sommaire objet l'usage glossaire bibliographie sitographie

Bibliothèques princières ou royales

Icône de l'outil pédagogique Bibliothèques princières ou royales

Importantes pour les cités hellénistiques, les bibliothèques ont été pour les rois un élément non négligeable de leur politique de prestige, et à côté d'Alexandrie, on trouve de grandes bibliothèques royales à Pella, en Macédoine (dynastie des Antigonides), à Antioche (dynastie des Séleucides) ou Pergame (dynastie des Attalides). En l'absence de tout élément prouvant l'ouverture au public des bibliothèques des tyrans - fût-ce l'élève de Platon, Cléarchos d'Héraclée du Pont, qui passait pour avoir la plus riche bibliothèque de son temps - la première bibliothèque publique est donc celle d'Alexandrie. Parler de « la » bibliothèque d'Alexandrie peut d'ailleurs être trompeur et masquer le « complexe culturel » qui a été progressivement élaboré au cours des règnes des trois premiers Ptolémée.

 

La bibliothèque d'Alexandrie

C'est néanmoins à Alexandrie qu'il faut aller chercher le modèle de bibliothèque publique qui prévaudra non seulement dans l'esprit des Anciens, mais aussi dans la mémoire collective de tout l'Occident. Fondée vers 300 avant J.-C. par Ptolémée Ier Sôter qui régna sur l'Égypte après les conquêtes d'Alexandre, la bibliothèque bénéficia des orientations politiques et culturelles qui marquèrent les débuts du règne des Lagides. Ptolémée Sôter, ancien général d'Alexandre, était en effet lui-même un lettré, auteur d'une histoire des conquêtes macédoniennes. Ptolémée II Philadelphe était, quant à lui, passionné de zoologie, Ptolémée III Évergète et Ptolémée IV Philopatôr se passionnant pour la littérature. Les quatre premiers monarques de la dynastie s'efforcèrent donc de donner à Alexandrie le rayonnement culturel dont avait besoin la jeune cité fondée par Alexandre en 331 avant J.-C. : le développement de la plus grande bibliothèque connue dans l'Antiquité en constituait une pièce maîtresse.

Tout en attirant à elle les plus grands intellectuels du temps (ainsi Euclide rejoignit Ptolémée Ier et Ératosthène Ptolémée III), Alexandrie se dota de structures permettant de mener à bien des recherches de toutes sortes. Ptolémée Ier fit ainsi construire le célèbre Musée (Μουσεῖον), qui était à la fois un temple dédié aux muses et un lieu d'étude et de production intellectuelle où lettrés et savants étaient logés et entretenus par le roi.

Dans ce complexe architectural qui se trouvait intégré au palais royal - et que l'on n'est pas encore parvenu à localiser avec précision de nos jours -, les pensionnaires du Musée avaient accès à une bibliothèque qui fut rapidement divisée en deux parties, la première au sein du palais lui-même, au Musée, la seconde située non loin dans le temple de Sérapis et mise en place par Ptolémée III Évergète. On ne peut fournir aucun détail architectural concernant ces deux bibliothèques, mais il demeure certain qu'elles ne disposaient pas d'espaces spécifiquement dédiés. Quant à la séparation en deux collections, on peut seulement supposer que la première, la plus importante, était exclusivement réservée aux pensionnaires du Musée alors que la seconde, plus réduite, était ouverte à un public plus large.
La direction de la bibliothèque fut confiée par les premiers monarques à de grandes figures intellectuelles de leur temps. Zénodote fut le premier d'entre eux. Ératosthène lui succéda et dirigea l'institution de 245 à 205 avant J.-C., puis vinrent deux autres figures majeures, Aristophane de Byzance (205-185) et Aristarque (175-145). Le personnel qui pouvait travailler sous leurs ordres nous est aujourd'hui totalement inconnu.

Les premiers efforts que déployèrent ces lettrés furent consacrés à l'accumulation d'ouvrages de toutes sortes : la bibliothèque ne s'appuyait en effet sur aucune collection préexistante. Tous les textes grecs, des plus grandes œuvres tragiques aux traités les plus pratiques, avaient vocation à intégrer la collection, et les moyens engagés pour réaliser cet objectif étaient à la hauteur des ambitions politiques et culturelles des Lagides. Les collections alexandrines furent constituées par voie commerciale (des émissaires parcouraient le monde grec pour acheter les exemplaires nécessaires), mais aussi par appropriation, les autorités allant jusqu'à confisquer les ouvrages trouvés sur les voyageurs débarquant au port - ils étaient ensuite dédommagés au moyen de copies. La bibliothèque accumula de la sorte 490 000 rouleaux dans son bâtiment principal et 42 800 de plus dans la bibliothèque du temple de Sérapis. Certains pouvaient contenir plusieurs ouvrages, (en vers) ou reproduire des œuvres identiques : il est donc difficile d'évaluer le nombre précis de textes dont disposait la bibliothèque.

