Soutenance de thèse

Le Vendredi, 2. décembre 2022 -
14:00 - 19:00
Salle St Charles 2 Auditorium

Mme Lola CRÔNE

Soutiendra vendredi 2 décembre 2022 à 14 h

Salle Auditorium à l’Université Paul-Valéry Montpellier 3, Site Saint-Charles 2

une thèse de DOCTORAT

Discipline : Psychologie spécialité Psychologie du travail et des organisations

Titre de la thèse : Les causes et conséquences de la perception d’objectification au travail : le cas du télétravail

Composition du jury :

  • M. Laurent AUZOULT-CHAGNAULT, Professeur, Université de Bourgogne, codirecteur de thèse
  • M. Lionel BRUNEL, Maître de conférences habilité, Université Paul-Valéry Montpellier 3, directeur de thèse
  • Mme Valérie FOINTIAT, Professeure, Aix-Marseille Université
  • Mme Laure GUILBERT, Maîtresse de conférences habilitée, Université Paul-Valéry Montpellier 3
  • M. Jordan NAVARRO, Professeur, Université Lumière Lyon 2
  • Mme Anne-Marie VONTHRON, Professeure, Université Paris Nanterre

Résumé de la thèse

La déshumanisation correspond au phénomène de déni des attributs humains accordés normalement à une personne et/ou à un groupe. Parmi toutes les formes de déshumanisation, la forme « mécanique » se produit lorsqu’autrui est comparé ou associé à un objet non humain. On qualifie cette forme de déshumanisation d’objectification. Trois perspectives explicatives de l’objectification sont mises en avant dans le champ du travail : l’existence de relations de pouvoir, la nature de l’activité et la nécessité de réduire l’incertitude associée aux interactions sociales (Auzoult & Personnaz, 2016). Ce serait, soit parce que nous entretenons des relations de pouvoir que nous instrumentalisons/objectifions autrui, soit parce que ce dernier est perçu comme réalisant une activité mécanique, soit enfin parce que nous ne savons pas prédire ses réactions dans le cadre de nos interactions sociales. Parmi les risques de l’objectification, plusieurs études ont montré le lien entre l’objectification et les risques psychosociaux (Baldissarri, Andrighetto & Volpato, 2014; Caesens, Stinglhamber, Demoulin, & De Wilde, 2017; Szymanski, & Mikorski, 2016)
Depuis mars 2020, un quart des Français ont vu leur environnement de travail radicalement transformé. Le télétravail, même si peu présent en France avant la crise sanitaire, se développe lentement mais sûrement. Or, dans la littérature, on observe que cette forme de réalisation du travail n’est pas neutre ; il peut engendrer des effets positifs, mais aussi négatifs, que soit dans la sphère privée et /ou professionnelle (Guilbert, L., Vayre, E., Priolo, D., Samatan, A., & Blanchet, C., 2022). L’objectif de cette thèse est d’observer si le télétravail peut accroître la perception d’objectification. Effectivement, on peut trouver plusieurs éléments consécutifs au télétravail qui peuvent être un terrain propice au sentiment d’objectification : les modalités du télétravail, basées sur l’usage de l’informatique, peuvent induire une fragmentation, un contrôle externe (par la machine) et une répétitivité de l’activité (Baldissarri, Andrighetto, Gabbiadini & Volpato, 2017) ; l’incertitude  des interactions liée à la suppression de certains canaux de communication (Haque & Waytz, 2012) ; le contrôle des organisations sur les interactions et sur l’activité des agents qui peuvent accentuer les enjeux de pouvoir (Auzoult & Personnaz, 2016).
 Pour répondre à cette problématique, nous avons dans un premier chapitre créé un outil de mesure de perception d’objectification au travail (Crone, L., Brunel, L., & Auzoult, L., 2021). Cette échelle de mesure a mis en avant deux facteurs principaux au sentiment d’objectification : l’instrumentalisation et la perte de puissance (étude 1). Dans un second chapitre, nous avons souhaité manipuler ces deux facteurs pour mieux les appréhender (étude 2a) et étudier leur impact spécifique sur la santé au travail (étude 2b). Enfin, dans un troisième chapitre, une étude a été menée auprès des travailleurs·euses en situation de télétravail pour mesurer son effet sur la santé mentale (étude 3a). Une dernière étude nous  a permis de  comparer une situations de travail à distance et une situation de travail en présentiel pour étudier l’effet des canaux de communication sur la perception d’objectification (étude 3b). L’ensemble des résultats sera discuté pour permettre un enrichissement théorique et actuel de l’objectification au travail ainsi qu’appréhender les facteurs à risques pour la santé mentale des travailleurs·euses en télétravail

Dernière mise à jour : 16/11/2022