Les années 80 : du Liban aux Amériques Imprimer

À partir des années 80, Roland Pécout cesse de participer à des mouvements collectifs. S'il est volontiers présent, à la demande, pour des projets culturels (fondation de la revue littéraire Jorn, par exemple, ou participation à des débats internes de l'Institut d'Études Occitanes), il privilégie désormais un itinéraire plus personnel de recherche et d'écriture, jalonné par des voyages : le Liban, les Amériques ou encore Berlin un an ou deux avant la chute du mur.

  • 1980

Dans son second disque intitulé Belèu [Peut-être] (Toulouse, Revolum, REV 020), Tòcabiòl interprète deux textes de Poèmas per tutejar : « Dins tei braç, sus ta lenga... » et « Cançon de l'ora bona dins la vila ».

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Un extrait de Portulan II paraît dans le n° 6 de ÒC, intitulé « Lo pabelhon blanc ».

 

Portulan II Portulan II, éd. Tarabusta. Prix Méridien 1981 décerné par la ville de Montpellier.
Les Mangeurs de momies Les Mangeurs de momies

Portulan II, éd. Tarabusta. Prix Méridien 1981
décerné par la ville de Montpellier.

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Les éditions parisiennes Belfond publient
Les Mangeurs de momies
.

Des traductions de Rimbaud, en collaboration avec Jean-Guilhem Rouquette et Jean-Marie Pieyre, paraissent dans le n° 2 de la revue Jorn « Lo poèta de sèt ans », « Parada », « De bomian » (« Ma bohème »), « Dòrme dins la vau ».

Le manifeste « Enrasigament o nomadisme : per una cultura bomiana » [Enracinement ou nomadisme : pour une culture gitane], paraît dans le n° 3 de Jorn. Ce titre met en évidence la relation nécessaire entre l'attachement à l'ici et le besoin de découvrir l'ailleurs, relation au cœur de l'œuvre depuis ses origines.

La revue Vent Terral consacre son n° 4 (et le suivant en 1982) à « La poësia occitana d'ara » [La poésie occitane actuelle]. Ce numéro est consacré aux aînés : Serge Bec, Yves Rouquette, Pierre André Delbeau, Philippe Gardy, Jean Larzac, Roland Pécout, Jean-Marie Petit, Jean Bernard Vazeilles, Raymond. Busquet et Marcelle Delpastre. La présentation et le choix des textes sont du poète Jean-Bernard Vazeilles. La présentation de Pécout est suivie par quatre textes.

  • 1982

Pécout se rend au Liban. Par hasard, ce séjour coïncide avec le massacre de Sabra et Chatila qu'il découvre juste après. Il fait paraître un article sur le Liban dans la revue montpelliéraine Le nouveau Sud.

Dans le troisième disque du groupe Cardabèla, se trouvent deux textes de Pécout : « La jòia a pres la campanha » et « La font viatjaira », repris (en 1999) dans Mastrabelè. Dans le premier, on retrouve le thème du maquis, du voyage nécessaire. Le poème « La font viatjaira » met en scène la relation dialectique chère à Pécout du désert et de l'oasis, de la soif et du bonheur de boire.

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Dans le n° 14 de ÒC (nouvelle série) paraît un poème intitulé « Lo Leviatan poirissent o Litania corta deis escobilhas » [Le Léviathan ou courte litanie des ordures] et cinq Sonnets présentés comme tirat[s] de « la Traversada dau solèu », 1976 - inedichs. Les titres ont un caractère à première vue narratif : « Faudriá pas, e tu me laissas... », « Èra una torre, en lei temps carbonièrs... », « Sens espessor, coma fotografia... », « Seguir, sens carcular, leis aigas jornadieras... » et « Montan, remembres, lei moments... ». Ces textes, volontairement hermétiques, traduisent une série d'impressions. Il est vraisemblable qu’ils ont été écrits à la même époque que la « Canta de l’aut silenci » (Poèmas per tutejar, 1978) , dédicacé « Per Didièr qu’a traversat lo solèu » et sont inspirés par le même événement, la mort d’un ami, évoquée avec pudeur et retenue.