► Le classement

Au-delà de la taille de ses collections, c'est la méthodologie mise en place pour organiser les ouvrages et les rendre aisément accessibles qui doit retenir l'attention. C'est à Zénodote, le premier des bibliothécaires d'Alexandrie, que l'on doit l'organisation générale des collections. D'après Strabon, l'influence d'Aristote fut capitale - quoique nécessairement lointaine puisque celui-ci était mort en 322 - sur la structuration qui fut adoptée :

Il avait été le premier, à notre connaissance, à faire ce qu'on appelle une collection de livres, et à apprendre aux rois d'Égypte comment organiser leur bibliothèque. (Strabon, Géographie 13, 54).

Collection privée réservée aux cercles péripatéticiens et entièrement orientée vers ses propres recherches, la bibliothèque d'Aristote couvrait tous les champs d'intérêt du philosophe (de l'éthique à la zoologie) et était d'une ampleur telle qu'elle avait nécessité le développement d'une organisation précise. C'est cette organisation, transmise par les élèves d'Aristote (peut-être Démétrios de Phalère) qui fut ensuite adoptée, et sans doute transformée et améliorée, par les bibliothécaires alexandrins.

Le classement des exemplaires était ainsi effectué au moyen d'étiquettes sur lesquelles étaient inscrits le nom de l'auteur, son origine (qui permettait souvent de distinguer des homonymes) et parfois d'autres indications encore permettant par exemple de préciser l'origine de l'acquisition, le nom du précédent propriétaire, ou encore de distinguer différentes copies d'un même rouleau. Les rouleaux pouvant renfermer plusieurs œuvres en vers (soit des compilations organisées thématiquement ou par genre, soit des textes rédigés par un même auteur), ils ne portaient donc pas systématiquement d'indication de titre.

La première phase du classement fut sans doute thématique, les rouleaux étant placés dans des espaces différents selon leur contenu. Ils étaient ensuite organisés par auteur selon un classement alphabétique : c'était là une innovation capitale, Zénodote ayant été le premier à employer ce mode de classement. Le poète Callimaque de Cyrène, qui œuvra à la bibliothèque sous la direction de Zénodote et prit peut-être sa suite, fut l'artisan d'un perfectionnement majeur du système de classement. En rédigeant son ouvrage intitulé les Tables (pinakès), il élabora une bibliographie détaillée de la littérature et de la science grecques. Remplissant 120 rouleaux, ces Tables s'appuyaient sur les collections de la bibliothèque dont elles recensaient le contenu de façon systématique. Elles reproduisent donc selon toute vraisemblance la structuration détaillée mise au point par Callimaque pour les collections elles-mêmes. Des témoignages indirects - nous n'avons pas conservé les Tables de Callimaque - nous apprennent que les Tables, et donc la bibliothèque, étaient organisées selon une première division entre prose et poésie, puis suivant des divisions thématiques : soit, pour la poésie, une arborescence par genres (poésie dramatique par exemple), puis par sous-genre (tragédie, comédie, drame satyrique). La bibliothèque disposait donc d'un système de référence efficace permettant au lecteur d'identifier l'ouvrage dont il avait besoin, et au bibliothécaire de le localiser.

 

Méthodes d'édition

Lieu de conservation et de transmission des livres, la bibliothèque d'Alexandrie fut également un lieu d'élaboration culturelle et scientifique qui exerça une influence considérable sur la manière d'aborder les textes. Zénodote, et après lui Aristophane et Aristarque, mirent en effet au point les premières méthodes scientifiques d'édition. Au moyen de protocoles de comparaison entre les différentes versions dont ils disposaient, ils s'efforcèrent d'établir de manière sûre les textes des œuvres qu'ils conservaient : Zénodote s'attacha ainsi à établir le texte des poèmes homériques, Aristophane et Aristarque faisant porter leurs efforts sur les poètes lyriques et sur Hérodote. Une fois encore, c'est une influence athénienne qui s'exerçait là : à la fin du IVe siècle avant J.-C., la cité avait en effet décidé qu'elle conserverait des copies officielles des grandes tragédies afin de garantir la transmission fidèle des textes. La bibliothèque d'Alexandrie offrait désormais les moyens matériels de corriger les textes qui n'avaient pas été conservés avec autant de soin.

