L'occitan, une langue

La langue orale menacée

Traduction en dialecte provençal de la constitution française, Lengas n°18InformationsInformations[1]

La seconde phase diglossique, dont on fixera les débuts au moment de la Révolution française, voit naître le projet de mener à son terme l'éradication totale de la langue occitane et des autres langues de France. Après avoir privé l'occitan des registres écrits les plus nobles, c'est donc à présent l'usage oral et quotidien qui sera visé, autrement dit la forme de langue transmise au sein de la famille et utilisée pour la communication par une population encore majoritairement monolingue et analphabète.

Durant la première période de la Révolution, les diverses langues de France sont utilisées officiellement, mais il ne faut pas voir dans ces usages-là une quelconque volonté de défendre des langues que l'on ne désigne déjà plus que comme des "patois". Il s'agit avant tout d'accélérer la conversion de l'ensemble de la population aux idées de la Révolution.

Très peu de temps après la proclamation de la Ière République (1792), les positions sur les langues régionales vont d'ailleurs se radicaliser. Dans son Rapport du Comité de salut public sur les idiomes (27 janvier 1794), Bertrand Barère, bien que gascon d'origine, associe un certain nombre de langues régionales au "fanatisme", à la "superstition" et à la "contre-révolution" :

" Le fédéralisme et la superstition parlent bas-breton ; l'émigration et la haine de la République parlent allemand ; la contre-révolution parle l'italien, et le fanatisme parle le basque. Cassons ces instruments de dommage et d'erreur. "

Si Barère parvient à faire accepter l'envoi immédiat d'instituteurs dans les départements qu'il juge les plus menaçants, il impose en même temps la fin de tout usage des langues régionales dans le cadre officiel :

" D'ailleurs, combien de dépenses n'avons-nous pas faites pour la traduction des lois des deux premières assemblées nationales dans les divers idiomes parlés en France ! Comme si c'était à nous à maintenir ces jargons barbares et ces idiomes grossiers qui ne peuvent plus servir que les fanatiques et les contre-révolutionnaires ! "

  1. Licence : Domaine Public

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