M. Théo MALIGEAY
Soutiendra lundi 17 novembre 2025 à 14 h
Salle des Actes n° 011 à l’Université de Montpellier Paul-Valéry, Site Saint-Charles 1
une thèse de DOCTORAT
Discipline : Études du monde anglophone
Titre de la thèse : Hobbits et funkitecture : la crise du progrès dans la contre-culture étatsunienne (1964-1974)
Composition du jury :
- Mme Anne BESSON, Professeure, Université d’Artois
- M. Claude CHASTAGNER, Professeur émérite, Université de Montpellier Paul-Valéry, directeur de thèse
- Mme Anne CRÉMIEUX, Professeure, Université de Montpellier Paul-Valéry
- M. Nicolas LABARRE, Professeur, Université Bordeaux Montaigne
- Mme Catherine MAUMI, Professeure, ENSA Paris La Villette
Résumé de la thèse :
Alors que J. R. R. Tolkien a toujours revendiqué une posture distante vis-à-vis des débats de son temps, la réception de The Lord of the Rings fait naître des polémiques qui dépassent le seul cadre littéraire. La réception enthousiaste de The Lord of the Rings dans la contre-culture étatsunienne et britannique pendant la seconde moitié des années soixante a suscité une forme d’incompréhension, qui mérite aujourd’hui d’être documentée et analysée. Au coeur de ces tensions, une interrogation sur le sens du progrès: les uns ne voient dans la contre-culture qu’une réaction antimoderne, d’autres la dépeignent au contraire comme précurseur du techno-optimisme contemporain.
S’il est vrai que la représentation traditionnelle de la contre-culture comme un mouvement antimoderne est aujourd’hui explicitement remise en cause, une étude approfondie de l’historiographie de la contre-culture révèle que cette opposition ne demande cependant pas à être tranchée, mais plutôt déconstruite. La thèse la plus solide qui en émerge en définitive est celle qui présente la décennie contre-culturelle, comme un moment de crise et de réélaboration du logiciel progressiste occidental.
Cette réflexion trouve un second point d’ancrage fécond dans l’étude des pratiques architecturales alternatives de la décennie 1964-1974, car elles illustrent avec une intensité singulière la tension dialectique qui anime la contre-culture entre modernité et antimodernité. Je synthétise ces évolutions en reprenant le concept de «funkitecture» dont je propose une lecture personnelle, centrée sur la thématique du progrès et organisée en trois axes: le recommencement, le corps et le jeu.
Au fil de ce travail, la contre-culture apparaît comme le lieu d’élaboration d’une nouvelle idée de progrès qui dépasse l’opposition entre réaction et progressisme. Elle partage avec Tolkien le rejet du progrès technoscientifique moderne, tout en restant résolument tournée vers l’avenir, mais un avenir qu’elle redéfinit comme plus ouvert, plus corporel et plus fun. La description de cette synthèse progressiste offre l’occasion d’un changement d’approche dans lequel il ne s’agit plus de savoir si on est pour ou contre le progrès, mais bien ce que recouvre réellement cette notion.
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While J. R. R. Tolkien consistently maintained a detached stance toward the debates of his time, the reception of The Lord of the Rings sparked controversies that extended far beyond the literary sphere. The enthusiastic embrace of The Lord of the Rings by American and British countercultures in the late 1960s was met by a certain misunderstanding that now warrants analysis and documentation. At the heart of these tensions lies a fundamental question about the meaning of progress: some view the counterculture as a purely antimodern reaction, while others portray it as a precursor to contemporary techno-optimism.
Although the traditional portrayal of the counterculture as an anti-modern movement is now explicitly challenged, a deeper examination of the historiography reveals that this opposition need not be resolved but rather deconstructed. The most compelling thesis to emerge from this analysis is one that frames the countercultural decade as a moment of crisis and redefinition of Western progressive ideology.
This reflection is further echoed in the study of alternative architectural practices from 1964 to 1974, as they vividly illustrate the dialectical tension within the counterculture between modernity and anti-modernity. I synthesize these developments by revisiting the concept of “funkitecture,” offering a personal reading centered on the theme of progress and organized around three axes: restarting, the body, and play.
Throughout this work, the counterculture emerges as a site where a new idea of progress transcending the opposition between reaction and progressivism was crafted. Like Tolkien, it rejects modern technoscientific progress, yet remains resolutely future-oriented, redefining that future as more open, embodied, and playful. Describing this progressive synthesis presents an opportunity to shift our focus. The crux of the matter is no longer whether one is for or against progress, but what this notion actually encompasses.







