sommaire objet l'usage glossaire bibliographie sitographie

Ecriture latine

Icône de l'outil pédagogique Écriture latine

Durant les neuf siècles qui vont, en Occident, de la fondation du Vivarium à l'invention de l'imprimerie par Gutenberg, la technique du livre proprement dite a fort peu évolué, à part la substitution graduelle et partielle du papier au vélin, mais la forme des caractères s'est assez profondément modifiée : les Romains, comme les Grecs, sont restés longtemps fidèles à une forme de lettres monumentales, celles qu'offrent les inscriptions, conservées dans nos majuscules actuelles.

À partir des IVe-Ve siècles, nous avons les premiers manuscrits conservés d'auteurs classiques, et surtout de Virgile ; nous assistons également à la floraison des textes des Pères de l'Église, mais aussi à celle de la littérature païenne après le « trou » des IIe-IIIe siècles. Il y a eu des lettrés pour s'intéresser à la littérature classique, la corriger... De cette époque datent quelques-uns des grands et magnifiques manuscrits de Virgile.

Manuscrit du XI-XIIe siècle, du De laudibus Sanctae Crucis ou De Cruce de Raban Maur (780 ?-856).
Voir la transcription du manuscrit.

À côté de l'onciale, écriture des manuscrits de luxe des premiers siècles de notre ère, la capitale classique et la capitale rustique (la plus « chic ») sont l'écriture normale des libraires ; elle évolue lentement vers une minuscule, la minuscule primitive, constituée vers le milieu du IIIe siècle, et dès lors employée dans tous les manuscrits courants. Celle-ci est à l'origine de toutes les écritures latines usuelles des époques suivantes.





Manuscrit du XI-XIIe siècle, du De laudibus Sanctae Crucis ou De Cruce de Raban Maur (780 ?-856)
C'est une copie de la rédaction adressée et dédiée à Louis le Débonnaire, avec le portrait en pied de ce prince. Bien que le manuscrit soit tardif, la capitale a été adoptée comme écriture d'apparat pour une présentation plus majestueuse sans doute et une meilleure lisibilité, du fait de la surimpression de l'image. Il s'agit ici, au fol. 1v (H 16), de l'image dite de César, en réalité dédiée à Louis le Débonnaire, au tout début des Louanges de la Sainte Croix.



L'écriture onciale (IIIe-IXe siècle)

L'écriture onciale (IIIe-IXe siècle), dont le nom apparaît pour la première fois chez saint Jérôme (Prologue au livre sur Job) : uncialibus, ut aiunt, litteris, n'est pas l'écriture normale des travaux de librairie, c'est-à-dire des copistes. C'est une écriture livresque de caractère non commun, utilisée pour des ouvrages précieux. L'origine de cette écriture est controversée : résulte-t-elle d'une modification de la capitale ? Est-ce un compromis capitale-cursive ? Dérive-t-elle d'une écriture grecque par le biais de la Bible ? On ne sait. Écriture de luxe, l'onciale latine ne peut être supposée à l'origine de l'écriture dite minuscule. En réalité, l'écriture a une histoire continue, avec une lente évolution morphologique, à partir du type de la capitale utilisé dans les livres au début de notre ère. Peu à peu, vers le milieu du IIIe siècle, se constitue une véritable minuscule, qui est au point de départ de toutes les écritures latines usuelles des époques suivantes. C'est cette minuscule qu'on apprenait à écrire à l'école, l'ancienne capitale ayant été supplantée et ne servant plus que de majuscule, comme on dirait aujourd'hui. C'est cette « minuscule primitive » qui a évolué régulièrement jusqu'à l'époque de Charlemagne, donnant naissance, à partir du IVe siècle, à une « cursive récente », puisqu'aussi bien il fallait toujours une écriture courante à côté de l'écriture de livre. Les particularités et l'évolution de la « minuscule primitive » étaient dues en grande partie à la substitution du codex au volumen. Quand, au lieu d'écrire sur un rouleau déployé, on a pu avoir sous la main une feuille mobile de parchemin, on a trouvé commode de la pencher. De cette inclinaison du papier et des principaux changements qu'elle entraînait résultent les caractéristiques essentielles de cette nouvelle écriture, notamment en ce qui concerne les pleins et les déliés.

