Vice-présidente depuis 2023, Sylvie Canat, œuvre avec le soutien de la Présidence et des services dédiés (Handi-Études, Handinnovation, Handi-RH, Service santé étudiante et référents handicap) à la mise en place d'une université inclusive pour ses étudiants et ses personnels en situation de handicap. Tour d'horizon des actions entreprises.
Pouvez-vous nous rappeler globalement ce que recouvre la notion de “situation de handicap” ?
Sylvie Canat : Cette notion s'appuie sur la loi n° 2005-102 du 11 février 2005 pour l’égalité des droits et des chances, la participation et la citoyenneté des personnes handicapées. Ce qui nous importe, dans cette démarche, c'est de bâtir un cadre et des pratiques les plus inclusives possibles pour que tous nos étudiants aient accès à la vie du campus. Pour cela, nous essayons de répondre au mieux à leurs besoins spécifiques en coconstruisant avec eux et les partenaires qui œuvrent avec nous, des solutions pédagogiques et institutionnelles adaptées.
Depuis la création de la mission Handicap en 2021, puis votre vice-présidence déléguée aux situations de handicap, quel bilan dressez-vous de la situation du handicap au sein de l'université ? Et comment cela se traduit il spécifiquement pour les personnels ?
Sylvie Canat : De plus en plus d’étudiants en situation de handicap se déclarent auprès de nos services. Nous en comptons aujourd'hui 1200, sachant que ce chiffre ne représente qu'une partie de la réalité. Le Service Handi-Études constate ainsi une augmentation des demandes de parcours personnalisé et d'aménagement d'études tout comme le Service de santé étudiante (SSE). Le Service RH dédié au personnel en situation de handicap fait face, de son côté, à la même situation. Cette année, nous prévoyons de conclure une convention avec le Fonds pour l'insertion des personnes handicapées dans la fonction publique (FIPHFP). Si l'Université obtient ce conventionnement, le recrutement de bénéficiaires de l'obligation d'emploi (BOE) se verra augmenter dans les années à venir.
Peut-on parler d'un bilan positif concernant la situation du handicap au sein de l'université ?
Oui, en effet, on constate une évolution notable et encourageante. Au-delà des bons chiffres, c'est surtout la qualité de l'accompagnement qui a progressé. Il est désormais beaucoup plus adapté, avec des formations délivrées chaque année pour les personnels et les étudiants (Handi-Formations, au nombre de 7 par an, retransmises sur la chaîne Handi-UMPV). Des recherches sur la pédagogie universelle (obtention d'un appel à projet dans le cadre de MIRANDA) sont également menées. On observe des changements au niveau des représentations des personnels, des montées en compétences des professionnels, et un désir partagé de construire une université sensible aux parcours empêchés.
Depuis 2021, nos partenaires locaux et nationaux ont appris à nous connaître et nous aident pour les situations qui dépassent le cadre universitaire (vie sociale, problèmes de soin, isolement, groupes d'entraide, etc.). Il s'agit, par exemple, du Centre de ressources autisme Languedoc-Roussillon (CRA) et du Centre d'excellence autisme et des troubles du neurodéveloppement (CeAND) qui met à notre disposition un MOOC gratuit et accessible à tous.
Nous sommes avec l'Université de Toulouse, la première université française à avoir été labellisée Atypie-Friendly pour les étudiantes ou étudiants ayant des troubles du neurodéveloppement.
En 2025, lors des journées nationales des référents handicap, l'Université Paul-Valéry a, à la demande de la Direction générale de l'enseignement supérieur et de l'insertion professionnelle (DGESIP), présenté aux autres universités françaises sa stratégie et ses outils telles que les cartographies ou les permanences des partenaires au sein d'Handi-Études.
Dernièrement, nous avons été sollicités, par le rectorat et la délégation interministérielle pour les troubles du neurodéveloppement, pour expérimenter un dispositif d'autorégulation. Cette étude sera financée par l'Agence régionale de la santé (ARS) et devra proposer des livrables pour les autres universités. Ces dispositifs d'autorégulation sont des outils intéressants pour sécuriser les parcours et éviter les décrochages des étudiants concernés.
Les défis liés au handicap nécessitent souvent des coopérations multiples et des partenariats élargis. Pourriez-vous nous présenter les grandes lignes de ces collaborations ?
Sylvie Canat : Comme dit précédemment, nous avons des partenaires engagés qui soutiennent notre politique inclusive : partenaires publics (CHU, Fonction territoriale), privés (clinique du Vignogoul, secteur médico-social, Maison de l'autonomie, associations, GEM), la Métropole (nous faisons partie du Conseil local en santé mentale), le milieu de l'insertion professionnelle (Cap emploi, ARPEJEH…), l'UGECAM ou encore le Centre de rééducation et de réinsertion professionnelle (CRIP). Des cartographies ont été réalisées afin de bien les identifier et de mettre en place des conventions et des circuits courts d'adressage.
Un Pôle de compétences externalisées (PCPE) a été mis en place avec l'ADAGES, le CRA et le rectorat. Handi-Études fait appel à leurs compétences pour des situations critiques et nécessitant l'intervention de professionnels du médico-social dans la sphère privée de l'étudiant. Une convention vient également d'être signée avec le CRIP qui attribue 10 places à nos étudiants en situation de handicap dans le cadre du dispositif de formation accompagnée (DAF). Plusieurs conventions de mécénat nous permettent de co-financer les journées de sensibilisation. Dernièrement, une importante journée "activité sportive et handicap" a ainsi pu être sur coorganisée par l'Université avec le CDG34. Enfin, un partenariat très étroit s'est construit avec Atypie-Friendly (label Atypie-Friendly) et les universités et écoles Atypie-Friendly.
Au-delà des réalisations déjà évoquées, quels sont les principaux défis que la vice-présidence déléguée aux situations de handicap devra relever dans les prochaines années pour continuer à améliorer l'inclusion au sein de l'université ?
Sylvie Canat : Nous visons d'abord à formaliser notre engagement par le conventionnement FIPHFP, ce qui renforcera nos moyens d'action. Parallèlement, nous mettrons en place le dispositif d'accompagnement renforcé (DAR), avec un livrable attendu d'ici fin mai 2026, et procéderons à la réécriture du schéma directeur du handicap (SDH) afin d'actualiser et optimiser nos politiques.
Un effort particulier sera également porté sur l'accompagnement des jeunes, notamment par la mise en œuvre d'un dispositif de type "Plan personnalisé de coordination des parcours" (PCPE) spécifiquement conçu pour les étudiants souffrant de troubles psychiques. Pour soutenir l'ensemble de ces actions, nous prévoyons de renforcer nos services en augmentant le nombre de référents handicap.
Une université inclusive participe à la construction d'une société bienveillante pour tous.
Nous envisageons la mise en place d'une application smartphone dédiée aux personnels et aux étudiants, facilitant l'accès à l'information et aux ressources. Enfin, nous développerons la recherche sur les pédagogies les plus adaptées et inclusives, car une université inclusive doit activement participer à la construction d'une société bienveillante pour tous. L'ensemble de ces actions témoignent de notre engagement continu pour bâtir une université véritablement inclusive.







