Soutenance de thèse

Le Vendredi, 27. juin 2025 -
9:30 - 13:00
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Madame Adèle GAVEAU

soutiendra vendredi 27 juin 2025 à 9 h 30

à l’université de Lausanne (Suisse)

une thèse de DOCTORAT, préparée en cotutelle avec l’Université de Montpellier Paul-Valéry

Discipline : Science politique

Titre de la thèse : When global assessment reports reach the national scale. Circulation processes of IPCC expertise in four national science-policy interfaces : France, Switzerland, Argentina, and Tanzania

Composition du jury :

  • Mme Marie HRABANSKI, Chargée de recherche habilitée CIRAD, Université de Montpellier Paul-Valéry, directrice de thèse
  • Mme Lucile MAERTENS, Professeure, Institut de hautes études internationales et du développement (Suisse)
  • M. Martino MAGGETTI, Professeur, Université de Lausanne (Suisse)
  • Mme Carolina MILHORANCE, Chargée de recherche, CIRAD
  • M. Stéphane NAHRATH, Professeur, Université de Lausanne (Suisse), codirecteur de thèse
  • M. Jale TOSUN, Professeur, Université d’Heidelberg (Allemagne)

Résumé de la thèse :

Cette thèse analyse les processus de circulation de l’expertise du Groupe d’experts Intergouvernmental sur l’Evolution du Climat (GIEC) à l’échelle nationale dans une perspective comparée. Cette étude s’inscrit à la croisée de trois littératures différentes : les policy studies, les science and technology studies, et la sociologie politique. La circulation de l’expertise multi-niveau est théorisée à l’aide d’un cadre analytique innovant, qui procède en quatre étapes successives : la situation, la production, la réception et la dissémination, chacune de ces étapes ayant ses propres modalités d’analyse. Quatre cas d’étude sont étudiés dans la thèse: la France, la Suisse, l’Argentine et la Tanzanie et l’étude se concentre spécifiquement sur le sixième cycle d’évaluation du GIEC (AR6), qui s’est déroulé entre 2015 et 2023. Ces modalités d’analyse sont comparées entre les quatre pays, telles que le degré d’institutionalisation de l’interface science-politique domestique des Etats membres, l’allocation des ressources nationales (à la fois structurelles et intellectuelles), le type de leadership tenu par les Etats membres du GIEC, le rôle joué par les Points Focaux Nationaux, celui des délégations du GIEC, ainsi que celui joué par les experts du GIEC de chaque pays et catégorisés dans cette thèse comme passeurs. Une nouvelle typologie analytique est également développée pour l’étape de la dissémination et propose six types de passeurs différents, qui correspondent à différents niveaux d’engagement des experts du GIEC au sein des interfaces institutionnalisées et en termes d’audiences politiques. Ma recherche montre que l’ensemble du processus de circulation présente d’importantes asymétries de resources entre les quatre cas d’étude et que les étapes de la réception et de la dissémination sont largement sous-investies par certains Etats membres disposant de moindres resources. Cependant, ce niveau de ressources n’est pas corrélé avec le niveau de politisation de l’expertise du GIEC à l’échelle nationale. De plus, mes résultats suggèrent que la circulation de l’expertise du GIEC est un processus dynamique et continu, constamment modelée et remodelée par des acteurs qui varient entre les étapes de la circulation, et dont les logiques et les pratiques de politisation et de dépolitisation diffèrent parfois grandement. Ma thèse montre aussi que les interactions entre experts scientifiques et politiques restent extrêmement influencées voire dominées par la politique, dont l’interface est parfois fortement questionnée, critiquée, voire menacée par certains décideurs. En outre, mon travail soutient que l’institutionalisation de l’interface science-politique nationale et sa stabilité à long-terme représentent des gages de résilience face aux aléas politiques. Enfin, elle souligne l’importance de la cohésion interne entre experts scientifiques et décideurs, ainsi que la protection nécessaire des scientifiques face à certaines menaces croissantes impactant la robustesse de ces espaces de dialogue. Bien que la thèse se concentre sur le cas du GIEC, le cadre analytique générique du processus de circulation multi-niveaux ainsi que la typologie des passeurs pourraient être également appliqués à d’autres types d’expertise multi-niveaux et auprès d’autres types d’experts multipositionnés. 

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This dissertation analyzes the processes through which the expertise of the Intergovernmental Panel on Climate Change (IPCC) circulates at the national level from a comparative perspective. This study is situated at the intersection of three distinct literatures: policy studies, science and technology studies, and political sociology. It theorizes the circulation of multi-level expertise using an innovative analytical framework that unfolds in four successive stages: the situation, the production, the reception, and the dissemination, each with its own modalities of analysis. The dissertation examines four case studies—France, Switzerland, Argentina, and Tanzania—and focuses specifically on the IPCC’s sixth assessment cycle (AR6), which ran from 2015 to 2023. The circulation process of the IPCC expertise is compared across the four countries, considering the degree of institutionalization of the domestic science-policy interfaces of the IPCC member states, the allocation of national resources (both structural and intellectual), the type of leadership held by the member states, and the roles played by the National Focal Points, the IPCC delegations, and the IPCC experts from each country. A new analytical typology is developed for the dissemination stage, identifying six different types of passeurs (in English, bridgers), each corresponding to different levels of IPCC expert involvement in institutionalized science-policy interfaces and with political audiences. My research reveals significant resource asymmetries between the case studies, showing that the member states with fewer resources underinvest in the reception and dissemination stages. However, this level of resources is not correlated with the level of politicization of the IPCC expertise. Moreover, the findings suggest that the circulation of the IPCC expertise is a dynamic and ongoing process, constantly shaped by actors who vary between the stages of circulation, each guided by diverse logics and practices of politicization and depoliticization. Interactions between scientists and policy-makers remain heavily influenced and dominated by politics, with the science-policy interface questioned, criticized, or even threatened by certain decision-makers. This dissertation argues that the institutionalization of the domestic science-policy interface and its long-term stability are key to ensuring resilience against political vagaries. It also highlights the importance of internal cohesion between decision-makers and scientific experts, as well as the need to protect scientists in the face of growing threats that could undermine the robustness of these spaces for dialogue. While the dissertation focuses on the IPCC case, both the generic analytical framework of the multi-level circulation process and the typology of passeurs could be applied to other types of intergovernmental expertise and multi-positioned experts.

Dernière mise à jour : 12/06/2025