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Roland Pécout participe à un ouvrage collectif de plusieurs écrivains inspirés par des photographies d'André Hampartzoumian intitulé Gens du Languedoc, Montpellier, Images d'Oc. Pécout illustre six images par des textes en langue française. Deux photos représentent des Gitans, une autre les spectateurs d'un concert punk, une quatrième un vestiaire avant un match de rugby, puis une image de barbier, et enfin, la plus émouvante selon nous ,le lit d'une malade ? une mourante ? une morte ? auprès de laquelle se tiennent une femme entre deux âges et deux enfants. Le texte d'accompagnement contribue fortement à l'émotion ressentie :

Enfin ! mourir dans son vieux lit après avoir bu sa tisane !...
Les mioches s'en fichent. Rien et tout les étonne.

Mais pourquoi, au centre, le seul regard d'inquiétude est dans ce visage aux airs de Geronimo,
juste au milieu entre la mort et l'enfance ?

Roland Pécout compose une préface intitulée « Voyage aller-retour au pays des miroirs » pour le roman d'Eric De Schepper-Granier La Dame de Vallérargues. Cette préface éclaire aussi les choix linguistiques de Roland Pécout, l'usage de deux langues de création :

Un livre occitan aussi. Comment ? En français ! La chose pourra scandaliser certaines chapelles occitanistes qui rêvent plus de revanche que de libération, les populistes sans peuple, les petites coteries du ghetto. Oui, notre parole est double. Notre écriture aussi [..]. La parole occitane d'expression française, en littérature comme dans le reste de la vie, est nôtre autant que l'autre. Entre nos deux langages, entre nos deux voix, entre les deux moitiés de nous-mêmes, l'avenir est au dialogue, à l'échange, à l'aventure. Sans préjugés [...]. Nous voilà, en ces années 80 et de ce côté-ci du monde, livrés à tous les risques de vivre. Et bien, ceux qui choisissent de vivre, ceux-là sont vivants.

La revue Jorn (7 / 8) publie un ensemble de 9 poèmes intitulé « Enigmas ». Pécout y retrouve la tradition occitane de la devinhòla [devinette] introduite par la formule: De qu'es aquò, de qu'es aquò? [Qu’est-ce que c’est, qu’est-ce que c’est ?]. À la tradition formelle, il ajoute la création, portant un regard neuf sur des réalités quotidiennes (un libre ou lo cèu e la mar), ou donnant forme concrète à des abstractions (la paur, la mòrt ou la dolor / la peur, la mort, la douleur).

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Dans le roman L'Envòl de la Tartana, Pécout explore encore les possibilités poétiques de la devinhòla et celle-ci devient également une des clés de l'énigme policière qui court à travers les pages du livre. Le chapitre VIII, qui s'intitule « De qu'es aquò ? De qu'es aquò ? », contient trois devinettes dont les deux premières sont accompagnées de leur solution alors que la dernière propose un résumé des péripéties du début du roman. Pécout inscrit sa marque poétique dans la droite ligne des pratiques de l’oralité populaire ; il donne de l’ampleur à la devinette, sans en modifier le caractère initial, celui d’un jeu sur l’insolite du réel. Cette pratique révèle également sa tentation permanente de refuser les barrières entre genres littéraires, types de textes et tonalités d'écriture. L'oralité et sa créativité poétique spontanée est mise au service de l'écrit élaboré.

Pécout écrit le texte de sa première pièce de théâtre - encore inédite - Fan de Chichou, interprétée par le Théâtre de la Rampe. 

