Soutenance de thèse

Le Vendredi, 9. décembre 2022 -
14:00 - 19:00
Salle des Actes à l’Université Paul-Valéry Montpellier 3 - Site Saint Charles

Mme Alya BEN HAMIDA

Soutiendra vendredi 9 décembre 2022 à 14 h

Salle des Actes n° 011 à l’Université Paul-Valéry Montpellier 3, Site Saint-Charles 1

une thèse de DOCTORAT

Discipline : Études romanes spécialité Études hispaniques et hispano-américaines

Titre de la thèse : L'agonie d'un espoir, frontières, porosités et spécularités des expériences de l'échec dans la création romanesque de Miguel de Unamuno

Composition du jury :

  • Mme Florence BELMONTE, Professeure, Université Paul-Valéry Montpellier 3, directrice de thèse
  • M. Xavier ESCUDERO, Professeur, Université du Littoral Côte d’Opale
  • Mme Camille LACAU ST GUILY, Maîtresse de conférences, Sorbonne Université
  • Mme Pascale PEYRAGA, Professeure, Université de Pau et des Pays de l’Adour
  • M. Jean-Claude RABATÉ, Professeur émérite, Sorbonne Nouvelle

Résumé de la thèse

Cette thèse s’articule autour de la création romanesque de Miguel de Unamuno. L’écriture et la poétique de l'auteur s’y déploient autour des concepts de doute et de porosité. Dans des romans tels que Niebla, Cómo se hace una novela ou encore La Tía Tula, les frontières tendent en effet à s’annuler ou à se mêler, confondant réel et fiction ou transgressant les prérogatives communément associées aux figures de l’auteur, du personnage et du narrateur. Au-delà de l’évidente spécularité qui unit prose, création et pensée dans l’œuvre unamunienne, ce travail cherche également à souligner le contexte culturel et idéologique plus général dans lequel s’inscrit Unamuno et à analyser, dans le même temps la particularité et les subtilités de la dialectique avortée qui forme la méthode de pensée de l'écrivain et penseur, dialectique qui se reflète et se crée dans une écriture de la rupture, entre insuffisances et excès. En plus de replacer l’auteur espagnol dans un horizon plus large, ce travail a donc pour vocation d’étudier les notions de frontière, d’échec et d’expérience, comme concepts fondamentaux de la méthode et de l’écriture unamunienne. Par conséquent, si la porosité des frontières n’est donc plus considérée comme une lacune à combler ou un défaut à dépasser, mais bien comme l’un des éléments clés de l’expérience imposée par Unamuno à son texte et à son lecteur, il s’agit alors d’identifier l’entrelacs poético-philosophique et le projet qui sous-tendent la production romanesque d’Unamuno. Au travers de ce corpus, notre étude s’organisera donc dans un mouvement partant du corps du texte pour arriver à celui de l’homme de chair et d’os, en somme, de l’esthétique à l’éthique et du singulier à l’universel. Ce mouvement, par essence dynamique, imparfait et aporétique, se caractérise par sa non-linéarité et sa dimension spéculaire : l’interdépendance entre le roman et l’objet de son expérience. Et cet objet est un sujet infiniment paradoxal, un sujet qui s’échappe à tout moment, promis à la défaite, mais pourtant qui se jette dans une lutte permanente et désespérée pour l’existence.
Dans un premier temps, la modernité profonde qui empreint le récit unamunien et détermine ses apports poético-esthétiques se fonde, on le verra, sur une double tension scalaire, qui cherche d’abord à expérimenter l’impossible coexistence des extrêmes et des contraires, entre absence et présence narrative et auctoriale, insuffisances et excès d’une poétique singulière. Mais au sein même de cette oscillation, le lecteur se trouve moins face à une franche et nette opposition qu’à une expérience de funambulisme marquée par l’infraction, la confusion et la porosité. Au travers de cette écriture du seuil et de la fracture, c’est un changement de paradigme qui s’annonce dans l’appréhension de la fiction et se dévoile, notamment dans le rôle dévolu aux procédés métaleptiques.
Cette réflexion, qui, peut au premier abord, sembler proprement littéraire, vient toutefois nourrir chez Unamuno une anthropologie philosophique vouée à l’exploration du sujet, de son identité singulière et de sa relation à l’altérité. Dans ce cadre, le roman agit autant comme miroir que comme modèle et permet d’établir une passerelle de l’individu au collectif et du sujet au monde, dans une relation dynamique et réciproque entre écriture et pensée, comme nous tâcherons de le montrer dans la deuxième partie de ce travail.
Enfin, ces expérimentations restent teintées d’échec. Ce dernier est permanent et se donne, soit comme constat d’un ensemble de lacunes ontologiques ou esthétiques, soit dans les différentes réalisations poétiques déployées par l’auteur. Cette conscience systématique et pourtant non limitatrice de la défaite est ce qui fonde la singularité d’une écriture qui confine au sublime, car elle se présente comme une lutte contre le néant et l’absurde, à la recherche d’un sens à conserver et diffuser.

Dernière mise à jour : 21/11/2022