Monsieur Daniel YABUT
Soutiendra vendredi 6 décembre 2019 à 14 h
Salle Kouros à l’Université Paul-Valéry Montpellier 3, Site Saint-Charles 2
une thèse de DOCTORAT
Discipline : Études du monde anglophone
Titre de la thèse : La ponctuation du théâtre de la première modernité anglaise
Composition du jury :
- Mme Sonia MASSAI, Professeure, King's Collège de Londres (Royaume-Uni)
- M. Jean-Christophe MAYER, Directeur de recherche CNRS, Université Paul-Valéry Montpellier 3 codirecteur de thèse
- M. Paul PRESCOTT, Maître de conférences habilité, Université de Warwick (Royaume-Uni)
- M. Jésus TRONCH PEREZ, Maître de conférences, Université de Valence (Espagne)
- Mme Nathalie VIENNE-GUERRIN, Professeure, Université Paul-Valéry Montpellier 3, directrice de thèse
Résumé de la thèse
Malgré la popularité des études sur Shakespeare, l’étude de la ponctuation à l’époque de la première modernité anglaise est un aspect largement négligé par la critique. La langue, les pratiques théâtrales et les procédés d’impression étaient tout à fait différentes des techniques que nous connaissons aujourd’hui. Les quelques recherches (dans les domaines du théâtre et de la littérature) qui se sont articulées autour de la ponctuation ont souvent donné lieu à de nombreux désaccords.
Cette thèse conduit une enquête approfondie sur la compréhension de la ponctuation du théâtre de la première modernité anglaise. Pour commencer une enquête, notre travail offre d’abord un aperçu détaillé de ce que représentait la ponctuation dans les textes de l’époque. Pour ce faire, nos recherches retracent le développement historique de la ponctuation par le biais de l’étude d’ouvrages rédigés par des contemporains de Shakespeare. Toutes ces analyses nous renseignent ainsi sur la manière dont les dramaturges, les scribes, les souffleurs et les imprimeurs retenus dans le cadre de notre étude ponctuaient leur texte en fonction de leur lecture personnelle de l’œuvre.
Nos analyses reposent ainsi sur l’étude d’un corpus composé d’une centaine de pièces de théâtre, corpus qui contient aussi bien des manuscrits que des livres imprimés. Des pamphlets, des traités sur l’impression, la poésie, la grammaire et la musique ont en outre été consultés pour enrichir nos hypothèses. Cette recherche révèle que la ponctuation de la première modernité insiste beaucoup sur les points et les barres obliques pour donner la structure aux pièces.
Cette thèse montre que la ponctuation dans les pièces de la première modernité subissait de profonds changements. Cette observation est fondée sur l’examen d’un certain nombre de pièces manuscrites de Shakespeare et de ses contemporains. Tout comme la ponctuation de Shakespeare, qui était modifiée dans les éditions contemporaines de ses pièces en fonction de nouvelles normes grammaticales, la même chose se produisait lors de l’écriture et la publication de ses manuscrits. Bien que les in-quartos et in-folios de Shakespeare présentent des signes de ponctuation en apparence inchangés de nos jours, les pièces manuscrites contiennent des marques qui sont souvent très différentes par leur apparence et leur usage.
Plusieurs signes de ponctuation n’ont par ailleurs pas survécu à l’introduction de la presse typographique mais apparaissent bien dans certains manuscrits. En outre, l’utilisation de certains signes de ponctuation a été modifiée : certains signes ont été combinés à d’autres ou insérés à d’autres endroits de la phrase, de sorte qu’il est difficile pour un lecteur moderne de comprendre les mécanismes de ponctuation.
Les manuscrits que nous avons étudiés montre qu’un texte pouvait être ponctué de diverses manières et que les dramaturges, les scribes et les souffleurs de la première modernité empruntaient à un certain nombres de conventions lorsqu’ils écrivaient une pièce destinée à être jouée. Ensuite, les imprimeurs qui travaillaient à partir de ces manuscrits devaient interpréter ces signes et les reproduire dans le livre imprimé tout en conservant leur sens et leur valeur.
La fonction première de la ponctuation était de régler les incertitudes structurelles et signaler des nuances de sens. Alors qu’à l’époque contemporaine la ponctuation est le plus souvent utilisée dans un but grammatical, c’est à dire pour identifier les limites des phrases, la ponctuation de la première modernité est intimement liée à l’évolution du discours rhétorique et à la transformation d’un texte en une représentation théâtrale.