L’écrivain adapte Yerma, d'après Federico García Lorca pour le Teatre de la Carrièra. Cette adaptation est présentée ainsi dans la revue Dolines :

Le bilinguisme sera la traduction des contradictions des personnages et des situations. La dramaturgie de la langue occitane, la musique des chants composés par Giovanna Marini, et la mise en scène de Jean Claude Perrin, s'attacheront à mettre en lumière l'universalité du mythe populaire de la tragédie de Lorca.

Dans le n° 1 de l'hebdomadaire Le nouveau Sud, Jean-Marc Adolphe décrit ainsi l'argument de Yerma, tel qu'il est relu par cette nouvelle adaptation: Au-delà de l'histoire de Yerma, femme stérile, le Teatre de la Carrièra écrit la tragédie de « l'herma », terre en friche, terre désolée. Mais elle incarne aussi le mythe de notre propre pays. On reconnaît là dans un questionnement le refus pour Pécout de dissocier l’appartenance de l’homme occitan au sein de son pays et au sein de la terre entière : Nous, occitans, hommes et femmes d'un pays et de la terre entière, que sommes-nous capables d'enfanter ? Que faut-il tuer pour se connaître ?

Plusieurs années après, en 1989, Pécout évoquera ce personnage-mythe de Yerma dans un rapport de recherche sur la garrigue : C'est cette opposition collines / jardins, commune à plusieurs parties du monde méditerranéen, qu'on retrouve dans le théâtre de F.G. Lorca (Yerma, "drame de la stérilité dans la femme et dans la terre").

  • 1984

Jean Marie Carlotti, dans son disque Linhana (Chant du Monde, LDX 74814. Réédition 1998 : Empreintes digitales, Domaine de la Garde, 13510 Eguilles), interprète un texte de Poèmas per tutejar : « Poèmas per tres danças e mila camins ».

De septembre 1984 à juin 1985, Roland Pécout anime l'émission bihebdomadaire Camin fasent sur Radio France Hérault.

  • 1985

Pécout parcourt l'Amérique, et notamment, après un rapide périple aux Etats Unis, l'Amérique Centrale et l'Amérique du Sud.

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Un article intitulé « La Chanson occitane au milieu du gué » paraît dans la revue Europe, n° 669-670 (dossier « Littérature occitane »). L’écrivain y poursuit la réflexion engagée en 1974 avec l'ouvrage sur Marti, continuée en 1978 avec La Musique folk des peuples de France. Il montre l'évolution de la chanson occitane depuis l'explosion de l'après-68 jusqu'aux années récentes ; il est assez critique sur ce qu'il considère comme un refus de l'évolution et appelle de ses vœux un renouvellement des thèmes et des musiques et l'utilisation du bilinguisme pour s'adapter à la réalité du public occitan.

Une chronique paraît dans le n° 14 de Dolines, intitulée « Journal de voyage », inaugurée par une rêverie sur les limites et les lignes de partage des eaux et autres frontières-passages, ainsi du seuil de Naurouze ou de la ville de Lyon. Motif-clé de l'écrivain, l'œuvre en contient maintes occurrences. Il exprime ainsi sa fascination: « J'aime ces lieux magiques, ces articulations de la Terre où le voyageur sent que toute limite n'est pas un mur », et retrouve son goût des énigmes :

[Qu’est-ce que c’est, qu’est-ce que c’est, qui fait le tour du monde sans bouger de place ? C’est le chemin].

De qu'es aquò, de qu'es aquò, que fai lo torn de mond sens bolegar de plaça ? Es lo camin

Dans le n° 15 de Dolines, figure une chronique intitulée « Histoires des Fenêtres ». Pécout y expose sa passion pour l'art, la découverte de celui-ci dès l'enfance (monuments romains, souvenirs de Van Gogh à Saint-Paul de Mausole , Le Gréco, Van Gogh à Amsterdam, Carpaccio à Venise, les Primitifs de l'École Provençale à Avignon...). Les fenêtres sont, pour lui, comme les phares pour Baudelaire, ces moments d'émotion artistique qui lui ont ouvert des portes nouvelles sur le monde, rêve et réel mêlés.

