Soutenance de thèse

Le Vendredi, 2. décembre 2022 -
14:00 - 19:00
Salle des Actes à l’Université Paul-Valéry Montpellier 3 - Site Saint Charles

Mme Katia MARCELLIN

Soutiendra vendredi 2 décembre 2022 à 14 h

Salle des Actes n° 011 à l’Université Paul-Valéry Montpellier 3, Site Saint-Charles 1

une thèse de DOCTORAT

Discipline : Études du monde anglophone

Titre de la thèse : Faire le vide : performativité de la métalepse et expression du trauma dans six romans britanniques contemporains (Toby’s Room de Pat Barker, Skin Lane de Neil Bartlett, Even the Dogs de Jon McGregor, Anatomy of a Soldier de Harry Parker, The Accidental d'Ali Smith et The Night Watch de Sarah Waters

Composition du jury :

  • Mme Catherine BERNARD, Professeure, Université Paris Cité
  • M. Jean-Michel GANTEAU, Professeur, Université Paul-Valéry Montpellier 3, directeur de thèse
  • Mme Vanessa GUIGNERY, Professeure, ENS Lyon
  • M. Georges LETISSIER, Professeur émérite, Nantes Université
  • Mme Sandrine SORLIN, Professeure, Université Paul-Valéry Montpellier 3

Résumé de la thèse

En se penchant sur le sujet du trauma, la littérature se donne pour but d’appréhender les répercussions d’un événement par définition insaisissable. Afin de saisir les enjeux qui se rapportent à cette représentation de l’irreprésentable, nous nous pencherons sur la figure de la métalepse, qui se définit comme une « espèce de métonymie » mettant en jeu des rapports temporels et ne conservant que l’un des termes d’une suite causale pour faire comprendre implicitement l’autre.

Notre travail entend montrer comment cette figure s’articule à l’expression du trauma et à la mise en scène de différentes formes de vulnérabilité, la métalepse permettant d’en saisir les multiples déclinaisons : le trauma est vulnérabilisant d’abord parce qu’il n’est pas saisi, dépossédant ainsi le sujet de lui-même ; ensuite, la survenue du trauma révèle ou augmente des formes de vulnérabilité préexistantes ; enfin, l’expression métaleptique du trauma ancre la vulnérabilité au cœur même de l’expérience de lecture.

Au fil de ce travail, la métalepse nous apparaîtra comme une figure performative, cette performativité se déclinant à plusieurs niveaux. Elle construit, en premier lieu, une performativité du trauma, matérialisant dans le texte le fonctionnement de la psyché traumatisée. Elle fait ainsi surgir le trauma au niveau de l’expérience de lecture en actant ses effets : en reproduisant ses mécanismes, la métalepse fait advenir de nouvelles images, de nouvelles perceptions, construisant une réalité traumatique. En second lieu, elle met en place une performativité à vocation politique, s’articulant ici avec la métonymie pour produire les effets d’effacement dont sont victimes les vies précaires : la fragilité de leur prise sur le monde est rendue tangible par la menace constante de disparition ou de censure que ces figures font peser sur les personnages. En produisant des écarts et des ruptures entre les termes d’une relation logique, ces figures ouvrent des espaces interstitiels par lesquels les hiérarchies perceptuelles sont reconfigurées : les points de vue marginaux présentés deviennent alors générateurs d’une réalité invisible et des invisibles. Par conséquent, une performativité éthique de la métalepse se dessine, engageant l’entreprise de lecture dans le maintien de sa forme résolument ouverte. En traçant des lignes de fuite et en appelant les lecteurs·trices à participer à leur mise en relation sans céder à la tentation d’en extraire un sens unique et univoque, la métalepse ancre l’altérité au cœur de l’entreprise représentationnelle. Ainsi, les effacements, ruptures et liens qu’elle construit élaborent une écriture — et une lecture — relationnelles.

Dernière mise à jour : 08/11/2022