Votée à l'unanimité lors du conseil de l'UFR2 du 1 mars 2021
MOTION
Le 5 janvier 2021, une note de service a rendu obligatoire la mise en place de la certification en anglais dès 2021 pour les étudiant.e.s. Cette certification devient dès lors nécessaire à l’obtention de la licence même si aucun niveau particulier n’est attendu.
La procédure du marché public étant achevée, la communauté universitaire apprend que l’entreprise choisie, LanguageCert, peu connue dans le milieu des organismes certificateurs, est une entreprise grecque privée qui annonce pouvoir certifier trois langues (anglais, espagnol et turc).
Voici les conséquences possibles d’une telle mesure :
- financement d’organismes privés par de l’argent public subordonnant l’obtention d’un diplôme national public à la passation d’une certification privée alors qu’il existe des dispositifs publics et gratuits d’attestation et de certification des compétences langagières dont les liens avec la recherche sont attestés ;
- gaspillage des deniers publics puisque le Ministère de l’Enseignement Supérieur de la Recherche et de l’Innovation (MESRI) impose une certification à l’ensemble des étudiant.e.s de licence sans exiger un niveau de langue à valider ;
- dessaisissement de la politique linguistique des universités au profit de sociétés privées. Une telle mesure va à l’encontre de l’autonomie des universités et de leur liberté pédagogique ;
- déni des compétences des enseignant.e.s de langues. Ni l’expertise des enseignant·e·s de terrain, ni les chercheur·euse·s en didactique des langues n’ont été entendu·e·s par le MESRI alors même que la communauté s’est mobilisée de manière sans précédent en déposant un recours commun rédigé par 15 associations ;
- uniformisation des pratiques dans une seule visée certificative et dans une perspective utilitariste. Les enseignements de langue risquent de se transformer en des cours de bachotage afin de préparer les étudiant.e.s aux exercices standardisés de la certification (avec apparemment seulement 2 compétences évaluées). À terme, cette mesure pourrait signer la fin possible de l’enseignement des langues autres que l’anglais, mais aussi de l’anglais, remplacé alors par une simple certification.
Le MESRI a indiqué que cette mesure ne remettait nullement en cause le plurilinguisme, puisque les étudiant.e.s pourraient s’inscrire au CLES afin d’être certifié.e.s dans les autres langues que l’anglais. Mais comme un grand nombre d’universités n’offre aux étudiant.e.s que la possibilité d’étudier une seule langue, il est facile de comprendre que les étudiant.e.s délaisseront les autres langues pour se concentrer sur l’apprentissage de l’anglais. Cette mesure impose à des étudiant·e·s qui n’ont jamais fait d’anglais ou qui s’identifient à d’autres langues à s’exposer à un résultat potentiellement dévalorisant risquant de générer une insécurité linguistique.
L’argument phare du Ministère pour justifier la mise en place de cette mesure réside dans la « reconnaissance internationale » de la certification choisie. Or, l’entreprise sélectionnée est peu connue, ce qui contredit l’argument de la reconnaissance internationale mise en avant par le Ministère. La question de la légitimité de cette entreprise se pose, de même que la question de la pertinence des critères d’attribution du marché et des modalités de sélection de l’entreprise retenue. Enfin, les étudiant.e.s seront en droit de se demander si seule cette certification sera offerte par le Ministère car, devant l’absence de notoriété de cette dernière, un grand nombre d’étudiant.e.s continueront, faute d’investissement de l’État dans l’enseignement supérieur et la recherche à devoir financer personnellement d’autres certifications plus reconnues par les milieux socio-économiques, et exigées par les universités en Europe et dans le monde.
La communauté universitaire s’est mobilisée de manière sans précédent et 15 associations ont déposé un recours commun. La décision des juges du Conseil d’État est attendue pour le printemps.
Le conseil de l’UFR.2 de l’université Paul-Valéry Montpellier 3, réuni le 1er mars 2021 exprime son opposition à l’obligation de l’obtention d’une certification en langue anglaise et soutient l’action engagée par le collectif universitaire.
Motion en Téléchargement : 20210301_motion.pdf