Madame Sibylle TURO
Soutiendra vendredi 3 décembre 2021 à 14 h
Salle des Actes n° 009 à l’Université Paul-Valéry Montpellier 3, Site Saint-Charles 2
une thèse de DOCTORAT
Discipline : Psychologie spécialité Psychologie cognitive
Titre de la thèse : Les interruptions dans l’environnement numérique : rôle de la fluence de traitement dans la capture attentionnelle
Composition du jury :
- M. Denis BROUILLET, Professeur émérite, Université Paul-Valéry Montpellier 3, directeur de thèse
- M. Gérard DRAY, Professeur, ENS des mines d’Alès, codirecteur de thèse
- Mme Édith GALY, Professeure, Université Côte d’Azur
- Mme Valérie GYSELINCK, Directrice de recherche, Université Gustave Eiffel
- M. George MICHAEL, Professeur, Université Lumière Lyon 2
- M. Charles TIJUS, Professeur, Université Paris 8 Vincennes-Saint Denis
Résumé de la thèse
Les technologies de l’information et de la communication (TIC) sont omniprésentes dans la vie quotidienne, et apportent leur lot d’avantages, mais aussi leur lot d’inconvénients. De nombreux chercheurs ont tenté de comprendre les conséquences des interruptions et d’en modéliser les effets. Un constat revient régulièrement : les interruptions provoquent un détournement de l’attention souvent délétère.
Ce travail de thèse avait pour but d’investiguer les mécanismes qui sous-tendent les interruptions. Nous nous sommes particulièrement intéressés à l’expérience subjective qui accompagne tout traitement, ce que l’on nomme « fluence ». En effet, la fluence correspond à un feedback d’ordre métacognitif qui informe le système cognitif sur sa propre activité en termes de degré d’activation, de vitesse ou d’effort. Par conséquent, on est en droit de se poser la question de savoir dans quelle mesure la fluence de traitement peut influencer la capture attentionnelle impliquée dans les effets délétères des interruptions dans les environnements numériques.
Pour ce faire, nous avons réalisé quatre études. Dans une première étude, nous avons souhaité étudier le rôle de la fluence sur les processus attentionnels. Dans une deuxième étude, nous nous sommes intéressés à mieux comprendre l’impact de la rupture de fluence sur la capture attentionnelle en manipulant le contexte expérimental, à savoir le nombre d’essais fluents et non fluents. Dans une troisième étude, nous avons souhaité évaluer l’effet de la fluence sur le temps de retour. En effet, il a été montré que les interruptions avaient un effet sur le temps de retour à la tâche et par conséquent, nous nous sommes demandé si la fluence intervenait également dans le processus de reprise. Dans une quatrième étude, nous avons réalisé un questionnaire regroupant trois facteurs importants dans l’étude des conséquences des interruptions : stress, épuisement et distraction. En lien avec la problématique de cette thèse, nous nous sommes intéressés à savoir si la fluence avait un effet médiateur sur ces trois facteurs. Nos résultats suggèrent que : 1) la fluence de traitement a un effet sur l’orientation de l’attention, et 2) la capture attentionnelle est impactée par la rupture de fluence. Les travaux réalisés dans le cadre de cette thèse suggèrent que l’étude de la fluence a un rôle dans la compréhension de l’attention, notamment dans l’explication des conséquences des interruptions. En effet, la fluence apparaît comme un mécanisme sous-jacent à la capture attentionnelle. Il serait donc intéressant que les modèles théoriques actuels expliquant les conséquences des interruptions tiennent compte de la fluence. De nombreux travaux sont encore nécessaires afin de mieux comprendre le rôle de la rupture de fluence sur l’attention et in fine, d’exploiter le potentiel de cette approche pour améliorer la compréhension des effets cognitifs sous-jacents aux interruptions.