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Dans le n° 16 de Dolines, un article intitulé « Quatre pas en forêt » évoque les feux de forêt, la Sainte Baume et sa forêt « profonde », les légendes des temps où le Larzac était couvert de bois… Citons un petit passage à propos de la forêt de la Sainte-Baume, où la chronique se fait rêverie poétique :

Nous sommes descendus lentement. La forêt voyait par nos yeux, marchait par nos pas, était tout entière à l'écoute. Les oiseaux de nuit nageaient entre les arbres. Tantôt nous retrouvions comme un fantôme à peine discernable une marche de pierre du sentier, tantôt nous coupions par des pentes invisibles. Nous ne cherchions pas le chemin, nous le trouvions. Jamais je n'ai eu autant de joie à marcher que dans cette obscurité totale et cette respiration de la forêt. (...) Nous avons retrouvé le campement. La forêt était un peu en nous, comme nous avions été en elle.

Notons la réversibilité du microcosme et du macrocosme : l’homme dans la forêt et la forêt au cœur de l’homme comme figure métaphorique des profondeurs de son inconscient. Nulle crainte cependant dans cette forêt obscure, seulement un sentiment profond de sérénité et d'abandon au monde.

Pécout publie un ensemble de textes intitulé « Recòrd de Van Gogh » [Souvenir de Van Gogh], dans le n° 19 de la revue Amiras.

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Dans le n° 17 de la revue Dolines, commence une série « Amériques éclatées », incluse dans le « Journal de voyage ».Cette première chronique s'intitule « Lettre de l'Anahuac ».

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  • 1986

Le n° 18 de Dolines contient la suite de la chronique « Amériques éclatées », et dans le n° 19, une nouvelle livraison évoque les enfants du Pérou, le Machu Picchu, l'Empire Inca.

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Le n° 20 de Dolines contient un texte intitulé « Le rêveur du réel », évoquant Gaudi, à propos de l'exposition qui lui fut consacrée au musée des Beaux-Arts de Nîmes. Le titre, où apparaît le goût de Pécout pour le paradoxe, est explicité par une phrase du premier paragraphe : « Aujourd'hui, cent ans après, ses rêves de pierre ont parfaitement les pieds sur terre, et les pieds dans la ville. » La chronique se décompose ensuite en deux moments liés à deux espaces, l'exposition elle-même et les œuvres barcelonaises de Gaudi. Pécout expose son émerveillement devant les maquettes dont certaines reproduisent directement les travaux préparatoires de Gaudi et nous transporte ensuite à Barcelone, au Parc Güell et à la Sagrada Familia. Nous parcourons avec lui les lieux inventés ou réinventés par Gaudi. Des relations sont établies avec l'art de la Grèce ancienne ou de l'Afrique Noire comme avec Monnet ou Brancusi. Mais le regard est aussi philosophique, et Pécout aime à retrouver dans l’œuvre de Gaudi ce besoin du dépassement des contraires qui anime son œuvre propre : L'opposition est abolie entre l'intérieur et l'extérieur, le dedans de la terre et la lumière du jour, le placenta et l'homme accompli, entre la nature et le bâti, les herbes folles et les sièges sages, l'imaginaire et le fonctionnel. Regard de poète que ne vient pas démentir la fin de l'article marquée par une de ces formules dont il a le secret : ... le plus raffiné et le plus complexe des architectes de l'âge industriel ne nous a pas laissé une leçon d'architecture. Il nous a laissé une leçon de liberté. Une leçon d'enfance.

Pécout écrit Il est interdit de se pencher..., pièce écrite pour le Théâtre de la Rampe.

L'Envòl de la Tartana, roman commandé par Philémon Pouget, animateur pédagogique en occitan, est édité par le C.R.D.P. de Montpellier.