L'onciale ne disparaît pas après le IXe siècle, mais n'apparaît plus que dans les titres ou les premières lignes d'un texte. Cette écriture présente des lettres communes avec la capitale, mais aussi des lettres rondes (a, d, e, m, h). Elle sert pour ce qui n'est pas poésie, pour les textes plus techniques et religieux.



L'écriture semi-onciale

La datation de la semi-onciale est encore plus difficile à déterminer que la précédente, parce qu'elle a subi peu d'influences, et, par là, peu de changements. Il faut cependant noter qu'au début, la semi-onciale ne présente pas d'ornement, et, dès lors, le tracé est assez simple. Les parties rondes des lettres a, b, d, p, q sont un peu ouvertes et, par ailleurs, on n'use pas de ligature (les lettres ne sont pas accrochées ensemble). Plus tard (VIIe-VIIIe siècles), comme dans le cas de l'écriture onciale, la semi-onciale s'enrichit d'ornements et les parties rondes deviennent absolument fermées.

Ensuite la situation se dégrade : de 550 à 750 - âges « ténébreux » du Moyen Âge -, on ne copie plus de classiques ; tout au plus aime-t-on à en conserver quelques-uns dans les monastères. Quelques moines éclairés estiment malgré tout l'apport païen et sauvent des manuscrits ; ainsi de Cassiodore qui, au monastère du Vivarium, en Calabre, à partir de 540, réunit et conserve. Entre le VIe siècle et l'avènement de Charlemagne, la culture se réfugie dans certains monastères et ateliers de copistes. La capitale est abandonnée, l'onciale peu utilisée.



Les écritures nationales

On voit apparaître des écritures nationales qui diffèrent selon les pays.

► L'écriture mérovingienne qui a fleuri en France du VIe au VIIIe siècle. C'est une écriture de documents de chancellerie (documents écrits officiels qui relèvent de la diplomatique), utilisée accessoirement pour les livres. Les paléographes distinguent les types :
- de Luxeuil,
- de Laon,
- de Corbie.

S'y rattachent les écritures des scriptoria de Cologne, Felda, Reichenan, St-Gall, Ratisbonne. C'est une écriture très irrégulière et embrouillée, à jambages échevelés.


► L'écriture wisigothique est utilisée dans la péninsule ibérique : jusqu'au début du Ve siècle, sous la domination romaine, la situation culturelle de cette péninsule s'était améliorée. Nombreux étaient ceux qui apprenaient à lire et à écrire et qui connaissaient bien les différentes écritures de l'Empire romain entier, c'est-à-dire l'onciale, la semi-onciale pour les livres, et la minuscule cursive pour les documents et pour la rédaction quotidienne des lettres.

Même les Barbares (Vandales, Suèves, Alains) qui, au début du Ve siècle, ont pénétré en Espagne (où sont arrivés aussi les Wisigoths) n'étaient pas hostiles à la culture romaine. Ainsi, les maîtres wisigoths utilisaient-ils la langue latine et conservaient-ils les formes d'écriture utilisées jusque là.

Nous ne savons pas exactement à quel moment ont été élaborées les caractéristiques de l'écriture wisigothique. Entre autres difficultés, on conserve très peu de manuscrits de la période où dominèrent les Wisigoths (milieu Ve-premier quart VIIIe siècle). Malheureusement, il ne nous est parvenu aucun document de la chancellerie wisigothique dans sa forme originale. Cette écriture se serait élaborée durant la première moitié VIIe siècle.

Son évolution est liée à l'influence des envahisseurs musulmans qui ont pénétré dans la péninsule par le détroit de Gibraltar à partir de 711. Une partie de la population romano-wisigothique vivait avec les Musulmans et ils ont été appelés Mozarabes (ils utilisaient l'écriture latine).

La situation politique se fait sentir aussi dans l'écriture. Cela conduit à faire la distinction entre la forme d'écriture dans la partie de la péninsule ibérique dominée culturellement par les Musulmans (le Sud) et la forme d'écriture dans la partie libre d'influence musulmane et arabe (le Nord), surtout à Ripoll, Tolède, Burgos, bien que peu de manuscrits classiques aient été concernés ; cette forme d'écriture présente des formes spéciales (g, t) et un système d'abréviation particulier.


