Gestions des plurilinguismes
Cours

Quel avenir pour le modèle de politique linguistique et éducative appliqué en Voïvodine ?

Avant de conclure sur l'exemple de politique linguistique et éducative appliquée en Voïvodine, nous avons envie de pointer du doigt un problème, à notre sens majeur, auquel est confronté l'enseignement en langues minoritaires de façon générale, et non seulement en Voïvodine. C'est le manque de moyens en ressources pédagogiques (les manuels, la méthodologie) et humaines (pénurie d'enseignants formés), qui se traduit par conséquent par une asymétrie dans les performances et les résultats que le public serait en droit d'attendre d'un tel enseignement. La question des quotas d'élèves, stipulant qu'il faut un certain nombre d'élèves inscrits pour ouvrir une classe dans une langue minoritaire, qui obéit à une logique élémentaire de gestion, grève d'autant plus la disponibilité des infrastructures éducatives pour les minorités dans des localités dont la natalité est en baisse, ou dont le solde migratoire est négatif. La question de l'autonomie et de la pertinence des contenus d'enseignement – le recours, même occasionnel, à des manuels non adaptés au contexte local – incite à suggérer que l'une des solutions consisterait à donner les moyens aux écoles minoritaires de fonctionner comme des centres de développement pédagogique et de rayonnement culturel, ce qui ne va pas de soi, ni en termes de financement, ni en termes géopolitiques.

Cependant, il nous semble que malgré ces imperfections, le cas de la Voïvodine mérite d'être connu. La complexité et les contradictions de son aménagement linguistique et de ses aménagements linguistiques successifs au cours des deux derniers siècles apparaissent comme autant de modalités de l'aménagement linguistique et de politique linguistique balkanique, mais aussi d'Europe centrale et orientale. Surtout, dans un monde où l'on cherche des modèles pour développer l'intégration des minorités linguistiques et culturelles, dans un contexte d'effacement des frontières, de constitution d'arcs d'intégration socioéconomique et de régions transfrontalières, sans compter les reconfigurations d'États-nations en Europe centrale et orientale, le cas de la Voïvodine est particulièrement instructif, dans la mesure où il offre une occasion rare d'observer les conséquences bénéfiques sur le tissu social local d'une politique d'aménagement linguistique réellement pluraliste, avec un véritable fonctionnement institutionnel.

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