Seule université d'Occitanie à être associée au programme Littoral + porté par la Région, Paul-Valéry expérimente, à travers ce projet, une approche innovante de la concertation publique destinée à faire école sur d'autres territoires.
Avec le projet AATRE (Agora de l'aménagement des territoires résilients), Paul-Valéry est la seule université d’Occitanie associée au vaste programme Littoral +, porté depuis 2019 par la Région, qui vise à renforcer, pour les décennies à venir, la résilience du littoral occitan face aux défis du réchauffement climatique.
Norelia Voiseux, coordinatrice du projet AATRE, en précise les contours et les enjeux pour notre université.
Comment AATRE s’inscrit-il dans le programme Littoral + ?
L’action AATRE constitue le volet "participation citoyenne" du programme porté par la Région. À travers Littoral +, la Région Occitanie vise trois objectifs : mieux anticiper et prévenir les perturbations qui menacent le littoral, apprendre et innover pour limiter sa vulnérabilité, et associer l’ensemble des acteurs du territoire aux enjeux de résilience. En clair, il s’agit de préparer le littoral occitan, riche de ses paysages lagunaires et de son fragile écosystème, à affronter les menaces écologiques et climatiques, au plus près des attentes citoyennes. Par exemple, en limitant les effets du réchauffement climatique qui génèrent la montée des eaux ou en anticipant l’énorme pression immobilière et démographique (32 000 habitants en plus chaque année) qui va peser de plus en plus lourd sur ces territoires littoraux.
Doté de 91 M€ sur 10 ans, Littoral + regroupe six partenaires dont l'Université Paul-Valéry Montpellier 3. C’est elle qui pilote, en association avec l'INRAe, le seul projet porté par des chercheurs, à destination des 1,3 million d’habitants du territoire concerné.
En quoi consiste le projet AATRE ?
Ce projet de recherche-action s’interroge sur l’existence d’une relation positive entre la co-construction des projets d’aménagement du littoral avec les citoyens, et la meilleure acceptabilité sociale de ces projets. Il va expérimenter et analyser des dispositifs innovants de participation citoyenne, autour de différents projets et sur différents territoires du littoral d’Occitanie. Ces nouvelles pratiques de participation doivent permettre l’accès pour tous aux connaissances et aux débats, dans une dynamique de pacification et de modernisation de la relation entre les citoyens et les aménageurs.
Le design numérique permet de restituer visuellement ce qui a eu lieu en présentiel
et de massifier ainsi le débat en l’ouvrant au plus grand nombre
Il s’agit aussi de répondre aux critiques souvent formulées contre les dispositifs de participation habituellement mis en place dans lesquels les citoyens sont consultés mais rarement associés. Nous essayons d’apporter des solutions pour rendre cette participation plus efficace mais aussi plus inclusive vis-à-vis des publics les moins représentés.
Pour atteindre ces objectifs, AATRE s’appuie sur le dispositif "e-Debat" qui repose sur une méthodologie hybride associant web et présentiel. Nous travaillons avec deux partenaires experts de la concertation : l’un spécialisé dans l’animation citoyenne classique (ateliers, forums citoyens, cafés-débats etc.), l’autre dans le design numérique qui permet de restituer visuellement ce qui a eu lieu en présentiel, et de massifier ainsi le débat en l’ouvrant au plus grand nombre. Cette restitution passe, par exemple, par de la retranscription des discours, ou des supports audiovisuels permettant de rendre compte des débats en toute transparence, et de faire réagir les gens en ligne, une sorte de continuum numérique de la concertation..
Au-delà de l’équipe qui porte le projet, quelles sont les répercussions de AATRE pour notre université ?
Le projet associe en premier lieu les chercheurs du LAGAM (Laboratoire d’aménagement et de géographie de Montpellier) spécialisés en aménagement du territoire, en gestion des risques, en urbanisme, en mobilité, en cartographie, et en gestion de l’environnement. Mais il intègre aussi d’autres disciplines des SHS comme la psychologie cognitive avec l’équipe de recherche "Dynamiques cognitives et sociocognitives émergentes" du laboratoire Epsylon, ou les sciences du langage avec l’unité mixte de recherche Praxiling spécialisée dans l’analyse des discours. L’ambition est de multiplier les apports et les expertises pour avoir une vision et une analyse systémique de ces sujets liés à la participation citoyenne et à la résilience écologique des territoires.
Nous prévoyons également de créer un tiers lieu - l’Agora de l’aménagement - sur le campus afin de pouvoir y valoriser les bonnes pratiques issues du projet, par exemple à travers de grands événements thématiques où les aménageurs et partenaires pourraient partager leur retour d’expérience avec d’autres acteurs de l’aménagement du territoire. L’idée est que ce lieu soit accessible en permanence au public afin que les citoyens puissent également participer à ces évènements.
A terme, l’objectif serait que l’ingénierie bâtie sur mesure autour de Littoral +, puisse être réplicable et utile sur d’autres territoires, en Occitanie et ailleurs.