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Roland Pécout réalise le film Max Rouquette et son Vert Paradis avec Michel Gayraud, CIDO-VAL (Repris dans le DVD Max Rouquette, retrouver le chant profond, C. Torreilles, G. Souche, J.-G. Rouquette, Marie-Jeanne Verny, CRDP Montpellier , 2008 -. Il s'agissait de suivre Max Rouquette à travers les endroits où il avait vécu. Le montage était accompagné d'illustrations musicales dont Pécout et Gayraud avaient bien évidemment refusé qu'elles soient conformes à une tradition folklorique aseptisée. Dans le synopsis rédigé par l’écrivain, au hasard de ses notations synthétiques, on remarque des notions qui font sens dans l'imaginaire pécoutien, le rôle du labyrinthe, le vide peuplé, l'opposition du désert suggéré par le mûrier mort et de l'oasis évoqué par le laquet, les puits, ou la source.

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  • 1987

La revue montpelliéraine Entailles publie une nouvelle de Pécout « La femme de Barbe-Bleue », dans un n° spécial (26 - 27) intitulé « Visages de femmes ».

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Voyages en Hérault Voyages en Hérault


Roland Pécout rédige les textes d'un ouvrage intitulé Voyages en Hérault, édité par le Conseil Général de l'Hérault, sur des photos d'Alain Gas.

 

  • 1987 - 1989

Pécout anime des ateliers d'écriture en milieu scolaire et en formation pour adultes.

À la même époque, il effectue un court séjour à Berlin. Ce séjour lui inspire un texte intitulé « Berlin – Février » où il conte ses itinéraires dans la ville encore partagée en deux par le Mur. Dès l’ouverture du texte, c’est sa fascination pour l’aspect kaléidoscopique que livre l’écrivain :

Berlin : une ville éclatée, une ville du mélange […]. C’est un kaléidoscope : en secouant, chaque fois, on tombe sur du nouveau. D’abord tous ces arbres… Berlin est une ville-pays , avec ses forêts, ses lacs, ses bouts de campagne. Et dedans, il semble qu’il y ait plusieurs villes, cherchant à se joindre, jouant à s’ignorer. On les découvre dans nos dérives, on les perd de vue. Et on les redécouvre au hasard d’une station de métro, au détour d’une avenue où on a marché longtemps. Pour le voyageur, il y a une quatrième dimension avec des portes secrètes, des labyrinthes de couloirs qui conduisent à tous ces Berlins parallèles…

Les mots-clés de l’écrivain sont là dans ces explorations de Berlin qui sont autant de passages initiatiques : mélange, portes secrètes, labyrinthes, et d’autres encore que nous livre le hasard de la lecture : creuset, puzzle, nomade, nouvelle naissance, s’inventer…Son goût pour la solidarité des contraires, la complémentarité des contrastes, son attention aux déchirures, fausses ou provisoires, trouve dans le Berlin d’avant 1989 un terrain d’élection. Le texte en livre l’écho à travers le jeu sur les antithèses qui ne sont qu’une étape de la découverte, comme en témoignent ces impressions issues de la confrontation des deux côtés du Mur :

Et quand on ressort au jour de l’autre côté, dans Alexanderplatz on s’aperçoit que les deux systèmes sont immensément différents. Et par quelques mots échangés, par des amitiés entrevues, on s’aperçoit que les gens sont immensément pareils… La planète coupée en deux, la tête de chacun coupée en deux : il n’y a qu’à Berlin qu’on sente aussi bien le besoin de recoller les morceaux.

  • 1988

Dans la revue catalane L'Aiguadolç, Philippe Gardy présente cinq poètes occitans contemporains (Jean-Yves Casanova, Roland Pécout, Roseline Roche, Alain Viaut, et Philippe Angelau) et publie une sélection de leurs textes. En ce qui concerne Pécout, il s'agit de fragments de « Recòrds de Van Gogh », parus dans la revue Amiras en 1985.

