Soutenance de thèse

Le Jeudi, 8. décembre 2022 -
14:00 - 19:00
Salle des Actes à l’Université Paul-Valéry Montpellier 3 - Site Saint Charles

M. Adil YAKHLOUFI

Soutiendra jeudi 8 décembre 2022 à 14 h

Salle des Actes n° 011 à l’Université Paul-Valéry Montpellier 3, Site Saint-Charles 1

une thèse de DOCTORAT

Discipline : Psychologie spécialité Psychologie cognitive

Titre de la thèse : La créativité et son évaluation : une relation médiatisée par des biais psychosociaux et émotionnels ?

Composition du jury :

  • Mme Maud BESANÇON, Professeure, Université Rennes 2
  • Mme Nathalie BLANC, Professeure, Université Paul-Valéry Montpellier 3
  • M. Mathieu CASSOTTI, Professeur, Université Paris Cité
  • Mme Arielle SYSSAU VACCARELLA, Professeure, Université Paul-Valéry Montpellier 3, directrice de thèse
  • M. Lubart TODD, Professeur, Université Paris Cité

Résumé de la thèse

Contrairement à l’évaluation d’autres fonctions cognitives en psychologie, l’évaluation subjective de la créativité est une méthode courante. Cette évaluation subjective prend la forme d’une estimation du consensus entre les évaluations émises de manière indépendante par des juges, sans qu’ils ne soient informés à propos des dimensions précises à quantifier dans les productions soumises à leur jugement. Mais que capture réellement cette méthode d’évaluation ? L’objectif principal de ce travail de thèse est de quantifier la vulnérabilité de cette stratégie d’évaluation aux biais psychosociaux. Dans cette optique, trois études ont été menées. La première a consisté à adapter en langue française le test d’associations lointaines composées (CRAT). Ce test permet de mesurer succinctement l’efficience des processus créatifs de l’individu. Opérationnellement, l’exercice du participant implique, à partir de trois mots sans lien apparent, de deviner un quatrième mot qui peut être respectivement associé à chacun des trois premiers mots, pour former un mot composé. Au total, 99 items ont été développés, pour lesquels les propriétés psychométriques de fidélité ont été obtenues à l’aide de modélisations issues de la théorie de réponse à l’item. Parmi ces items, 60 disposaient de caractéristiques satisfaisantes de difficulté et de discrimination de la performance. La seconde étude avait pour ambition de mettre en lumière un stéréotype négatif sur la créativité des personnes d’origine arabe. Pour ce faire, une tâche d’associations implicites mettant en scène des prénoms d’origine arabe ou française et des adjectifs positivement ou négativement associés à la créativité, a été menée. Les résultats n’ont révélé aucune différence dans les temps de réponses mis par les participants pour associer un attribut positivement rattaché à la créativité, que le prénom fasse référence à une origine arabe ou française. Analogiquement, les participants n’ont pas mis moins de temps à associer les prénoms d’origine arabe à un attribut négatif pour la créativité, par rapport aux prénoms d’origine française. Enfin, la troisième étude visait à examiner si l’absence de stéréotype révélée dans la seconde étude, persistait quand les participants étaient engagés dans une tâche factice d’évaluation de la créativité de photos réalisées par des binômes de créateurs. Sur la base du paradigme de la catégorisation croisée, trois types de groupe de créateurs étaient présentés au participant, selon qu’il partage avec eux des dimensions sociales de genre et d’origine (i.e., endogroupe), qu’une partie (e.g., l’origine ; groupe mixte) ou aucune (i.e., exogroupe). Conjointement, les images utilisées ont été prétestées de façon à respectivement évoquer les émotions de colère, peur, joie et d’émerveillement. Dans le cadre du modèle de l’état affectif comme information, la catégorie émotionnelle peut moduler les jugements de créativité. Enfin, avant que la tâche de jugement des images n’ait lieu, les participants devaient compléter des items du CRAT car la littérature a déjà montré une influence du niveau de créativité du juge sur ses évaluations. Le modèle de régression linéaire mixte qui a été réalisé a principalement révélé des biais liés aux émotions de colère et d’émerveillement et un jugement plus sévère des femmes pour les productions réalisées par des hommes. En outre, une analyse complémentaire par la théorie de réponse des juges, en fonction notamment du genre du participant, a permis de constater des irrégularités entre le score de créativité attribué par certains juges et la charge latente de créativité de la production évaluée. Les conclusions de ces trois études seront finalement discutées à la lumière du modèle de Sternberg et Karami (2022), qui propose d’intégrer un nouveau critère définitionnel de la créativité : le jugement moral.

Dernière mise à jour : 23/11/2022