Communiqué du Président de l'Université Paul-Valéry - Lundi 23 mars 2020

Message à l'attention des personnels enseignants et administratifs

Chères et chers collègues

Ce matin s’est tenu un conseil des composantes, en distanciel, dans lequel nous avons échangé sur les principales questions que pose la situation de crise sanitaire pour notre université. Je souhaite vous faire un retour des propositions qui en sont issues.

Je tenais d’abord à remercier les composantes comme les services centraux ou communs pour les efforts considérables auxquels ils consentent, alors que les conditions de travail sont si difficiles et qu’assurer la continuité du service public quand on doit gérer une famille, des enfants ou des proches malades est une vraie gageure. Redisons-le une fois encore, la priorité première est de préserver la santé de chacun. C’est à l’aune de cet impératif que doivent s’envisager les mesures à prendre. Nous avons d’ores et déjà connaissance de plusieurs collègues touchés, à des degrés de gravité divers, par le virus. Notre pensée commune va d’abord vers eux et je sais pouvoir les assurer, en notre nom à tous, de notre soutien et de notre profonde solidarité. Nous leur souhaitons un rétablissement prompt et complet, en attendant de les revoir sur le campus. Quant aux étudiants, à ce jour nous n’avons pas d’information sur des cas avérés, même si nous sont remontés des cas de suspicion de contagion. Tous les services et composantes sont sur la brèche pour collecter les informations relatives à la santé des étudiants.

Comme vous le savez, à la suite de la décision nationale de fermeture des universités, nous avons souhaité, lors d’une précédente réunion du conseil des composantes du 13 mars, d’une part, maintenir une activité pédagogique spécifique sous forme de cours et de ressources en ligne pour offrir malgré tout à nos étudiants la possibilité de continuer à se former, d’autre part, commencer à envisager les examens du second semestre par des modalités alternatives qui pourraient être à distance mais qui pourraient aussi passer par d’autres solutions, comme l’envoi postal des copies, par exemple. Bien sûr, l’option d’une tenue des examens en présentiel, même décalés de quelques jours ou semaines si la crise était surmontée rapidement, reste ouverte, mais il nous faut cependant imaginer l’hypothèse d’une impossibilité de tenir nos examens en présentiel.

A ce jour, beaucoup de collègues ont fait remonter des propositions et certaines composantes ont même l’intégralité des MCC alternatives à leur disposition. Je remercie tous les collègues de cet effort remarquable. Il s’avère cependant difficile pour les services administratifs de certains départements de centraliser les remontées ou de toucher l’ensemble des collègues. Pour ne pas ajouter une pression supplémentaire dans cette période troublée, nous avons convenu, lors du conseil des composantes de ce jour, de retarder la remontée des Mcc alternatives au jeudi 2 avril au lieu du mercredi 25 mars initialement retenu. Ce délai d’une semaine devrait permettre de desserrer les contraintes et laisser un temps plus long de réflexion ou d’ajustement des propositions et de collecte par les collègues des départements.

Assurément, le mieux serait la tenue d’examens en présentiel, même décalés. Mais chacun comprend qu’un décalage réaliste ne pourrait dépasser les deux ou trois semaines par rapport au calendrier d’origine. Raisonnablement, nous devons donc travailler à la préparation de ces épreuves alternatives. Vous en connaissez les difficultés : complexité organisationnelle, fracture numérique, pertinence des modalités alternatives par rapport aux exigences pédagogiques, volumétrie parfois insuffisante des cours réellement tenus en présentiel à évaluer, etc. Néanmoins ces difficultés ne doivent pas nous détourner de la nécessité de réaliser ces examens. Même imparfaits, ils permettront aux étudiants qui les franchiront avec succès de poursuivre leurs études et de pouvoir candidater dans d’autres établissements. Ne pas s’y préparer mettrait nos étudiants en difficulté.

Nous sommes tous conscients que les circonstances actuelles sont très labiles et que les décisions prises aujourd’hui pourront être rendues caduques par les événements de demain. Cela ne doit pas nous détourner du cap à tenir, en prévoyant les examens à venir avec le plus de souplesse possible : en présentiel décalé de quelques semaines, si la réouverture se faisait dans les premiers jours de mai, en distanciel, si le délai de réouverture apparaissait trop lointain ou incertain. Seules la souplesse et l’adaptabilité rendront viables les solutions envisagées.

L’inquiétude des étudiants quant à la validation de l’année académique est accrue par la décision que plusieurs départements avaient prise de retenue des notes de la seconde évaluation du premier semestre. Cette retenue a abouti à l’impossibilité de tenir les jurys.

Le conseil des composantes a rappelé comprendre les raisons qui ont conduit des collègues à voter en conscience cette décision et leur crainte face à la LPPR. Toutefois, la situation a doublement évolué : d’abord, la crise sanitaire réduit les chances de passer les examens du second semestre dans des conditions réellement sereines, ce qui rend encore plus nécessaire de donner aux étudiants quelques certitudes sur les examens qu’ils ont passés en décembre ou en janvier ; ensuite, le projet de LPPR n’est plus dans l’agenda législatif immédiat. Il reviendra probablement, mais dans quelques mois.

C’est pourquoi, en accord avec le conseil des composantes, nous souhaiterions que les départements qui avaient voté la rétention des notes réfléchissent à une évolution de leur décision, pour soulager la tension des étudiants. Nous ne leur demandons pas de revenir sur leur vote, mais de trouver une voie médiane qui consisterait à intégrer les notes dans Apogée, sans tenir les jurys. Cela permettrait aux étudiants de réaliser des extractions de notes sur leur ENT et leur ôterait cette inquiétude supplémentaire. Les jurys ne se tiendraient pas, si les collègues ne le souhaitaient pas. A ce jour, même si des enseignants communiquent déjà individuellement les notes aux étudiants qui les leur demandent, la plupart des étudiants ne savent pas vers qui se tourner, notamment pour les notes de Lansad. Les porter dans Apogée, même sans la tenue d’un jury, serait un moyen d’apaiser cette incertitude.

Je sais, chers et chères collègues, que vous êtes investis au service de nos étudiants et de notre université. Nous entrons dans une phase aiguë de difficultés à la fois humaines, sanitaires, et logistiques. A défaut de décisions ministérielles et nationales, c’est par nous-mêmes que nous devons trouver les solutions les plus justes. Nous y travaillons tous. Je vous en remercie profondément. Prenez évidemment soin de vous et des autres.

Très cordialement

 

Patrick Gilli
Président de l'Université Paul-Valéry Montpellier 3

Dernière mise à jour : 17/04/2020