L'occitan, une langue

Locuteurs

Il n'existe pas de données statistiques valables à l'échelle nationale qui permettent réellement de connaître les compétences des Français en occitan, celles-ci pouvant aller d'une simple compréhension passive à un usage solide, tant à l'oral qu'à l'écrit. Quant au nombre de locuteurs, les diverses estimations avancent des chiffres qui oscillent entre quelques centaines de milliers de personnes et plusieurs millions. Il est certain en revanche qu'il n'existe plus en France un seul locuteur monolingue et que l'occitan n'est sans doute pratiquement plus la langue première en famille. La population de locuteurs qui a hérité de la langue par transmission familiale est en voie d'extinction dans la mesure où, même en milieu rural, la cellule familiale n'est plus depuis longtemps un lieu de transmission de l'occitan.

En 1920, le linguiste Jules Ronjat estimait que la France comptait 10 millions d'occitanophones. Un sondage fait en Languedoc-Roussillon en 1991*[1] indiquait que dans cette région une personne sur deux comprenait l'occitan et que plus d'une personne sur quatre savait parler. Ces chiffres étaient déjà nettement en régression dans une autre enquête réalisée en 1997 dans la même région.

Sondages Languedoc-Roussillon (résultats en pourcentage du nombre de personnes interrogées)

Enquête Média Pluriel Méditerranée, Languedoc-Roussillon

1991

entretiens en

face à face

1997

entretiens

téléphoniques

Comprennent

48%

34%

Savent parler

28%

19%

Parlent (« souvent », « quotidiennement »)

9%

5%

Lisent

45%

39%

Écrivent

6%

6%

Des données plus récentes, recueillies en 2008 en Aquitaine, confirment l'effondrement progressif des compétences en occitan (Voir les résultats détaillés).

Entretiens téléphoniques (résultats en pourcentage du nombre de personnes interrogées)

Enquête Aquitaine

2008

Comprennent parfaitement ou facilement

37%

Parlent sans difficulté ou peuvent tenir une conversation

20%

Lisent facilement ou assez facilement

11%

Écrivent facilement ou assez facilement

3%

D'après les analyses statistiques tirées de l'enquête INED de 1999, et toutes réserves faites sur la méthode d'enquête qui a fait l'impasse sur quatre départements où l'occitan a encore une pratique dense, notamment l'Aude, plus d'un million de personnes (sur une population de 14 millions d'habitants) auraient encore un lien avec l'occitan, mais seulement la moitié de ces personnes utiliseraient cette langue.

Résultats pondérés de l'enquête INED de 1999 (E. Hammel)

catégorie

nombre

%

Personnes ayant un lien avec l'occitan

1 196 601

100%

Parmi elles :

- ne pratiquant pas

613 682

51%

- pratiquent

582 919

49%

- néo-locuteurs

119 617

10%

- hommes

622 721

52%

- femmes

573 880

48%

Ces chiffres restent peu élevés rapportés au nombre de départements français concernés. Surtout ils ne doivent pas faire oublier que l'occitan est dans une situation extrêmement critique dans la mesure où la transmission de la langue en milieu familial a pratiquement cessé. C'est dans les zones rurales que la langue conserve sa plus grande vitalité, mais la majorité des locuteurs y est aujourd'hui âgée. À l'inverse, les grandes villes ont le plus faible pourcentage de locuteurs.

Les dernières statistiques dont nous disposons sont issues d'une enquête du Conseil régional de Midi-Pyrénées, réalisée en décembre 2010, et dont les résultats ont été publiés en septembre 2011. Si 9 habitants de Midi-Pyrénées sur 10 déclarent avoir déjà entendu parler occitan, ils ne sont plus que 4% à déclarer avoir une bonne maîtrise de la langue. Seulement 14% des personnes interrogées déclarent un niveau moyen de compétences en occitan et 32% disent avoir des notions dans cette langue. On note toutefois dans cette enquête un renversement de l'image de la langue dans la mesure où 64% lui donnent le nom d'occitan et que le terme de « patois » n'arrive plus qu'à la seconde place. 74% des personnes sondées tiennent à la préservation de l'occitan et à une généralisation de l'offre d'enseignement, même si, concrètement, ils ne sont que 22% à souhaiter progresser ou se perfectionner dans cette langue. Si la majorité des locuteurs a appris l'occitan en famille (71% en famille, contre 10% à l'école), on retiendra que 36% de 15-29 ans ayant des notions en occitan les ont acquises durant leur scolarité.

Entretiens téléphoniques (résultats en pourcentage du nombre de personnes interrogées)

Enquête Midi-Pyrénées

2010

Des notions : compréhension du sens global ou quelques mots - parlent avec difficulté

32%

Niveau moyen : comprennent aisément - niveau de conversation simple

14%

Bon niveau - bilingue

4%

Au regard des diverses enquêtes, on peut sans doute raisonnablement estimer que le nombre de personnes ayant des connaissances en occitan s'élève encore à plusieurs millions de personnes, mais que concrètement le nombre de personnes qui ont une bonne maîtrise de la langue et en font un usage régulier ou quotidien est aujourd'hui très bas. Même si on ne sait pas au juste aujourd'hui qui parle occitan en France, il semble évident que l'on atteint une masse critique de locuteurs dont on ignore encore si elle suffira à assurer la survie de la langue. La proportion, même croissante, de néo-locuteurs ne permet pas de compenser cette baisse, surtout si l'on considère que c'est aujourd'hui encore la partie de la population la plus âgée qui représente le réservoir le plus important de locuteurs de l'occitan.

  1. GARDY Philippe, HAMMEL Etienne,

    1991, L'occitan en Languedoc-Roussillon, collecció cap al sud, Perpinyà, Trabucaïre

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