Communiqué du Président - Vendredi 15 mai 2020

Message à l'attention des personnels enseignants et administratifs

Chères et chers collègues

La première semaine de déconfinement s'achève. Pour beaucoup, elle aura permis de desserrer quelques-unes des contraintes qui pesaient sur nos vies quotidiennes depuis près de deux mois. Cependant, ce déconfinement n'a pas signifié un retour à la normale sur le plan professionnel et une grande majorité d'entre vous continue à travailler à distance ou à demeurer en autorisation spéciale d'absence. Seuls quelques collègues, conformément à notre plan de reprise d'activités (PRA), ont pu revenir sur les campus. 

Qu'il se fasse sur les campus ou par télétravail, le fonctionnement de l'université est assuré par des services efficaces et dévoués qui permettent de satisfaire aux exigences extraordinaires de la situation. La DMG a su mettre en oeuvre les conditions d'un accueil physique sécurisé des personnels sur les campus; tout ce qui avait été prévu dans le PRA a été réalisé, les masques et les gels distribués aux collègues venant sur place, les nettoyages et désinfections des locaux garantis, les cheminements marqués. C'était une opération lourde à réaliser et elle l'a été sans anicroche. Certaines universités françaises ne commenceront le déconfinement qu'au 18 mai; nous sommes, sur ce sujet comme sur bien d'autres, dans le bon tempo.  Je remercie donc et félicite les collègues de la DMG pour leur investissement.

Parallèlement à ces dispositifs d'accueil physique, l'université poursuit ses activités fondamentales. Les étudiants passent les examens et dans l'ensemble, ces examens se passent bien; si des difficultés techniques sont apparues, elles ont été résolues et aucun examen n'a été annulé. Il nous faut poursuivre l'effort collectif. C'est bien d'un effort qu'il s'agit ! Que ce soit du côté des enseignants-chercheurs et enseignants obligés d'inventer des sujets et des modalités de contrôle calibrés pour le distanciel, du côté des services techniques ou de soutien, DSIN, DINN, DES, et composantes, qui ont été mobilisés sans relâche pour relever ce défi, et bien sûr du côté des étudiants qui ont dû affronter, souvent avec inquiétude, ces modalités nouvelles, toute la communauté universitaire a été confrontée à de l'inédit. Dans quelques semaines, nous ferons le bilan de ces épreuves (à tous les sens du terme) pour en tirer des enseignements utiles à tous, mais je tenais à vous remercier pour avoir été aux côtés des étudiants et les avoir aidés dans cette étape essentielle. 

Si le quotidien absorbe une énergie démultipliée de la part de toute la communauté, nous sommes tout autant tournés vers les échéances prochaines, à commencer par la rentrée de septembre. Nous avons évoqué ce sujet, à plusieurs reprises déjà, lors des conseils des composantes réunissant hebdomadairement responsables des facultés et des services centraux ou communs. Je sais que beaucoup de ces responsables ont régulièrement tenu informés leurs collègues des sujets abordés dans ces réunions, notamment lors de réunions par certaines UFR de leurs directeurs de départements. Il importe que l'information soit la plus large et la plus rigoureuse possible pour éviter approximations et contre-vérités. Au vrai, le dialogue et les échanges sont maintenus vivants à toutes les échelles : cette semaine, le VP recherche a rencontré toutes les directions des équipes pour accompagner, avec la DRED et la DAFPA, notre reprise d’activité et envisager la préparation de la rentrée; la VP R.I a sollicité les composantes et les collègues pour réfléchir aux conditions d’accueil des étudiants internationaux. Même si les consultations commencent à être engagées sur le sujet, aucune décision n’est prise et ne sera prise sans concertation préalable.

Dans la continuité de ce qui avait été prévu dans le conseil des composantes, un groupe de travail, émané de toutes les UFR et associant spécialistes des questions d'enseignement à distance et collègues novices en la matière, s'est réuni jeudi en vue d’élaborer un inventaire pratique des solutions pédagogiques disponibles à la rentrée et des conditions de faisabilité. L'hypothèse de départ est facile à formuler, mais redoutable dans sa simplicité (même si nous espérons tous qu’elle ne se réalisera pas) : si les conditions sanitaires demeurent celles d'aujourd'hui et que les règles de distanciation dans les salles de cours continuent de s'appliquer (soit un peu moins de 4m2 par étudiant), les trois-quarts des places assises ne seront plus disponibles. Déjà, Pascal Chevalier, notre VP Patrimoine, et Gwenaël Richomme, chargé de mission sur le planning, ont établi un diagnostic détaillé, salle par salle. Le résultat est clair : il ne pourra pas y avoir plus de 3400 étudiants sur le campus de la Route de Mende simultanément, les mêmes ratios s'appliquant à Béziers et St-Charles. Autant dire que nous devrons assurer des enseignements qui ne pourront pas être suivis en présentiel simultané par tous les étudiants et qu'il faudra utiliser des outils de cours à distance. Ce sont précisément ces formules d'enseignement distanciel qu'il faut lister et décrire pour en présenter les avantages et inconvénients afin que chaque enseignant, dans le cadre de son département, propose ou choisisse celles qu'il pourra mettre en place au premier semestre. 

