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Objet précieux ou poterie

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Il s'agit de textes écrits sur des surfaces plus circonscrites. Les témoignages épigraphiques les plus anciens, à savoir les inscriptions des VIIe, VIe et Ve siècles avant notre ère, sont peu nombreuses ; il s'agit pour l'essentiel d'inscriptions instrumentales (principalement sur des vases) et elles consistent, dans leur très grande majorité, en de minuscules frustula (= petits morceaux) réduits parfois à une seule lettre et difficiles à faire parler. Ex. : les inscriptions qui figurent sur le Cippe du Forum , sur le Vase de Duenos, sur le petit lion d'ivoire de S. Omobono (inscription étrusque), sur la lamelle de bronze de Lavinium, sur les blocs de pierre de Satricum...

Les repères de datation sont généralement très flous et incertains. « Le non-spécialiste ne réalise pas toujours sur quel terrain mouvant et dans quel nuage d'incertitude évoluent parfois ceux qui s'occupent de ces témoins vénérables » . Les plus intéressantes conclusions que l'on puisse tirer de ces inscriptions concernent la date d'apparition de l'écriture dans le Latium et à Rome, ainsi que les rapports entre l'alphabet latin d'une part, les alphabets grec et étrusque de l'autre : l'alphabet latin est fondamentalement un alphabet grec occidental. Les plus anciennes inscriptions étrusques datant des environs de 700 avant notre ère, les plus anciennes de Rome peuvent être raisonnablement placées à la fin du VIIe siècle. Ces données épigraphiques sont donc précieuses, car on voit que Rome ne connaît pas l'écriture avant la fin du VIe siècle avant notre ère.

Voici une inscription sur un skyphos de l'Agora, d'époque archaïque, et qui porte le nom de son propriétaire :

ΘΑΡІΟΕΜІΠΟТΕΡІΟΝ, ce qui veut dire : « je suis la coupe de Tharios ».

La plupart des textes du VIe ou Ve siècle avant notre ère, provenant du Latium ou d'Étrurie, sont gravés sur des objets utilitaires (pots, coupes...) et entrent dans la catégorie des « objets parlants ». Le texte présente la particularité de s'adresser à l'utilisateur qui est censé les déchiffrer, la plupart du temps pour lui indiquer à qui appartient l'objet en question ou à qui il est offert.

Ces objets sont souvent des objets de valeur, en métal ou en poterie peinte, signes de la richesse de la maison qui les possède. C'est pourquoi ils ont souvent conduit les historiens à considérer que la maîtrise et l'usage de l'écriture devaient se restreindre, dans l'Italie archaïque, à un groupe social étroit. L'objet parlant devient un signe de pouvoir visant à renforcer le prestige de l'aristocratie dominante.

On peut trouver des inscriptions sur des bijoux comme sur une broche de type étrusque dite fibule de Manios : datant du VIIe siècle avant J.-C. (vers 670-650), elle porte une inscription en latin, mais il faut noter que l'écriture y est disposée comme l'étrusque, de droite à gauche :

L'inscription se lit : MANIOS : MED : FHE : FHAKED : NUMASIOI (CIL I3, 3) : « Manios m'a fait pour Numasios (ou Numerius) ».

C'est le plus ancien témoignage. Viennent ensuite, si l'on veut suivre la chronologie, le Cippo Boni (fin du VIe siècle avant J.-C., voir l'entrée Lapis niger de Wikipedia) et, du milieu du Ve siècle avant J.-C., les lamines de Cérès et des Dioscures retrouvées à Lavinium ainsi que le vase de Duenos.

Les ostraca : on a retrouvé des fragments de poterie réutilisés comme support d'écriture et appelés ostraca (au singulier, ostracon). On pouvait écrire de différentes manières sur les ostraca, soit en pratiquant une gravure, par des incisions, soit bien plus souvent en utilisant de l'encre et un calame ou plus rarement une plume, comme si l'on écrivait sur une feuille de notre papier actuel. Réutilisant un matériau destiné au rebut - fragments de céramiques et d'amphores, éclats de pierre - la pratique de l'ostracon permettait de trouver un support d'écriture bon marché, bien que peu pratique. Elle était donc surtout réservée à des usages éphémères de l'écriture : un vote, la rédaction d'un brouillon, d'un document peu important (aide-mémoire, liste de courses...), d'une lettre peu importante destinée à un correspondant, d'un bref rapport administratif ou militaire, ou encore pour un usage ludique, etc. Après usage les ostraca étaient généralement jetés au dépôt d'ordures : il ne s'agit pas, sauf exception, de documents destinés à être archivés durablement, mais ils permettent en revanche de pénétrer le quotidien des habitants de l'Antiquité.

Ostrakon portant le nom de Thémistocle, 490-480 ou vers 460 a. C. Musée de l'Agora antique d'Athènes.
Source : Wikipédia
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Parfois, la vaisselle peut porter une inscription comme on le voit sur un antique exemple de vaisselle étrusque, datant du VIe siècle avant notre ère et trouvée près du Clivus Capitolinus, à Rome. L'inscription se lit : MI ARAZIIA LARANIIA (c'est le nom de la propriétaire de l'objet).

Sur ces supports très petits, le texte écrit l'est tout autant, se réduisant à une dédicace ou à une indication de nom, tout simplement à une signature.


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