C'est un type d'écriture serrée dans ses lettres, avec l'ajout de petits signes qui indiquent les abréviations, ce qui reflète, dans un certains sens, l'influence de la culture musulmane alors dominante dans la péninsule ibérique. D'abord longues et formées au moyen de traits simples, les hastes ont plus tard (XIe siècle), dans leur partie supérieure, une plus grande épaisseur d'encre parce que cette partie a été réécrite au calame.

Principaux centres culturels de l'Europe médiévale


► L'écriture insulaire

L'écriture insulaire est celle des Irlandais et des Anglais qui ont échappé aux invasions germaniques et conservent une tradition classique : Colomban en Irlande, Aldelm et Bède près d'Oxford. Ils font des copies en écriture irlandaise ou insulaire et accomplissent aussi un travail de missionnaires : ils fondent sur le continent des monastères qui sont des centres de recueil et de copie des manuscrits, comme Fulda en Allemagne, Reichenau, Hersfeld et Murbach.

Cependant, un grand nombre de textes sombrent dans l'oubli pendant cette période. Certains étaient conservés en un exemplaire unique, à la merci du premier incident. Pour certains auteurs, nous n'avons plus de manuscrits, mais l'édition princeps, comme pour Velleius Paterculus et pour une partie de l'œuvre de Tacite. Vers les VIIe-VIIIe siècles, on prend aussi l'habitude des palimpsestes : on efface ainsi des textes classiques de grande valeur, définitivement perdus.

L'écriture insulaire se caractérise par le fait que, ayant subi une forte influence romaine durant le VIIe siècle, elle présente un mélange d'écritures que nous connaissons (par exemple, elle utilise l'onciale), mais quelques lettres comme le C, N, R et V en capitales. Les lettres initiales sont typiquement ornées, avec des points tout autour.



Ces écritures nationales, avec les problèmes de lecture qu'elles posent aux autres, entraînent le besoin d'une écriture « internationale ». Ce besoin se fait sentir à l'époque de Charlemagne.

Interviennent également des éléments culturels : Charles Martel refoule l'invasion arabe en 732. Son fils Pépin le Bref se fait couronner roi en détrônant Chilpéric III et se fait sacrer par le pape. Son petit-fils est Charlemagne (768-800 : roi des Francs, puis 800-814 : empereur d'Occident), qui, comme Auguste, au sortir d'une période difficile et troublée, se donne un pouvoir fort et restaure la paix. Il est le rassembleur de l'Europe occidentale, de l'Elbe à l'Ebre et de la Hollande à Naples, avec des enclaves : les Etats du pape, sur lesquels il exerce cependant une sorte de protectorat.

Louis le Pieux (814-840), son fils, maintient son empire qu'à sa mort se partagent ses fils :

  • Lothaire l'aîné, empereur, a la Lorraine,
  • Louis le Germanique l'Allemagne,
  • Charles le Chauve la France,
en vertu du traité de Verdun. Et en 842, Louis et Charles prêtent serment, à Strasbourg, d'assistance mutuelle.

Du milieu du VIIIe (Pépin le Bref) au milieu du IXe siècle, il a donc existé un pouvoir carolingien, fort étendu, sanctifié par le pape et l'Église, et une période de paix. D'où une période de renaissance, « renaissance caroline ou carolingienne », à l'instigation de Charlemagne qui était cultivé (il savait lire, écrire, connaissait le latin et comprenait le grec ; il avait lu les auteurs latins, en particulier les encyclopédistes comme Martianus Capella et Cassiodore). Il s'intéressait à la théologie, veillait à ce que les clercs fussent instruits ; il a ouvert de nombreuses écoles épiscopales et monastiques. Dans son palais, il ouvre l'école « palatine », où il fait venir les savants les plus réputés, et constitue une bibliothèque importante : il y rassemble les textes des Pères de l'Église, mais aussi les classiques latins. À sa mort, sa bibliothèque devait être vendue au profit des pauvres. Nous avons un catalogue partiel de cette bibliothèque datant des années 790. On copie aussi tout ce que l'on peut, en translittérant en minuscules (à Corbie, Lorsch, Felda, Hersfeld, Tours, Saint Denis, Saint Gall, Bobbio).

