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Les cahiers

Icône de l'outil pédagogique Les cahiers

Les livres, qu'ils soient manuscrits ou imprimés, se composent de cahiers de feuilles. La constitution d'un cahier nécessite un pliage de la feuille de papier, qui peut être un pliage en deux (in-folio), en quatre (in-quarto) ou en huit (in-octavo).

Source : Denis Muzerelle, Vocabulaire codicologique: répertoire méthodique des termes français relatifs au manuscrit.
Paris, 1985 (Rubricae, 1).
Version en ligne sur le site de l'IRHT
► Pliage in-folio : sur le bifeuillet ainsi formé les vergeures sont horizontales, les lignes de chaînettes (= pontuseaux) sont verticales et le motif de filigrane se trouve en général au centre de l'un des feuillets.

► Pliage in-quarto : chaque feuille donne deux bifeuillets, dont l'un est porteur du filigrane et l'autre non. Les vergeures sont verticales, les lignes de chaînettes horizontales et l'on observe une moitié de filigrane sur chacun des deux feuillets solidaires.

► Pliage in-octavo : la feuille donne quatre bifeuillets. Les vergeures sont horizontales, les lignes de chaînettes verticales et on observe les différentes parties du filigrane sur les quatre feuillets issus de la même moitié de feuille.

Quand on écrit sur un volumen, on copie le texte colonne après colonne sur le rouleau entier, sans risque de se tromper. En revanche, si l'on écrit sur un codex, la transcription se fait cahier par cahier ou même bifeuillet par bifeuillet.

Le codex comprend un ou, plus fréquemment, plusieurs cahiers. Chaque cahier se compose de bifeuillets pliés, emboîtés les uns dans les autres et réunis par un même passage du fil de couture. À l'origine, les livres à pages étaient constitués d'un seul cahier d'épaisseur variable comportant autant de bifeuillets que nécessaire ; par la suite, les livres furent formés d'une succession de petits cahiers reliés ensemble, ce qui évite que la tranche du livre ne se creuse trop du fait de l'encartage.

Pour permettre au relieur d'assembler les cahiers dans le bon ordre, on reporte à différents endroits de chacun d'entre eux un numéro d'ordre appelé la signature ou encore le premier mot du cahier suivant, la « réclame ».


Les signatures

Les signatures sont des marques qui consistent à numéroter des cahiers (signatures de cahiers) ou des bifeuillets (signatures de bifeuillets). Les signatures de cahiers apparaissent soit en tête soit en fin de cahier soit aux deux emplacements. Souvent placées en marge, elles ont disparu après que les feuillets furent rognés. Les signatures des bifeuillets servent à préciser leur ordre à l'intérieur du cahier. En Occident, cette pratique, qui existait déjà dans les manuscrits carolingiens, se généralise au XIIIe siècle. Ces signatures sont habituellement placées au recto des feuillets de la première moitié du cahier, exceptionnellement dans la totalité du cahier ; elles se situent sur le feuillet en marge de tête, de gouttière ou de queue, et leur forme est variable : traits, petits ronds ou chiffres. Elles se composent d'un seul élément : un numérotage dans un ordre croissant, ou bien de deux éléments : une lettre désignant le cahier et un chiffre indiquant l'ordre du bifeuillet dans ce cahier : ainsi ai, aii, aiii, aiiii dans un premier quaternion régulier, bi, bii, biii, biiii dans le deuxième, etc.


Les réclames

Les « réclames » annoncent habituellement le texte qui doit apparaître dans le cahier suivant (réclame de fin de cahier) ou au feuillet suivant (réclame intérieure). Dans le cas des réclames de fin de cahier, le copiste note au dernier feuillet du cahier le ou les premiers mots du texte par lequel commence le recto du premier feuillet du cahier suivant. Cette pratique a été observée pour la première fois dans les manuscrits wisigothiques des Xe-XIe siècles. La longueur et la disposition de la réclame varient suivant les habitudes des copistes et/ou des ateliers. On relèvera son emplacement (dans la marge de queue, à proximité de la couture, au centre de la marge ou, plus rarement, à proximité du bord externe du feuillet), sa disposition - horizontale, verticale, en diagonale - et, dans les deux derniers cas seulement, le sens de l'écriture (ascendant ou descendant). L'emplacement et la décoration des réclames sont particulièrement importants à relever dans les manuscrits hébreux, car ils varient selon les zones géoculturelles, ce qui aide à déterminer la provenance de tel ou tel manuscrit. Il existe également des réclames situées dans un même cahier afin d'indiquer la disposition exacte des feuilles à l'intérieur du cahier. Ces réclames sont habituellement portées feuillet par feuillet, plus rarement page par page. L'emploi de ce dernier type de réclame se rencontre dans certains manuscrits en écriture hébraïque : manuscrits ashkénazes exécutés au XIVe siècle ou volumes copiés en Orient et en Italie à la fin du Moyen Âge. Les manuscrits glosés possèdent quelquefois des doubles réclames : une pour le texte, une autre pour la glose.


La foliotation

Aux signatures et aux réclames s'ajoute la foliotation, plus rarement la pagination des cahiers dans le but de faciliter le travail du relieur et, par la suite, de faciliter la lecture du livre. Cette numérotation des feuillets au recto est indiquée, dans les livres occidentaux, par des chiffres romains ou arabes situés dans l'angle supérieur externe du feuillet.

 

Ces éléments de repérage renforcent la cohérence du manuscrit qui peut contenir une œuvre unique ou bien en réunir plusieurs sous forme de recueil. Cette structure peut avoir été conçue dès l'origine, ou a pu s'imposer au cours de l'histoire du manuscrit.

 

Pour les codices il existe différents types de cahiers, en fonction du nombre de feuillets qui les constituent.
► Un binion comprend deux bifeuillets, soit quatre feuillets ou huit pages.
► Un ternion est constitué de trois bifeuillets.
► Un quaternion de quatre bifeuillets.
Le terme de quinion est utilisé pour un cahier de cinq bifeuillets.
► Pour un cahier de six bifeuillets, on parle de sénion.
► Pour un cahier de sept bifeuillets de septénion,
► et d'octonion pour un cahier de huit bifeuillets.
Au-delà de huit bifeuillets, on se contente de parler de cahiers formés de dix, de douze bifeuillets, etc.

Les types de cahiers les plus couramment rencontrés sont le quaternion, le quinion et le sénion. Le quaternion paraît avoir été le type de cahier le plus utilisé par les artisans occidentaux pour les manuscrits en parchemin. Dans les manuscrits copiés en Italie, le quinion est le plus répandu. Le sénion semble avoir été utilisé surtout dans les manuscrits de papier copiés en Occident et en écriture latine, pour des raisons de solidité.


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