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par les soins des libraires

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Nous n'entendons pas parler d'un commerce de livres à Rome avant l'époque de Cicéron. Les libraires et les copistes (qu'on appelait indifféremment, au début, les librarii) prospéraient, sans répondre, semble-t-il, à ce que pouvait demander un auteur aussi exigeant que Cicéron. Atticus, qui avait vécu longtemps en Grèce où le commerce du livre était solidement établi, a peut-être voulu combler cette lacune quand il mit son équipe de librarii au service de ses amis. Le faisait-il pour obliger Cicéron ou à des fins plus lucratives ? Il est bien difficile de trancher chaque cas. Ce qui est certain en revanche, c'est que Cicéron pouvait être assuré de recevoir de lui les services qu'on attend aujourd'hui d'un éditeur de qualité. Atticus révisait soigneusement son travail, en soulevant des points de style et de fond, voyait avec lui si le texte valait la peine d'être publié et si le titre convenait, organisait des lectures privées du nouvel ouvrage, envoyait des exemplaires supplémentaires, s'occupait de la distribution. Tout ce qui lui passait par les mains était excellent, de sorte que son nom plus tard équivalut à une garantie de qualité (Fronton, Lettres à Marc-Aurèle, I, 7, 4).

Pas de copyright, pas de droits d'auteur : il était donc d'une grande importance d'avoir un protecteur.

Aulu-Gelle parlant des librairies, dans ses Nuits Attiques, évoque ainsi diverses libraires : ceux du quartier du port à Brindes, à son retour de Grèce (IX 4, 1), in Sandaliario à Rome (XVIII 4, 1 ou, in Singillariis (II 3, 5).

De même, Martial (I, 3) :

« Toi qui veux qu'à la ville ainsi qu'à la campagne,
Partout mon livre t'accompagne
Et voyage avec toi dans de lointains climats,
Sur tes rayons laisse les grands formats ;
Fais emplette d'un exemplaire
Écrit en menu caractère,
Bien réduit, bien compacte, et dont le parchemin
Tienne aisément dans une seule main.
Pour t'éviter la fatigue inutile
De parcourir tous les coins de la ville,
Écoute, et dirige tes pas
Au temple de la Paix, près celui de Pallas ;
Tu te verras, après ce court voyage,
Chez l'affranchi du docte Secundus,
Qui pour tes cinq deniers au plus
S'empressera de te livrer l'ouvrage »,

Ou encore, en réponse à un « ami » qui veut se faire prêter un de ses ouvrages :

« Te rencontré-je à mon passage ;
Aussitôt tu me dis : ‘Mon ami, voudrais-tu
Demain par ton valet m'envoyer ton ouvrage,
Que je te renverrai dès que je l'aurai lu ?'
Mon cher, à cet enfant épargne le voyage :
De chez toi le trajet est long jusque chez moi ;
De plus, il faut gravir jusqu'au troisième étage.
Ce que tu veux avoir n'est pas bien loin de toi.
Le quartier d'Argilet est dans ton voisinage,
Tu prends par là bien souvent ton chemin.
Au marché de César se trouve un magasin
Dont la façade, en très gros caractères,
Offre, affiché, le nom de mes confrères
Et sans doute le mien ; tu n'iras pas plus loin.
De t'informer pour t'épargner le soin,
Chez Attrectus (c'est le nom du libraire)
Demande un Martial : du deuxième rayon
Ou du premier tu le verras extraire
De mon ouvrage un exemplaire
Bien poncé, revêtu d'un brillant vermillon ;
Et cinq deniers termineront l'affaire.
‘Mais c'est beaucoup, dis-tu, que cinq deniers !
Et tu ne les vaux pas !' J'en conviens volontiers :
Garde donc ton argent et laisse le libraire » (I, 118).


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