L'occitan, une langue

L'occitan et l'école

Un des acquis institutionnels majeurs du XXe siècle pour l'occitan comme pour toutes les autres langues de France sera la promulgation de la Loi Deixonne (1951) qui a ouvert la porte à l'enseignement de l'occitan dans les écoles. La loi Deixonne, votée en janvier 1951, représentait le seul cadre légal qui fasse une place aux diverses langues de France. Il s'agissait en outre du premier texte de loi qui fasse officiellement référence à la « langue occitane ». Cette loi a été en partie abrogée en juin 2001 pour être intégrée au Code de l'éducation sous la forme de deux articles.

Le système éducatif qui avait contribué à détruire les « patois » devient alors le moyen d'une reconquête possible de la langue. Ainsi l'occitan a pu peu à peu se développer à tous les niveaux du système éducatif.

Durant les soixante dernières années, seules quelques circulaires ont permis d'élargir les dispositions en matière d'enseignement de l'occitan. L'intensification de la revendication occitane dans les années 70 semble pouvoir permettre d'expliquer la multiplication des textes, circulaires, arrêtés et décrets dans les années suivantes. La circulaire Haby (du 27 mars 1975) représente une prise de conscience régionale en préconisant de « répondre à la demande là où elle s'exprime clairement ». Mais ce sont les circulaires Savary (du 21 juin 1982 et 30 décembre 1983) qui ont permis de réelles avancées en parlant de « reconnaissance du fait régional dans toutes ses dimensions, de volonté de sauvegarder un élément essentiel du patrimoine national ». Concrètement, ces circulaires ont permis un recadrage de l'enseignement de l'occitan de la maternelle au supérieur et, à quelques détails près, ont mis en place le dispositif d'enseignement tel qu'il existe aujourd'hui. Les principes du cursus bilingue à partir de l'école maternelle sont posés à ce moment-là. On recommande aux enseignants la rigueur scientifique tout en offrant des moyens en dotations horaires et en postes de conseillers pédagogiques.

Les avancées liées aux circulaires Savary pour l'enseignement public coïncident avec la l'ouverture des premières Calandretas en 1980. Cette forme d'enseignement associatif propose une alternative à l'enseignement public afin d'accélérer le processus de diffusion de l'enseignement bilingue de l'occitan par immersion, en marge des cadres institutionnels de l'Éducation nationale. En 1994 (en vertu de la loi Debré de 1959), les écoles Calandretas ont obtenu un statut identique à celui des écoles confessionnelles et on pu ainsi mettre en place un institut de formation et un concours de recrutement spécifiques.

Au niveau de l'enseignement public, les mesures Lang, annoncées en janvier 2001, à l'occasion d'un plan général de restructuration de l'enseignement des langues vivantes où les langues régionales ont leur place, sont publiées en septembre 2001. Elles consistent en trois circulaires, l'une générale et deux sur le bilinguisme. La circulaire sur le bilinguisme en immersion (qui prévoit l'intégration dans le service public de l'enseignement privé immersif) sera invalidée par le Conseil d'État au terme d'une polémique très vive dont on peut suivre les étapes dans la presse nationale. On peut juger à cette occasion que les langues régionales en France font toujours l'objet de débats passionnés où le sentiment national exprime parfois sans nuances sa hantise de la diversité linguistique au nom du danger « communautariste » et de l'impérieuse nécessité de défendre le français (voir à ce sujet le document vidéo « Polémique sur les langues régionales » diffusé sur le site de l'INA).

Concrètement, ces mesures donnent lieu à la création d'un concours spécial de recrutement de professeurs des écoles pour l'enseignement de et en langue régionale. Les rectorats de Montpellier, Bordeaux et Toulouse ouvrent le concours dès janvier 2001. Officiellement l'occitan est inséré dans le nouveau dispositif des langues vivantes à l'école primaire. Le programme pour les langues régionales en primaire est publié en juin 2003. Mais un an après, les langues régionales sont à nouveau exclues du socle commun des enseignements. Parce qu'elles sont incontestablement liées à des pesanteurs idéologiques, les langues régionales en France, et particulièrement dans l'Éducation nationale, ne parviennent pas à bénéficier d'un statut permettant leur développement régulier. Actuellement, la loi d'orientation établit que : « Un enseignement de langues et cultures régionales peut être dispensé tout au long de la scolarité selon des modalités définies par voie de convention entre l'État et les collectivités territoriales où ces langues sont en usage. »

Les classes bilingues à parité horaire se sont donc peu à peu développées dans l'enseignement primaire : la moitié des matières y sont enseignées en occitan, mais ces expériences restent minoritaires. L'exemple des langues de France plus avancées dans le processus de scolarisation, comme le basque, le breton ou le corse, montre le chemin : c'est par le développement de l'enseignement bilingue - qu'il soit à parité horaire (enseignement public) ou par immersion (enseignement associatif Calandreta) - que l'école réussira le mieux à fabriquer de nouveaux locuteurs.

La FELCO (Federacion per l'ensenhament de la lenga e de la cultura occitanas) qui rassemble les CREO (Centres regionals d'Estudis Occitans) permet de créer un lien entre tous les enseignants d'occitan du public et d'œuvrer pour une plus grande intégration de l'occitan au sein de l'Éducation nationale.

Ces dernières années, le parcours d'intégration institutionnelle de l'occitan dans l'enseignement public s'est poursuivi, notamment en permettant à l'occitan d'accéder au rang de LV II ou de LV III, puis d'entrer dans le cadre d'un véritable cursus de formation à l'université jusqu'au niveau dispositif de formation dit LMD (Licence, Master, Doctorat). Le CAPES d'occitan existe depuis 1992. Toutefois, le nombre de postes proposés ces dernières années a été sévèrement réduit par le Ministère.

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