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Le codex

Icône de l'outil pédagogique Le codex

Dans l'Antiquité, le livre en effet portait parfois une signature de boutique pour ainsi dire, avec le nom du copiste-artisan : au Ve siècle, Nicianus signe le Seneca Vaticanus Palatinus latinus 24 ; à la même époque Eulalius, antiquarius, signe le Saint Hilaire de la bibliothèque Capitulaire de Vérone XIII ; au VIe siècle, à Ravenne, Viliaric, magister antiquarius, signe dans sa statione (= poste de travail) le Paulus Orosius Laurentianus 68.1. Tous perpétuent la tradition des volumina anciens les plus accrédités, comme l'attestent les signatures de l'époque précédente dans des copies médiévales ou la signature originale des Sosii - connus grâce aux Épîtres d'Horace en tant qu'éditeurs de livres grecs et latins -, signature documentée par un fragment de l'époque d'Auguste, le Papyrus Mediolanensis Volianus 14, contenant la conclusion d'un commentaire de l'Énéide.

À partir du Moyen Âge, le scribe, c'est-à-dire le moine-scribe ou le clerc-scribe, occupe une place importante dans l'iconographie, alors que l'image du lecteur tend à disparaître, car la personne qui lit est aussi celle qui écrit ou, mieux, elle est celle qui lit (ou relit) en écrivant.

Dans l'iconographie du haut Moyen Âge, la figure du moine occupé à écrire son manuscrit représente en même temps le scribe et le lecteur.

 

Le scriptorium

Après l'effondrement de l'Empire romain, la civilisation byzantine voit fleurir de riches bibliothèques. Dans le monde chrétien occidental, la culture latine se réfugie dans les monastères qui sont à la fois des foyers de vie spirituelle, centres de production économique et conservatoires de culture. Du VIe au VIIIe siècle, un grand mouvement de fondation de monastères, très marqué par l'action des missionnaires irlandais (saint Colomban) et britanniques (saint Boniface), s'étend à l'ensemble de l'Europe. L'ordre bénédictin répand la règle édictée par saint Benoît de Nursie, fondateur de l'abbaye du Mont-Cassin, au Sud de Rome, en 529, lui-même fondateur de l'abbaye du Mont-Cassin : le moine doit partager son temps entre la prière, le travail manuel et la lecture des ouvrages spirituels. Chaque monastère se voit doté d'un scriptorium la salle dans laquelle les moines copient leurs livres. Dans la légende du célèbre plan du monastère de Saint-Gall (vers 817/818), ce lieu est évoqué par les mots - infra sedes scribentium (« au-dessous des sièges des copistes ») Le mobilier sommaire y est également précisé : une longue table au centre de la pièce et sept secrétaires contre les murs. Pour l'écriture effectuée sous la dictée ou réalisée à partir de l'ouvrage de référence, les moines inconfortablement assis s'appuyaient sur un pupitre incliné pour réaliser leur travail sous la direction du responsable du scriptorium : l'armarius. L'acception du terme scriptorium telle que nous l'entendons aujourd'hui est devenue courante au XIe siècle notamment dans les coutumiers monastiques comme celui rédigé vers 1004 par Thierry d'Amorbach, moine de l'abbaye de Fleury. Avant le XIe siècle, elle ne désignait pas exclusivement un atelier d'écriture monastique mais servait à qualifier l'encre (atramentum scriptorium : « substance noire pour écrire »), l'encrier (une « fiole pour écrire »), le plumier (un « étui pour écrire »), le parchemin (une « membrane pour écrire »), un écritoire (une « table pour écrire »).

 

L'atelier urbain

À partir de la fin du XIIe siècle, la renaissance urbaine bouleverse les conditions de fabrication et de diffusion du livre notamment avec la multiplication des écoles. Sans que cesse l'activité des scriptoria monastiques, l'essor des universités au siècle suivant suscite un besoin important d'ouvrages, et engendre une évolution des métiers du livre. Ils se structurent dans des corporations indépendantes les unes des autres : parcheminiers, copistes, enlumineurs, relieurs. Dans des cités comme Paris, Oxford ou Bologne, les artisans du livre s'installent dans un même quartier. S'ils se réunissent en équipe pour de grandes entreprises, les Bibles moralisées notamment, le concept d'un vaste atelier ayant pignon sur rue ne trouve aucune confirmation dans les documents.

Les ressemblances artistiques entre artistes ou la présence de plusieurs peintres dans un même livre résultent plutôt d'une proximité géographique, d'amitiés professionnelles ou de liens familiaux. Pour évaluer la responsabilité personnelle des artisans du livre, il est nécessaire d'appréhender leurs habitudes, les circonstances historiques de la commande, la tradition iconographique en usage pour telle ou telle œuvre, l'influence du texte et du contexte sur l'image. Lorsqu'il s'agissait d'une longue suite d'images peintes par plusieurs artistes comme la Bible moralisée le choix des scènes était sans doute établi par un clerc, le dessin et la palette par un seul maître, afin de maintenir la cohésion du programme historié.

 

Le copiste

Au début du Moyen Âge, les livres étant rares, la pratique la plus courante est de copier un livre que l'on désire acquérir. Pour connaître les conditions concrètes du travail des scribes, les souscriptions et les colophons fournissent des informations précieuses. Les premières sont des mentions autographes de copistes ou d'autres personnes ayant collaboré à la réalisation du livre, se désignant elles-mêmes nommément. On peut rattacher à cette catégorie les invocations adressées par le copiste à Dieu ou aux saints (« Seigneur, viens au secours du misérable scribe Léon ! » ) ainsi que les pétitions de suffrages ( « Priez pour le repos de l'âme du scribe untel » ). Les colophons désignent une mention constatant que la copie d'un texte est parvenue à son terme et spécifie les conditions dans lesquelles elle a été exécutée. On y trouve le nom du copiste, la date et le lieu de transcription. Le plus souvent les colophons ne réunissent pas ces trois éléments et sont considérés comme incomplets. L'identité du copiste peut être mentionnée en tête du texte (« ici commence tel livre, copié de la main d'un tel, en tel lieu et à telle date... »).


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