L'occitan, une langue

Découpage supradialectal de l'occitan

Au-delà de ce découpage en dialectes, basé en grande part sur les limites des anciennes provinces historiques françaises, il est également possible de concevoir un découpage supradialectal de l'occitan (Bec 1973, Sumien 2009) qui dépasse cette classification traditionnelle. Cette conception de la langue occitane permet de décloisonner partiellement les dialectes et de dégager des fonctionnements plus généraux. Elle permet également d'éviter certains classements qui peuvent sembler relativement insignifiants (description du nord-occitan à partir du seul trait d'évolution de CA et GA en cha et ja). La classification supradialectale permet en outre de prendre en compte un certain nombre de caractéristiques communes à l'occitan et au catalan.

Découpage supradialectale de l'occitan
Découpage supradialectale de l'occitanInformationsInformations[1]

Domergue Sumien (2009) a ajouté au découpage supradialectal préconisé par Pierre Bec (1973) un espace qualifié de préibérique. La zone préibérique comprend le gascon, le languedocien et le catalan et se caractérise par le bétacisme ([b] seul pour [b] et [v] ailleurs), la spirantisation de [b], [d], [g] en [β, ð, ɣ] en position intervocalique et une conservation plus forte des oppositions entre [r] et [rr].

Dans cette zone préibérique, on distinguera l'aquitanopyrénéen (languedocien méridional, gascon, catalan) qui se caractérise par quelques traits spécifiques : palatalisation de -iss en [(i)ʃ] (caissa lg., caisha gasc., caixa cat., « caisse »), évolution générale de -CT latin ou -HT francique en -it o -t (ag(u)aitar « regarder », punt « point »), palatalisation de -ai en -èi (tonique) ou -ei (atone), pouvant se réduire a -è (parlarèi, parlaré « je parlerai »), réduction des affriquées de [d͡ʒ] a [ʒ] (jòc oc., joc cat., « jeu »). Absence du glide [ɥ] : pour « aujourd'hui » [ˈɥεj] et « feu » [ˈfɥɔk] attestés ailleurs en occitan, on trouve uei [ˈwej], huec  [ˈhwek] en gascon, uèi [ˈbεj] , fòc [ˈfɔk] en languedocien méridional, avui [әˈβuj] , foc [ˈfɔk] en catalan.

L'espace averno-méditerranéen se caractérise par l'absence de bétacisme, la réalisation occlusive de [b], [d], [g], une tendance plus forte à la semi-nasalisation (pouvant aller jusqu'à la nasalisation complète dans les zones septentrionales), une tendance à l'évolution des oppositions entre rhotiques (/R/~/r/ ou uniformisation en /r/ o /R/).

Cette zone se subdivise en deux ensembles distincts : le niçardo-alpin (niçard, alpin) plus conservateur que le reste de l'ensemble, notamment par son maintien des occlusives finales [p], [t], [k] ainsi que de [tʃ] et des groupes consonantiques plus complexes qu'ailleurs (mais dans un moindre mesure en niçard qui ne réalise pas -s final du pluriel), tandis que le transoccitan (provençal général, vivaro-daufinois, auvergnat, limousin) se caractérise par l'amuïssement des occlusives finales et de [tʃ].

  1. Auteur : Domergue Sumien Paternité

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