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Bois et bronze

Icône de l'outil pédagogique Bois et bronze

Le terme de livre vient du latin liber qui, avant de désigner le livre, est le nom de la partie la plus tendre de l'arbre. Celui-ci en effet présente, en coupe, trois strates qui intéressent notre propos : l'écorce, l'aubier et le liber. L'écorce, on le sait, est la partie extérieure, la couche superficielle protectrice du tronc ou de la tige des végétaux supérieurs. L'aubier constitue la partie tendre du bois, située entre l'écorce et le cœur et constituée de fibres encore jeunes et vascularisées. Quant au liber, il constitue la partie la plus tendre et la plus superficielle de l'aubier, directement située sous l'écorce et qui correspond au plus récent accroissement du végétal.

Ce support de bois aurait, d'après le poète Horace (Art poétique, 399), caractérisé le passé mythique de Rome : c'est au Ve siècle avant notre ère, dans les années 451-449, que la loi des XII tables, dont les plébéiens exigent la publication, est peinte, comme toutes les lois nouvelles, en lettres noires et rouges sur des planches de bois blanchies (album) : Ces tablettes blanchies (tabulae dealbatae) ont été longtemps utilisées par les grands pontifes qui y notaient, année après année, tous les faits marquants pour la cité, comme en témoigne Cicéron : « C’est en vue de conserver les souvenirs publics que le grand pontife, depuis les premiers temps de Rome jusqu’au pontificat de P. Mucius, mettait par écrit tous les faits de chaque année, les portant sur une table blanchie qu’il affichait dans sa demeure, afin que le peuple pût venir en prendre connaissance » (Or. II, 51).

Très tôt donc, le monde romain a pratiqué, parallèlement à leur archivage, l'exposition des « lois », et au bois succède bientôt le bronze (aes) : d'où l'expression ramassée aera legum, les « bronzes des lois », que Tacite a empruntée à Cicéron (Hist. 4, 40, 4 ; Cicéron Catil. 3, 19 et Div. 2, 47).

 

La Table de Claude

Ces tables, originellement brisées en quatre morceaux dont deux seulement sont parvenus jusqu'à nous, ont été retrouvées à Lyon dans le quartier de la Croix-Rousse en 1528 et sont actuellement conservées au musée gallo-romain de Lyon. L'appellation au pluriel est traditionnelle, mais il serait sans doute plus exact de parler de la Table Claudienne.

La Table Claudienne porte la retranscription du discours que l'empereur Claude fit au sénat romain en 48, d'après l'original dont le texte était déposé à Rome dans les Acta senatus. Le but de l'allocution est de proposer aux sénateurs le vote d'un sénatus-consulte qui accorderait le ius honorum (le droit de briguer les magistratures) aux notables de chaque cité dans les Trois Gaules - c'est-à-dire les provinces d'Aquitaine, Lyonnaise et Belgique.

Source : © C. Thioc, J.-M. Degueule,
Musée gallo-romain de Lyon, Département du Rhône

Le texte répond à une probable requête du Conseil des Trois Gaules auprès du pouvoir romain, sollicitant l'octroi aux notables de la Gaule Chevelue du droit de cité complet, leur ouvrant l'accès aux magistratures romaines et au Sénat. Une réponse positive - partielle - fut donnée aux Éduens, et par la suite élargie aux autres peuples de la Gaule Chevelue. Le discours de l'empereur consacre donc l'octroi de la citoyenneté romaine et de ses avantages à certains notables gaulois de Gaule transalpine (sud de la France actuelle) et s'inscrit ainsi dans le processus historique de fondation de la civilisation gallo-romaine.

Les Tables de Claude sont actuellement exposées au Musée gallo-romain de Fourvière, à Lyon, mais il est également possible d'en voir une copie moulée dans la cour d'honneur du Musée de l'Imprimerie, dans cette même ville.

Voir la transcription de la Table de Claude

Le texte a été transcrit dans le Corpus Inscriptionum Latinarum (CIL XIII, 1668) ; écrit en majuscules et ne comportant pratiquement pas d'abréviations, il est assez facile à lire.

La copie sur une plaque de bronze de ce discours, témoin de l’avancée politique en faveur des notables provinciaux, a probablement été conservée dans le sanctuaire fédéral des trois Gaules .


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