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La conservation : lieux et modes

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Aujourd'hui comme hier, la conservation des écrits se fait de deux façons différentes, soit par accumulation soit par copie (l'édition aujourd'hui). Le premier mode privilégie le livre comme objet matériel, le second prend plus en considération l'œuvre qu'il contient. Dans la société antique - mais n'en est-il pas de même encore de nos jours ? -, la bibliothèque est le lieu privilégié de l'accumulation des livres, tandis que la conservation vivante des textes par le processus de copie se déroule dans des lieux de vie et d'enseignement où le contenu de ces écrits est lu, commenté, étudié. Dans le modèle idéal de bibliothèque, l'idée de production écrite et de conservation des textes se conjugue également avec celle de transmission ; ce modèle disparaîtra à la fin de l'Antiquité.

Considérée dans son ensemble, l'histoire des bibliothèques de l'Antiquité n'est qu'une suite de fondations, de refondations et de catastrophes. Un fil invisible relie tous les efforts que fit la civilisation du monde hellénistico-romain pour sauver ses livres, efforts multiples et trop souvent inefficaces. Tout commence à Alexandrie, à la fin du IVe siècle avant J.-C. : Pergame, Antioche, Rome, Athènes ne sont que des répétitions. Destructions, pillages, incendies frappent immanquablement les grandes collections de livres. Même les bibliothèques de Byzance ne font pas exception. Aussi, ce qui subsiste ne provient pas des grands centres qui sont d'ordinaire les plus vulnérables, mais davantage de la périphérie. Liées aux institutions municipales ou impériales, les bibliothèques étaient de fait plus sensibles aux bouleversements politiques.

À l'exception de celui de la Villa des Papyrus d'Herculanum dont la conservation est due à l'épaisse couche de lave volcanique qui l'a accidentellement recouverte en 79, aucun fonds de bibliothèque antique n'a survécu comme tel. On peut se demander si tous les textes disparus se sont peu à peu évanouis ou s'ils ont été volontairement détruits à certains moments dramatiques de l'histoire. C'est cette dernière hypothèse qu'adopte E. Gibbon (The History and Fall of the Roman Empire III, c. 28 § 2) en évoquant l'acharnement des moines chrétiens d'Alexandrie à détruire le Sérapéion et sa bibliothèque. Les témoignages sur la destruction systématique de bibliothèques restent cependant peu nombreux et sont parfois légendaires. On voit au contraire des empereurs chrétiens comme Constance ou Théodose II prendre des mesures pour préserver les textes de la tradition classique :

Code Théodosien XIV 9, 2 :

IDEM AAA. CLEARCHO P(RAEFECTO) V(RBI). Antiquarios ad bibliothecae codices componendos vel pro vetustate reparandos quattuor Graecos et tres Latinos scribendi peritos legi iubemus. Quibus de caducis popularibus, et ipsi enim videntur e populo, competentes inpertiantur annonae : ad eiusdem bibliothecae custodiam condicionalibus et requirendis et protinus adponendis. DAT. VIII ID. MAI. MOD(ESTO) ET ARINT(HAEO) CONSS.

À Byzance, puis à Damas et à Bagdad, enfin dans les monastères d'Occident, on constate un effort à peu près constant, bien que parfois contesté par des fanatiques de tout poil, pour assurer la conservation de cet héritage. Indépendamment des incendies, largement attestés, des livres ont disparu à toutes les époques parce qu'ils ne représentaient plus rien et n'avaient plus de lecteurs.


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