Ce groupe de travail ne se substitue ni aux enseignants ni aux instances ordinaires (départements ou composantes et bien sûr Cevu); il ne vise qu'à fournir des aides à la réflexion qui seront ensuite discutées, amendées, complétées par les départements et les collègues eux-mêmes. Au regard de l'inégale pratique ou connaissance de ces outils selon les formations et les traditions disciplinaires, il est paru nécessaire de préparer un canevas de départ sur lequel chacun pourra se déterminer. Dans les jours qui viennent, le VP CEVU et le VP numérique rencontreront les départements pour un premier échange direct. Les enseignants-chercheurs et enseignants doivent être décisionnaires et se déterminer sur un éventail des possibles auquel ils auront eux-mêmes contribué.

Pour éviter tout malentendu, permettez-moi de rappeler un principe que j'avais déjà évoqué la semaine dernière : nous maintiendrons le présentiel pour le plus grand nombre d'étudiants susceptibles d'être accueillis dans le cadre strict des règles sanitaires. Il n'est donc pas question de proposer une transformation digitale intégrale de nos formations; il est cependant impératif de se préparer à des enseignements hybrides, alternant présentiel et distanciel pour des publics qui devront nécessairement alterner, eux aussi, présence en cours sur le campus et apprentissage à distance et/ou derrière un écran.

Jamais les universités françaises n'avaient eu à affronter un défi aussi singulier et à une telle échelle. A la CPU, je participe, avec une dizaine d'autres présidents d'université, au groupe de travail sur la reprise d'activités et la préparation de la rentrée et je suis donc de très près les réflexions nationales à ce sujet. Il reviendra à ce groupe de travail de faire des propositions à la CPU dans les semaines qui viennent. Ici même, à Paul-Valéry, nous avons déjà commencé ce chantier. Mais nous savons aussi que la réussite de la rentrée passera par une pression très forte sur le ministère et sur l’Etat pour que les moyens soient à la hauteur des enjeux, qui vont bien au-delà des seules questions immobilières. Le plan de relance dont parle le Premier Ministre ne pourra pas ignorer les universités et leur rôle dans la reconstruction éducative et économique du pays. Plus que jamais, nos concitoyens auront besoin de se préparer aux nouvelles attentes d’une société et d’une économie qui vont se recomposer à grande vitesse et les universités doivent être soutenues comme des interlocuteurs indispensables et des forces vives de la nation. C’est un combat à gagner.

Parmi les questions que pose une rentrée réaménagée se trouve la légitime reconnaissance du surcroît de travail que ces conditions nouvelles imposent et donc sa traduction financière pour tous les personnels concernés. Question essentielle sur laquelle nous ferons des propositions prochainement. Dès à présent, nous anticipons ce qui est anticipable : les investissements dans les matériels et les infrastructures numériques (dont on sait par avance que les fournisseurs vont être très sollicités et que des ruptures d'approvisionnement seront prévisibles, si les commandes tardent), l'équipement massif des salles, mais aussi un plan d'équipement en cours de préparation des enseignants et enseignants-chercheurs parce que cette crise doit être l'occasion d'harmoniser les pratiques de soutien aux collègues. Aujourd'hui ce soutien est très disparate : certains départements ou certaines unités de recherche équipent les enseignants en matériel, d'autres non. Une enquête va être lancée prochainement par la DEVAP sur ce sujet; ses résultats nous guideront dans la politique à suivre. 

La préparation de cette rentrée est une entreprise collective qui nécessitera coordination, explication, compréhension et surtout solidarité. Elle va requérir la contribution non seulement des enseignants-chercheurs et enseignants en première ligne, mais également de toute la communauté administrative ou technique parce que chacun va être touché par les modifications de ses pratiques professionnelles. Elle requerra aussi l'engagement des étudiants. Je rencontrerai la semaine prochaine leurs organisations représentatives pour faire le point et les associer à la réflexion en cours. 

Nous le savons tous : sans un soutien ferme, notamment sonnant et trébuchant du ministère, les efforts consentis ne résisteront pas sur la longueur (avec l'ensemble des présidents d'université, nous nous employons à les obtenir). Mais soyez assurés que nous sommes particulièrement soucieux de préparer les conditions d’une rentrée la plus sereine possible. C’est à la co-construction des solutions pour affronter les échéances à venir que nous devons, collectivement, nous atteler, dans les deux mois qui viennent.

Avec mes sentiments très cordiaux

Patrick Gilli
Président de l'Université Paul-Valéry Montpellier 3

Dernière mise à jour : 15/05/2020