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Le volumen

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Source : Daniel Delattre-Laurent Capron, CD-Rom « Les Sources documentaires du Livre IV des Commentaires sur la musique de Philodème » (réalisation: Institut de Papyrologie de la Sorbonne- Université de la Sorbonne, Paris IV), Paris, 2007.

Le rouleau littéraire, grec ou latin, est constitué d'une bande horizontale de papyrus de grande longueur, enroulée sur elle-même ou autour d'une fine baguette appelée umbilicus. Il offre au regard, quand on le déroule, une multitude de blocs juxtaposés et constitués de lignes d'écriture régulièrement espacées, avec une marge supérieure toujours un peu plus étroite que la marge inférieure. Ces colonnes parallèles dont la largeur et la hauteur semblent, au moins au premier regard, constantes, et qui sont écrites en lettres capitales , offrent - pour les textes grecs au moins - ce qu'on appelle une scriptio continua, c'est-à-dire un texte où les mots ne sont pas séparés les uns des autres, contrairement à ce à quoi nous sommes habitués depuis le Moyen Âge. Cela est pour nous très déconcertant, naturellement, et induit des problèmes de découpage des mots qui peuvent avoir des conséquences importantes sur la compréhension du texte. Il va sans dire que, jusqu'à la fin du Ier siècle ou au début du IIe siècle du moins, on n'y marque pas les accents ni les esprits, sauf dans certains cas très spécifiques. En effet, dans le livre I des Commentaires sur les poèmes de Philodème (PHerc. 460+1073), où se développe sur quelques colonnes (86-90 Janko) une discussion technique sur les effets de l'accentuation sur l'ouïe, on n'a indiqué que les accents aigus et circonflexes (sous forme arrondie), et seulement sur certains mots . Toutefois, ce cas reste tout à fait exceptionnel dans la bibliothèque d'Herculanum (il n'est, d'ailleurs, pas impossible que l'accentuation ne soit pas le fait du copiste, mais plutôt d'un lecteur averti). Cela signifie en tout cas qu'au Ier siècle avant notre ère on connaissait parfaitement le système grec de notation des accents et des (seuls) esprits rudes, mais que cette indication, qui est devenue nettement plus fréquente deux ou trois siècles plus tard, n'était pas encore jugée nécessaire à une bonne transmission des textes.

Il est plus problématique d'évoquer la présentation des rouleaux latins d'Herculanum, qui sont généralement en moins bon état de conservation encore que les rouleaux grecs, et de ce fait encore trop peu étudiés malgré les efforts remarquables de quelques chercheurs. Ainsi, Knut Kleve travaille depuis longtemps déjà au déchiffrement et à la reconstruction d'une pièce inconnue, mais très mutilée, qui se trouvait dans la Villa des Pisons, L'Usurier du comique Caecilius Statius. Il s'agirait surtout, pour autant qu'on puisse le dire actuellement, de textes poétiques, politiques ou judiciaires. Le plus célèbre d'entre eux, le PHerc. 817, nous conserve un reste conséquent d'un poème épique d'auteur inconnu (peut-être Lucius Varius Rufus, l'ami de Virgile) évoquant la bataille d'Actium (31 avant notre ère). Les rouleaux latins paraissent avoir eu une hauteur supérieure à celle des grecs, avec une moyenne de 28 cm contre 22 ; et surtout ils offraient, semble-t-il, des colonnes nettement plus larges que celles des textes grecs : leurs colonnes pouvaient avoir jusqu'à 17 cm de largeur, soit près de 60% de plus. Il existait donc une typologie spécifique des volumina latins à la fin de la République et au début de l'Empire, renforcée par une écriture typiquement latine. Tracée soit en capitales libraires très soignées, soit en caractères voisins de la capitale, quoique plus fluides et rapides, celle-ci présentait des pleins et déliés, que permettait un calame beaucoup plus souple que celui des scribes grecs, et évoquant le tracé d'un pinceau plus que d'un jonc taillé en pointe. Quant à la question d'une éventuelle influence d'une culture sur l'autre, les paléographes perçoivent une certaine évolution dans le tracé de quelques capitales grecques au contact des scribes latins, mais n'auraient rien relevé de convaincant dans l'autre sens .


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