Roland Pécout écrit Zo Petaçon (souvent noté « Zou, Pétassou »), pièce de théâtre commandée par l'animation pédagogique en occitan, dont le texte est imprimé par le C.R.D.P. de Montpellier.

L'écrivain réalise le montage de l'exposition Itinéraires en littérature occitane : 1968 -1988 à l'Espace République, Montpellier, dans le cadre du colloque Vingt ans de littérature d'expression occitane, 1968 - 1988, organisé par la région Languedoc Roussillon (Actes réunis par Philippe Gardy et François Pic, édités par la Section Française de l'Association Internationale d'Études Occitanes, Montpellier, 1990). Le montage a été réalisé à partir de 15 ensembles,

La Haute Vallée de l'Hérault, éditions d'Art de la Charte Intercommunale de la Haute Vallée de l'Hérault. Après une préface de Jean Carrière datée du 10 mai 1988, et des photos de la chaîne montagneuse de la Séranne, se trouve une nouvelle de Pécout, Le voleur de ciel. Il s'agit d'un récit initiatique mettant en scène un enfant qui gravit une montagne jusque-là interdite. La prose poétique nous guide à travers les pensées de l'enfant et son ascension douloureuse et passionnément désirée. Il doit arriver au sommet et y déposer un peu de lui, un peu du monde qu'il a rêvé, et un peu de la souffrance née de la mort du père discrètement évoquée au long de la nouvelle :

Il transportait avec lui toutes les plaines qu'il avait rêvées, tous les ciels devenus verts à force de refléter une terre d'herbe, tous les pays d'ailleurs composés dans sa tête à partir des mille facettes de la Vallée. Il les transportait comme un fardeau, et comme une offrande : l'œil de toutes les sources, les grottes qui n'en finissaient pas de le happer, les mûriers - sentinelles au vert si tendre, les nuages d'abeilles et l'odeur des vendanges, les ailes blanches qui s'élancent des falaises et glissent au-dessus du vide, les herbes hautes où l'on se perd, les couloirs obscurs quand l'hiver tombe, les Cités imaginées, les Mers, les foules aux regards innombrables qu'on n'a jamais vus, jamais, et au milieu de ce tournoiement, au milieu de ce tourbillon, il y a le visage - le visage aux yeux ouverts mais qui ne voient rien, - les lèvres immobiles, le gouffre de paix, la fin du monde, qu'il veut sortir de sa tête.

  • 1989

Pécout rédige un article intitulé : « Théâtre(s) – regards » dans la revue Impressions du Sud, numéro spécial consacré à « Vingt ans de littérature occitane ». Dans le même numéro d'Impressions du Sud (Arles) figure la transcription d'une rencontre de Roland Pécout avec le chanteur Jean-Marie Carlotti intitulée « Le patrimoine revisité ».

À partir de 1989 et jusqu'en 1995, Roland Pécout entame une recherche de longue haleine avec la D.R.A.C. Languedoc-Roussillon et l'Office Départemental des Affaires Culturelles (O.D.A.C. Hérault) dont il regroupera les résultats sous le titre synthétique L'Imaginaire de la garrigue. Quatre rapports ont été déposés à la D.R.A.C. où ils sont mis à la disposition du public.

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Sur une idée de Michèle Baurin, Roland Pécout écrit le texte d'une dramatique radio en vingt épisodes de 10 minutes : Le soleil qui brûlait Vincent, Radio France (Atelier de création radiophonique Provence Méditerranée).

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Dans le courant des années 1980, Pécout écrit un texte demeuré manuscrit – non daté – qui doit remonter à la création à Montpellier du « Printemps des Comédiens ». Le texte est intitulé Portrait imaginaire de Molière (reproduit dans notre ouvrage Enrasigament o nomadisme…) Plusieurs motifs pécoutiens y sont présents, en particulier à la fin : refus de l'univocité du monde et des hommes, goût de l'alchimie des mélanges, humilité du choix de la vallée, figure maternelle de régénération où l'homme peut infiniment renaître.

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