Le Musée et la Bibliothèque d'Alexandrie donnent une échelle sans précédent à des institutions qui existaient déjà, sous des formes différentes, à Athènes : en particulier le Lycée d'Aristote, grâce à l'inspiration de savants péripatéticiens qui firent le voyage d'Égypte, comme Démétrios de Phalère ou Straton de Lampsaque. Mais le fait même que cette communauté de savants soit désormais placée sous la protection du roi et établie dans le quartier royal de la ville, tout en les libérant des soucis matériels, leur imposait de nouvelles contraintes : on aimerait en savoir plus sur la vie collégiale, les obligations, les modes de sociabilité et d'échanges, les moyens de travail et les activités quotidiennes de ceux qui pouvaient s'adonner aux recherches scientifiques ou grammaticales, ou encore à l'écriture poétique. On aimerait connaître, en un mot, les implications d'un tel projet sur le travail intellectuel effectué à Alexandrie.

 

► La bibliothèque comme figure de l'accumulation


Les sources suggèrent la croissance exponentielle de la collection de livres - 490.000 au temps de Ptolémée II Philadelphe selon Jean Tzetzès (De comoedia p. 43 Koster). Le pouvoir symbolique de cette accumulation est évident : il correspond à une prise de possession de la mémoire du monde, monde grec et barbare, à la captation de l'héritage de l'hellénisme au cœur d'une ville nouvelle fondée aux marges de la plus ancienne civilisation de la Méditerranée.

Une bonne part de la mythologie d'Alexandrie réside dans ce rêve de l'accumulation et de la mémoire totale : c'est la première bibliothèque universelle du monde méditerranéen qui ne soit pas réservée au seul souverain, mais soit mise à la disposition d'une petite communauté de savants et de gens de lettres réunis sous la protection du roi. La capitalisation de tous les écrits du monde fait de la bibliothèque un lieu de traitement et de transformation de l'information, du fait des jeux de décontextualisation et de re-contextualisation des données dans différentes formes écrites, mais aussi création d'un nouvel espace, à la fois visuel et mental, de juxtaposition et de confrontation critique des textes, qui permet de passer des configurations locales et singulières à des dispositifs universels.

Il est à noter que la Grande Bibliothèque des Ptolémée n'est pas, en principe, une bibliothèque publique : c'est la bibliothèque du roi, et même les savants qui l'habitent et l'animent sont, jusqu'à un certain degré, « propriété » du roi.

Ammien Marcellin, au livre XXII de ses Histoires qui relatent les événements de 354 à 378 dans le monde grec, consacre un excursus à l'Égypte où est - naturellement - évoqué le souvenir de la prestigieuse bibliothèque :

« Alexandrie est ornée de temples magnifiques, au milieu desquels se distingue celui de Sérapis. Aucune description n'en pourrait donner une idée. Les portiques, les colonnades, les chefs d'œuvre de l'art qui respirent dans ce monument, composent un ensemble qui ne le cède qu'à ce Capitole, orgueil éternel de la métropole de l'univers. (13) Là se trouvait jadis deux bibliothèques inestimables. D'anciens documents constatent la présence de sept cent mille volumes réunis par la sollicitude libérale des Ptolémée. Mais le tout devint la proie des flammes dans la guerre d'Alexandrie, au moment du sac de la ville par le dictateur César » (16, 12-13).

Si Alexandrie est conquise par les Arabes en 642, on ne trouve plus trace des anciennes institutions dans les documents dès le IVe siècle. La « légende » d'Alexandrie brûlée par les Arabes n'apparaît qu'au début du XIIIe siècle et semble s'être formée au XIIe siècle, période de reviviscence à Constantinople et de développement scolastique en Occident, où le livre se répand ; on commence alors à savoir que les Arabes possèdent des textes anciens.

Pergame : coupe de la bibliothèque royale
Cf. W. HOEPFNER, « Zu griechischen Bibliotheken und Bücherschränken »,
Archäologischer Anzeiger 111, 1996, p. 25-36

 

La bibliothèque de Pergame

C'est en concurrente des installations d'Alexandrie que se pose la bibliothèque de Pergame. Une grande bibliothèque royale est en effet fondée à Pergame par l'Attalide Eumène II (195-157) : certaines parties en ont été dégagées par des fouilles.

Les intérêts des savants de Pergame étaient moins littéraires que ceux des Alexandrins ; ils préféraient de courtes monographies sur des points précis, polémiques, et aussi des sujets totalement en dehors des préoccupations du Musée : ainsi Polémon (220-160) collectionnait les textes parodiques, mais étudiait aussi la topographie et les inscriptions. Néanmoins, le domaine des études homériques n'est pas négligé, et c'est Cratès (ca. 220-140) qui s'y illustre dans l'étude d'Homère ; il est le premier Grec à donner des conférences littéraires à Rome, et l'on trouve des traces de son travail dans les scholies.

