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Préparation du parchemin

Icône de l'outil pédagogique Préparation du parchemin

Tension de la peau par Guy Bretagnolle parcheminier contemporain

La préparation du parchemin s'échelonnait de six à douze semaines selon les peaux traitées (mouton, chèvre, veau, agneau) et le résultat souhaité. La première étape ou ébourrage consistait à réduire la peau au derme en ôtant les poils et les lambeaux de chair qui n'avaient pas été éliminés lors du dépeçage de l'animal. Venait ensuite le travail de rivière au cours duquel la peau était débarrassée de ses impuretés dans l'eau. Elle était ensuite plongée dans un bain d'eau et de chaux vive qui pouvait durer une semaine et à la suite duquel on extirpait les poils et la laine. Cette opération appelée pelannage différait selon les régions. Au Proche-Orient, la peau était mise à macérer dans une infusion de substances végétales, parfois mélangées d'urine et d'excréments animaux. Après le pelannage, les peaux retrouvaient un nouveau bain d'eau et de chaux vive d'environ deux semaines. Au cours de celui-ci, la chaux attaquait leurs protéines et leurs lipides, seul le collagène était gardé. Venaient ensuite l'ébourrage et l'effleurage c'est-à-dire le raclage des poils (la bourre) suivi de l'élimination des résidus de chair. Chaque peau était ensuite tendue sur un cadre vertical ou herse, avec des barrettes qui perçaient le bord de la peau et étaient réunies par des cordes à des chevilles plantées sur les bords de la herse. Avant que la peau ne sèche, on la saupoudrait avec de la poudre de craie afin d'absorber la graisse en excès et d'en faciliter le ponçage avec une hachette d'édossage. Ce raclement produisait un blanchiment et une opacification du parchemin. Lors du séchage sous tension, les fibres se disposaient en couches lamellaires parallèles à la surface de la peau et s'orientaient dans le sens des tractions exercées. C'est à cette structure que le parchemin doit la finesse et la souplesse qui le distingue des cuirs tannés et des peaux mégissées. Parfaitement sèche, la peau était poncée sur le côté fleur et le côté chair avec une pierre ponce puis elle était frottée avec une laineuse peau d'agneau.

Exemple d'un atelier de parcheminier
Source image : L'Encyclopédie de Diderot et d'Alembert

La qualité de parchemin obtenue était variable selon les peaux utilisées. La plus fine et la plus blanche est la peau de veaux mort-nés nommée vélin. L'un des critères requis pour désigner une peau de grande qualité est outre sa blancheur et sa finesse, son opacité. L'observation à l'œil nu des manuscrits conservés permet difficilement de reconnaître l'animal dont la peau a été utilisée : les fibres du derme ne présentent pas de différence suffisante d'un type d'animal à l'autre. Par ailleurs, elles n'ont pratiquement pas gardé de trace du traitement chimique qu'elles ont subi. Grâce à des techniques photographiques récentes, on peut toutefois lorsque le poil (la fleur) a été conservé préciser s'il s'agit d'une peau de chèvre, de mouton ou de veau. Lorsque le parchemin a été « effleuré », c'est-à-dire que le poil a été gratté, l'identification de la peau devenue parfaitement lisse des deux côtés est difficile voire impossible.

Selon la nature des peaux utilisées et leur préparation, il existe des différences d'aspect précieuses pour reconnaître la provenance de certains codices. Ceux des scriptoria insulaires des VIe et VIIe siècles ou bien issus de scriptoria du continent qui adoptaient les usages des premiers possèdent ainsi un parchemin épais et rigide.

 

L’étirement de la peau par un parcheminier contemporain. Après le travail de rivière, le pelannage, l’ébourrage et l’effleurage, la peau est étirée. Cette opération nécessite qu’elle soit fixée avec des cordelettes à un cadre généralement de forme rectangulaire. En tendant les cordelettes, la peau est peu à peu étirée. Cette opération doit se faire de la manière la plus régulière possible au fur et à mesure que la peau sèche afin d’éviter des différences trop grandes d’opacité.

Le raclage ou écharnage par un parcheminier contemporain. Alors qu’elle est encore étirée sur son cadre le parcheminier débarrasse la peau des dernières traces de chairs à l’aide d’un couteau en forme de demi-lune, le lunellarium. La peau est ensuite recouverte d’une poudre de craie qui absorbe les dernières traces de graisse animale. Elle est enfin poncée et lissée sur ses deux faces afin de permettre l’écriture.


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