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Pierre

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Les premiers témoins de l'écrit, les plus durables et les plus pérennes, sont les inscriptions sur la pierre. Si c'est une pierre tombale, l'épitaphe est généralement écrite en petits caractères, sur un espace relativement restreint.

Les témoins épigraphiques font partie des « monuments élaborés en plusieurs temps », temps qui distinguent la minute sur support souple, l'ordinatio (l'arrangement) sur la pierre et, enfin, la gravure définitive. Au cours de cette élaboration progressive, le ciseau du lapicide peut avoir été influencé par le ductus (le tracé) de la minute sur support souple qu'il avait sous les yeux et qui lui servait de modèle. On devine combien ces interférences sont intéressantes à étudier quand on dispose des éléments nécessaires pour procéder à cette enquête. Ce qui est d'application pour l'épigraphie antique peut valoir pour les inscriptions médiévales. Il existe donc des liens étroits entre l'épigraphie et la paléographie, et cette relation est tellement intime au Moyen Âge que l'on ne peut les dissocier l'une de l'autre.

L'influence du style épigraphique sur le style paléographique apparaît surtout dans les passages en capitales épigraphiques qui, dans les manuscrits, correspondent à des titres d'ouvrages ou de chapitres. À l'inverse cependant, à l'époque impériale, la diffusion de la capitale dite « rustique » au tracé plus arrondi et fluide, s'étend à l'épigraphie et aux écritures murales. C'est une question de goût, mais aussi de rapidité d'exécution (pour les écritures murales, par exemple les textes politiques) ; cela révèle également une volonté d'imiter les modèles livresques, à cause de la grande diffusion des livres à cette époque .

Naturellement, le tracé des caractères sur un support souple et sensible comme le parchemin ne nécessite pas l'effort soutenu pour vaincre la résistance de la pierre ou de l'ivoire, qui entraîne parfois le graveur à adopter une calligraphie considérablement éloignée de son projet initial. Il en résulte que l'évolution des caractères épigraphiques dans une même région ne suit pas nécessairement la même courbe, si ces derniers sont creusés dans la pierre ou dessinés sur le feuillet d'un codex.

Voici l'épitaphe d'une jeune fille (qui figure dans le recueil des Inscriptiones Graecae [IG], I2, 1014) :

ΣΕΜΑФРΑΣІΚΛΕІΑΣ

KOPEKEKΛEΣOMAI

AIEANTIΓAMO

ΠAPAΘEONTOYTO

ΛAXOΣONOMA

 

ce qui veut dire : « Tombeau de Phrasikléia : je serai appelée vierge à jamais, ayant, à la place du mariage, reçu pour lot des dieux ce nom ».

Mais le cas le plus commun et qui se perpétue encore de nos jours est constitué par les inscriptions sur les pierres tombales. Un exemple antique de ce type d'inscription remonte aux années 300 avant notre ère : il s'agit de la « ciste Ficoroni », exécutée à Rome et écrite en latin. La scène gravée sur le corps du récipient représente la punition d'Amykos et les Argonautes. Sur le couvercle de ce coffre funéraire est gravée une scène de chasse au sanglier et au cerf, et le couvercle est surmonté de statuettes de Dionysos accompagné par deux satyres. Les trois pieds en forme de griffes sont décorés en relief avec les images d'Hercule entre Iolaos et Éros. La partie de l'inscription visible se lit : DINDIA. MACOLNIA. FILEAI DEDIT (CIL I3, 561).


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