 

La minuscule caroline

Charlemagne rassemble autour de lui les hommes les plus érudits de son temps : Alcuin (Anglais d'York), Eginhard (qui écrit la Vie de Charlemagne sur le modèle de Suétone, et donne par là de nombreux renseignements concrets), Clément d'Hibernic (Irlandais), Théodulf (évêque d'Orléans, Wisigoth), Pierre de Pise (Italie) et Paul le Diacre (Italie). De multiples écrivains gravitent autour de Charlemagne cf. Monumenta Germaniae Historia (abréviation MGH) : collection qui contient les textes tardifs comme ceux de Claudien, Ausone, Fortunat, Symmaque... et des auteurs médiévaux (Poetae Aevi Carolini, abrév. PAC). La renaissance paléographique est concomitante : c'est alors en effet qu'apparaît la minuscule caroline, qui va rapidement faire tomber en désuétude les écritures nationales. Cette écriture claire et élégante se caractérise par des lettres séparées, aux formes claires, et on commence à séparer distinctement les mots. Enfin, on pratique la translittération, c'est-à-dire qu'on recopie les manuscrits d'onciale en caroline.

À l'époque de Charlemagne, un programme d'enseignement en plein essor, fortement organisé, parti de la cour pour gagner monastères et cathédrales, exigeait bien sûr des livres ; on en produisit en grande quantité, dans une agitation fébrile qui sauvegarda la majeure partie de la littérature latine. Cet ordre nouveau, dans son souci du détail et de l'uniformité, fit adopter universellement un nouveau type d'écriture, la minuscule caroline. Si elle apparut trop tôt qu'on puisse y voir l'influence de Charlemagne ou d'Alcuin, c'est cependant grâce à eux qu'elle s'est généralisée et raffinée. À la fin du VIIe siècle et pendant le VIIIe siècle, on chercha partout à mettre au point une écriture économique et moderne : elle s'imposait.

La caroline est l'écriture la plus familière aux éditeurs des textes latins. C'est une écriture de style, créée à partir de la minuscule. On choisit consciemment entre plusieurs types de lettres possibles. Il s'agit donc d'une réforme délibérée qui crée une écriture de style, et choisit, pour chaque lettre, la forme la plus apte, par une sorte de rationalisation ou de normalisation, à partir de divers types existant alors. Elle a eu un succès fort durable, car nos minuscules typographiques sont (encore !) des carolines.

Cf. texte d'Horace Odes IV, 1 (v. 1-28) : folio 42v (H 425) qui porte en lettres rouges l'explicit du livre III et l'incipit du livre IV des Odes.

Manuscrit contenant les œuvres d'Horace (Quintus Horatius Flaccus, 65-8 avant J.-C.), Carmina, Epistolae, Sermones.
Source : fonds ancien de l'École de Médecine de Montpellier, cote : H 425, du Xe siècle.
Voir la transcription du manuscrit.

Les œuvres d'Horace sont précédées d'un alleluia, avec les notes anciennes, et de différentes petites pièces en latin, sur divers animaux, sur la durée de leur vie, qui est marquée en chiffres romains sur la marge. Puis : « ÆDICTUM QUINTI HORATII AD LIBRUM IN QUO VITAM SUAM LATENTER INSINUAT. » « Vertunnum, Janumque, liber, spectare videris». Desinit : « Collegam Lepidum quo duxit Lollius anno. EXPLICIT VATICINIUM VATIS AD LIBRUM. » La glose, assez étendue pour les trois premières odes d'Horace, devient plus rare dans le reste du manuscrit ; souvent des pages entières en sont dépourvues. Elle commence ainsi : « Mecenatem alloquitur indicans alium ab studio hoc teneri quod appetuntur vel lucri cupiditate vel gulæ. Se vero poetria delectari et inter Deos misceri si numero lyricorum poetarum ascriptus fuerit. Mecenatem quoque ait atavis regibus editum quod a nobilibus Etruscorum ortus sit. » « Presidium et defensio illi erat quoniam non solum a morte illum salvavit dum comprehensus esset ab illo, sed insuper Augustum conciliavit ei. Deus illi erat sive ornamentum quod amicicia tanti viri magnum honorem præstabat illi. » Au dernier feuillet, on lit : « EXEMPLARIA SILLABARUM. Solutio est cum pro longa sillaba due breves ponuntur. Pentimemeris est cum duos pedes sequitur sillaba que partem terminat orationis. » Suivent encore quelques lignes sur la manière de scander les vers. Enfin, ce précieux manuscrit est terminé par la lettre IX « Septimius, Claudi, nimirum intelligit unus, » qui ne se trouve pas dans le premier livre des épîtres d'Horace.

