L'occitan, une langue

Revendication linguistique et contestation sociale

L'Institut d'Estudis Occitans, IEO, créé dès la fin de la Seconde Guerre mondiale en prenant partiellement comme modèle l'Institut d'Estudis Catalans, a été l'instrument de la renaissance de l'occitan au XXe siècle. Tout en promouvant la norme classique et en soutenant la création littéraire et l'édition, l'IEO a décidé de faire de l'occitan non plus seulement un objet d'étude, mais un outil de communication et de pensée moderne. L'IEO a orienté peu à peu son action vers la reconquête sociale de la langue occitane.

Dans les années 1960, à côté d'un occitanisme « littéraire », s'est développé un occitanisme plus politique qui a orienté radicalement à gauche le combat contre la subordination du Midi, ce que Robert Lafont a nommé le « colonialisme intérieur ». Cette politisation de la revendication occitaniste s'est traduite dans les années 1960-1970 par la création de plusieurs mouvements ou partis politiques (Parti Nationaliste Occitan, Lutte occitane, Volèm viure al país). L'occitan est devenu par la parole publique un vecteur de la contestation sociale et de la manifestation identitaire, s'inscrivant ainsi dans la tradition contestataire méridionale en occitan (voir à ce sujet le document vidéo « Le problème du Larzac » diffusé sur le site de l'INA).

Affiche contestataire du parti "Lutte occitane"

À côté d'une musique traditionnelle, populaire ou folk, est apparue dans les années 1970 une Nòva cançon occitane. Chanson engagée, elle s'est faite la porte-parole de cette idéologie contestataire : évocation des crises du secteur primaire, dénonciation du centralisme français, critique de l'aménagement touristique du littoral et revendication de l'originalité des régions occitanes dont la langue est un élément essentiel.

Pochette du disque 'Lo país que vòl viure' de Claude Marti

Écoutez quelques extraits de l'album Lo país que vòl viure de Claude Marti.

Extrait de Lo país que vòl viure (Le pays qui veut vivre) Claudi Marti

Es lo ciprès quilhat

La Corbièra salada

Es lo vilatge mòrt

La tèrra abandonada

Vos vau parlar d'un país

Que vòl viure

Vos vau parlar d'un país

Que morís

La tèrra la coneissètz

Es la vòstra, amics

Es la teuna, vinhairon

[...]

C'est le cyprès dressé

C'est la Corbière salée

C'est le village mort

La terre abandonnée

Je vais vous parler d'un pays

Qui veut vivre

Je vais vous parler d'un pays

Qui meurt

La terre, vous la connaissez

C'est la vôtre, amis

C'est la tienne, vigneron

[...]

Vers la fin du XXe siècle, on voit se dessiner un changement du statut de l'occitan dans la société française avec l'amorce d'une période de reconnaissance officielle timide, mais réelle de l'occitan dans la vie publique. L'évolution favorable de l'image de l'occitan s'accompagne du développement de son apprentissage à l'école et ainsi d'un début d'institutionnalisation de cette langue dans la société française.

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