L'occitan, une langue

Présence publique de l'occitan

Panneau bilingue à Villeneuve les MagueloneInformationsInformations[1]

Signe d'un intérêt et d'une tolérance plus grande des pouvoirs publics face à l'occitan, un grand nombre de villes et villages ont mis en place une signalisation bilingue. Ces évolutions sont probablement la conséquence, directe ou indirecte, de la reconnaissance publique dont l'occitan commence à faire l'objet.

En 2010, les panneaux de Villeneuve lès Maguelone ont été au centre d'une polémique sur la signalisation bilingue puisque le tribunal administratif de l'Hérault les avait déclarés illégaux suite à la plainte d'une association.

En revanche, l'occitan s'est développé de manière modeste dans les médias. Avec l'autorisation des radios libres dans les années 1980 sont apparues les premières radios associatives en occitan (Ràdio País, Ràdio Occitània). D'autres ont vu le jour plus récemment. C'est le cas de Ràdio Lengadòc à Montpellier. La place de l'occitan à la télévision reste encore très limitée : quelques minutes d'information en occitan, sous-titrées en français, lors du décrochage régional de France 3 ou des émissions hebdomadaires culturelles, Viure al país (Languedoc), Punt de vista (Aquitaine) ou Vaquí (Provence). Si la presse régionale continue d'accorder une petite place à l'occitan, il existe désormais un hebdomadaire d'information, la Setmana, entièrement en occitan, des revues d'information culturelles ou littéraires.

Hebdomadaire occitan, La Setmana

Ces dernières années, le succès d'Internet a permis un développement sans précédent des échanges en occitan permettant de créer des liens entre des personnes partageant un intérêt commun pour la langue et la culture (nombreux sites amateurs ou professionnels, blogs, forums de discussions, revues électroniques).

Au cours du XXe siècle et à présent au XXIe siècle, la culture et la langue occitanes sont devenues un espace de création à part entière. Des écrivains comme le Montpelliérain Max Rouquette (1908-2005), qui a lui seul représente près de quatre-vingts ans de création littéraire en occitan, ont largement contribué à débarrasser la littérature occitane de l'image folklorique ou naïve dont elle a pu souffrir. Signe de cette reconnaissance, plusieurs pièces de théâtre de Max Rouquette sont entrées au répertoire de la Comédie française. On pourrait encore citer les noms de Robert Lafont, Bernard Manciet, Marcelle Delpastre qui représentent si ce n'est des modèles tout au moins une source d'inspiration pour toute une nouvelle génération d'écrivains. Profitant de cet essor culturel, le théâtre en langue occitane est en voie de professionnalisation (Compagnie La Rampe TIO).

Dans ce renouveau culturel, la musique n'est pas en reste. La nòva cançon occitane s'essoufflant dans les années 1980, elle est relayée dans les années 1990 par une nouvelle musique qui tout en se professionnalisant réfute l'étiquette de musique régionaliste. Influencés par le concept de « décentralisation culturelle » prôné par Félix Castan, des chanteurs comme Bernard Lubat puis des groupes comme les Fabulous troubadours ou Massilia Sound System proposent une musique plus métissée. Dans la même mouvance, la Région Languedoc-Roussillon a vu éclore le groupe Mauresca Fracas Dub. Ce nouveau genre musical mêle l'héritage culturel littéraire et populaire occitan à diverses références interculturelles (jazz, rap, raggamuffin, hip-hop). La langue occitane y apparaît souvent comme un code, propice à un jeu linguistique, une sorte de verlan méridional permettant d'œuvrer contre la pression unificatrice du français. Le va-et-vient entre l'occitan et le français n'y apparaît pas comme antagoniste, mais exprime une nouvelle façon de dire le monde.

  1. Auteur : Mélanie Laupies Licence : Domaine Public

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