance,
Qui te marie à tout silence, est dans ton esprit.

Vous faites de la soupe maigre dans de la vaisselle cassée,
Vous tremblez d’un froid de caverne au milieu de l’été,
Mais le sel des marais qui blanchit la contrée
Est celui qui pleut de la pensée de ton Dieu.

Version française de l’auteur.

Cercas pas d’espetar la clòsca de la torre
Cercas pas d’espetar la clòsca de ta fe
Morisses pas de tantas mòrts dins las temporas.
Florisses pas de tanta patz d’un Diu escret.

Pòrtas lo mond dins l’esquina, Còstasolana.personnages d’unes des proses les plus connues de Max Rouquette, « La mòrt de Còstasolana » (Verd Paradís 1). Le récit est celui de sa mort. Roland Pécout fait allusion au passage suivant : La nuòch davalava doçament. Ara i aviá pas pus de tèrra. La tèrra èra dins son esquina, se pensèt que coma un gigant, amb sas espatlas ont la sentissiá, la portava sol. Èra detràs. Còstasolana èra sol a la cara del cèl. / La nuit descendait doucement. Désormais il n’y avait plus de terre. La terre était dans son dos, il imagina qu’il la portait ainsi, tout seul, comme un géant. Elle était derrière. Costasolana était seul à la face du ciel.
Pòrtas clavadas, lo pertús l’as adamont.
La mar deliura es dins ton centre una auba estranja.
A ton entorn, l’escur, e puèi la lutz del mond,

Qu’enròda tot. Mas ‘quela lutz non la volontas.
La mièja-nuech de la torre te la ten luènh.
Lo solelh verai, ta cremor, ta deliurança,
Que t’apària a tot silenci, es dins ta ment.

Fasètz la biaça magra en de terralha rota.
Tremolatz d’una freg de cauna entre l’estiu.
Mas la sal de palun qu’emblanquís l’encontrada
Es la que plòu de la pensada de ton Diu.



Vous êtes ici : L'œuvre Anthologie Poemas diverses 1999-2002