Pendant huit siècles, jusqu'à l'invention de l'imprimerie et même au-delà, ce type d'écriture a régné en maître. Cependant, l'unité de l'écriture européenne, recréée par la caroline, ne tarde pas à s'estomper, comme disparaît l'unité politique de l'Empire carolingien. Dès le XIe siècle, la ligne continue des lettres carolines se fragmente en plusieurs traits pleins, réunis par de petits déliés ; c'est l'écriture brisée (XIe-XIIIe siècles), qui évolue (fin XIIe-XIVe siècles) vers l'écriture gothique, dans laquelle les angles aigus, remplaçant les courbes, répondent à la substitution, en architecture, de l'ogive et de l'arc brisé à la voûte de plein cintre romane. Enfin, en Italie, les humanistes restaurent, au XVe siècle, la caroline des Xe-XIe siècles, sous le nom d'humanistique, et cela sous deux formes : une droite, écriture de librairie, et une cursive penchée. Les manuscrits en caroline sont souvent les plus anciens témoins d'un texte (IXe-Xe siècles) ; et, alors que l'écriture caroline évolue jusqu'au XIe siècle, les autres écritures vont néanmoins coexister.

L'imprimerie, peu de temps après, utilisera les diverses formes de caractères que lui offrent les calligraphies gothique et humanistique.

Parmi les écritures les plus tardives, la gothique, dont la diffusion a été énorme, n'offre pour nous d'autre intérêt que de nous montrer un style qui, par la substitution d'angles aigus aux courbes, « coïncide étrangement avec l'expansion de l'ogive et de l'arc brisé dans l'architecture » (R. Marichal). L'usage de la plume d'oiseau, qui se substitue à celui du calame, a peut-être favorisé cette évolution vers un maniérisme plein de virtuosité.

La bâtarde, née de la gothique, exprime par son nom même son caractère ambigu: elle est adaptée à la fois à l'exécution des livres et à celle des documents (chartes, etc.). Elle trouva un débouché naturel dans les livres de langue vulgaire. Elle est assez arrondie, mais les lettres sont liées (le texte est donc difficilement lisible) ; elle fleurit aux XIII-XIVe siècles (au XIVe siècle, peu de manuscrits pour les classiques latins et grecs), avant de connaître une ultime floraison à la fin du XIVe siècle et dans la première moitié du XVe siècle : les manuscrits dits - UOH - UM3 recentiores (tardifs) sont en minuscule gothique.

L'humanistique enfin, née en Italie en même temps que se restauraient les lettres latines, marque un retour vers l'élégance et la clarté, qu'on croyait convenir seules à la pensée antique. Encore mal dégagée de la gothique au XIVe siècle, elle imite au siècle suivant l'écriture des manuscrits de l'époque carolingienne et sert pour la reproduction des œuvres littéraires de l'Antiquité.

Au XVe siècle apparaît l'imprimerie, avec la fameuse Bible de Gutenberg (1450-1455). On voit fleurir les éditions princeps entre 1460 et 1490 : de fort nombreux textes antiques sont ainsi sauvés, le problème n'étant plus que celui de leur amélioration et leur diffusion. Ce fut l'œuvre des grands humanistes du XVIe siècle tels que Guillaume Budé ou la famille Estienne, en France, Érasme aux Pays-Bas, etc.


Crédits - UOH - UM3