Parce qu'elle répondait à un programme de prestige visant à imposer le pouvoir Lagide dans le bassin méditerranéen, la bibliothèque d'Alexandrie fit naître l'émulation et poussa les autres royaumes hellénistiques à se lancer dans des programmes du même type. Le royaume de Pergame est le seul à avoir construit une bibliothèque suffisamment riche pour tenter de rivaliser avec le royaume des Ptolémée. Petite cité détachée en 282 avant J.-C. du royaume de Lysimaque par Philétairos - qui en était à l'origine le simple administrateur -, Pergame, parce que Lysimaque l'avait utilisée comme place forte où étaient stockées les différentes prises de guerre, était immensément riche. La dynastie des Attalides put donc se lancer dans une coûteuse politique de prestige. Le roi Eumène II (197-160 avant J.-C.) fonda ainsi une bibliothèque qu'il situa dans le temple d'Athéna, sur l'Acropole de la cité.

Maquette de l'Acropole de la ville de Pergame
Source : Wikipedia
Licence : GNU Free Documentation License

Située au deuxième étage de ce temple qui se présentait comme un portique doté de trois côtés, cette bibliothèque, dont on a exhumé des traces archéologiques, était constituée de trois vastes pièces ouvertes sur une colonnade extérieure où les lecteurs pouvaient s'installer. Comme la bibliothèque d'Alexandrie, elle était destinée aux lettrés que le roi avait associés à sa cour, et possédait un catalogue, sans doute élaboré sur le modèle alexandrin.

Pergame, Temple d'Athéna
Source : Wikimedia
Licence : GNU Free Documentation License

On sait par Plutarque que la bibliothèque contenait 200 000 volumes dans les années 30 avant J.-C. Ces volumes avaient été acquis selon les mêmes procédés que ceux adoptés par les Lagides pour leur propre bibliothèque : aux achats s'ajoutèrent une fois encore les spoliations. La bibliothèque d'Aristote réapparaît alors dans ce contexte, car elle fut, d'après Strabon, maladroitement défendue par ses nouveaux propriétaires qui voulaient empêcher que les Attalides ne s'en emparent pour enrichir leur collection :

 

Des mains de Théophraste, ladite collection (sc. la bibliothèque d'Aristote) passa à celles de Nélée, qui, l'ayant transportée à Scepsis, la laissa à ses héritiers ; mais ceux-ci étaient des gens grossiers, illettrés, qui se contentèrent de la garder enfermée, sans prendre la peine de la ranger. Ils se hâtèrent même, quand ils apprirent avec quel zèle les princes de la famille des Attalides, dans le royaume desquels Scepsis était comprise, faisaient chercher les livres de toute nature pour en composer la bibliothèque de Pergame, de creuser un trou en terre et d'y cacher leur trésor. Aussi ces livres étaient-ils tout gâtés par l'humidité et tout mangés aux vers, quand plus tard les descendants de Nélée vendirent à Apellicon de Téos, pour une somme considérable, la collection d'Aristote, augmentée de celle de Théophraste. (Strabon, Géographie 13, 54).

Les Lagides réagirent à l'expansion de cette nouvelle bibliothèque, qui entrait en concurrence avec leur propre politique de rayonnement, en interdisant toute exportation de papyrus vers le royaume de Pergame afin de limiter son expansion. Pline l'Ancien rapporte que cet embargo fut la cause de l'invention du parchemin :

Dans la suite, le roi Ptolémée ayant défendu l'exportation du papyrus, à cause de la rivalité entre lui et le roi Eumène au sujet des bibliothèques, le parchemin fut, au rapport du même Varron, inventé à Pergame. (Pline l'Ancien, Histoires naturelles XIII, 21)

Mais il reste plus probable que le développement de la bibliothèque et la pénurie de papyrus incitèrent surtout les Attalides à améliorer les techniques préexistantes de préparation des peaux.

Les deux plus grandes bibliothèques hellénistiques présentent donc deux traits essentiels que l'on retrouvera ensuite dans l'organisation romaine des bibliothèques. Le système de classement élaboré par Zénodote et Callimaque, puis transposé à Pergame, sera vraisemblablement repris dans les bibliothèques romaines. Mais plus important encore, ces deux bibliothèques furent le résultat d'un programme culturel ambitieux décidé par des monarques autocrates : elles ne constituent pas des structures autonomes, mais s'inscrivent au contraire dans un projet architectural et culturel plus large.

Le monde romain eut une connaissance directe de ces institutions. La bibliothèque de Pergame fonctionnait encore durant les guerres civiles, époque à laquelle Marc Antoine envisagea de la transférer à Alexandrie pour en faire don à Cléopâtre. Quant à la bibliothèque d'Alexandrie, on a aujourd'hui largement abandonné l'idée selon laquelle elle aurait été détruite par César en 48 avant J.-C. : seule une partie des collections aurait disparu lors de l'affrontement entre les troupes romaines et la population de la ville - ce qui explique ainsi le projet de transfert formé par Antoine. De fait, on a conservé des preuves du fonctionnement de l'institution sous l'Empire. Ainsi, les grands modèles hellénistiques s'offraient de façon directe à l'imitation des Romains.


Crédits - UOH - UM3