Mme Laudy ARIDA
Soutiendra vendredi 27 juin 2025 à 14 h
Salle des Actes n° 011 à l’Université de Montpellier Paul-Valéry, Site Saint-Charles 1
une thèse de DOCTORAT
Discipline : Sciences du langage
Titre de la thèse : Disfluences et facteurs linguistiques : comparaison entre locuteurs qui bégaient et ne bégaient pas
Composition du jury :
- M. Benoît AMY DE LA BRETÈQUE, Praticien hospitalier, expert
- Mme Ivana DIDIRKOVA, Maîtresse de conférences, Université de Montpellier Paul-Valéry, codirectrice de thèse
- Mme Christelle DODANE, Professeure, Université Sorbonne Nouvelle
- M. Fabrice HIRSCH, Professeur, Université de Montpellier Paul-Valéry, directeur de thèse
- Mme Sylvie MORITZ-GASSER, Professeure, Université de Montpellier
- M. Rudolph SOCK, Professeur, Université de Strasbourg
Résumé de la thèse :
De nombreux facteurs linguistiques, tels que les relations entre la classe grammaticale de l’unité lexicale, son degré de complexité phonétique, sa longueur, la structure de la syllabe, les traits ainsi que le contexte articulatoires ont été étudiés en vue de connaitre leur influence sur le bégaiement. La plupart de ces travaux ont porté sur l’anglais et se sont concentrés sur un facteur. Tenant compte de cela, l’objectif de cette thèse était d’analyser les relations entre les traits lexicaux, phonologiques et phonétiques et l’apparition des disfluences chez des locuteurs adultes francophones qui bégaient et qui ne bégaient pas dans différentes tâches d’élocution.
9 locuteurs adultes francophones qui bégaient (PQB) et 9 qui ne bégaient pas (PQBP) appariés en âge, genre et catégorie socio-professionnelle ont pris part à cette étude. Des corpus de parole semi-spontanée et de lecture ont été recueillis puis transcrits, avant l’annotation des autres disfluences (AD) et des disfluences typiques du bégaiement (DTB).
Nos principaux résultats ont montré que les mots de fonction constituent la classe grammaticale la plus disfluente aussi bien en lecture qu’en parole semi-spontanée chez les PQB, ainsi qu’en parole semi-spontanée chez les PQBP. En ce qui concerne la complexité phonétique, nos résultats suggèrent qu’elle ne donne pas lieu à des difficultés particulières dans les deux groupes de locuteurs, peu importe la tâche. Les deux groupes ont émis davantage d’AD sur les unités lexicales monosyllabiques que multisyllabiques en parole semi-spontanée. L’inverse a été noté pour les DTB qui ont été plus nombreuses sur les unités lexicales multiyllabiques en parole semi-spontanée. En outre, il a été relevé que la syllabe simple est l’élément le plus touché par les disfluences en parole semi-spontanée dans les deux groupes de locuteurs. De plus, les syllabes initiales ont été généralement plus disfluentes que celles qui occupent une position non initiale, et ce, dans les deux groupes de locuteurs en parole semi-spontané et en lecture chez les PQB dans les DTB. En ce qui concerne l’étude des traits articulatoires, les résultats ont montré que les PQB présentent plus de DTB sur les consonnes, les sons non-voisés, et les consonnes orales, et ce, dans les deux tâches proposées. Quant à l’étude du contexte articulatoire, elle a démontré qu’en parole semi-spontanée, les PQB ont présenté plus de DTB sur : (1) les consonnes suivies d’une voyelle par rapport à celles suivies d’une consonne, (2) les sons non-voisés suivis d’un son voisé par rapport à ceux situés avant un son non-voisé, (3) les sons voisés précédés et suivis d’un son voisé, (4) les sons antérieurs suivis d’un son postérieur. Chez les PQBP, les résultats du modèle mixte ont mis en évidence l’effet significatif des variables suivantes : classe grammaticale, complexité phonétique et syllabique sur la fluence de la parole. Chez les PQB, le nombre de syllabes et le type de sons ont été significativement associés à la fluence/disfluence.
Pour conclure, nous pouvons dire que la plupart des résultats relatifs aux DTB montrent le rôle central des contraintes motrices (difficultés dans la planification et l’initiation motrice et dans la production de sons qui demandent plus d’effort musculaire) et sont étroitement liés aux fondements théoriques des techniques de rééducation utilisées dans la prise en charge du bégaiement. En outre, les résultats obtenus indiquent que les mécanismes sous-jacents aux DTB diffèrent de ceux des AD.
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Many linguistic factors, such as the relationships between the grammatical class of the lexical unit, its degree of phonetic complexity, its length, the syllable structure, the articulatory features and context, have been studied for their influence on stuttering. Most of these studies have focused on English and have targeted one factor. The aim of this thesis is to investigate the relationships between lexical, phonological, and phonetic features and disfluencies in French adult stutterers and non-stutterers across various speech tasks.
9 French-speaking adults who stutter (PWS) and 9 who do not stutter (PWNS), matched in age, gender, and socio-professional category, took part in the study. Semi-spontaneous speech and reading corpora were collected and transcribed, before annotating other disfluencies (ODs) and stuttering like-disfluencies (SLDs).
The main results obtained showed that function words constitute the most disfluent grammatical class in both reading and semi-spontaneous speech in PWS, as well as in semi-spontaneous speech in PWNS. With regard to phonetic complexity, our results suggest that it does not lead to particular difficulties in the two groups of subjects, in either task. Both groups emitted more ODs on monosyllabic than multisyllabic lexical units in semi-spontaneous speech. The opposite was noted for SLDs, which were more numerous on multisyllabic lexical units in semi-spontaneous speech. Furthermore, it was found that the simple syllable was the element most affected by speech interruptions in semi-spontaneous speech in both groups of speakers. Moreover, initial syllables were generally more disfluent than those occupying a non-initial position for both groups of speakers in semi-spontaneous speech and in reading among PWS in SLDs. In regards to the study of articulatory features, the results showed that PWS presented more SLDs on consonants, unvoiced sounds, and oral consonants in both proposed tasks. As for the study of articulatory context, it showed that in semi-spontaneous speech, PWS presented more SLD on: (1) consonants followed by a vowel compared with those followed by a consonant, (2) unvoiced sounds followed by a voiced sound compared with those before an unvoiced sound, (3) voiced sounds preceded and followed by a voiced sound, (4) anterior sounds followed by a posterior sound. In PWNS, the results of the mixed model highlighted the significant effect of the following variables: grammatical class, phonetic and syllabic complexity on speech fluency. In PWS, the number of syllables and sound type were significantly associated with speech fluency/disfluency.
To conclude, we can say that most of the findings relating to SLDs show the central role of motor constraints (difficulties in motor planning and initiation, and in the production of sounds that require more muscular effort) and are closely linked to the theoretical underpinnings of the rehabilitation techniques used in the management of stuttering. Furthermore, the results obtained indicate that the mechanisms underlying SLDs differ from those of ODs.