Communiqué du Président - Vendredi 19 juin 2020

Message à l'attention des personnels enseignants et administratifs

Chères et chers collègues,

Le déconfinement des activités et des personnes se poursuit ; il va prendre un tour plus résolu encore à partir de la troisième et dernière phase de notre PRA (ci-joint) qui, discuté en CHSCT et CT jeudi 18, débutera lundi 22 juin et permettra le retour sur site de près de 80% des collègues administratifs et techniques, dans des conditions toujours respectueuses des contraintes individuelles ou familiales qui pourraient obérer ce retour souhaitable. Pour donner l’essentiel de cette 3e phase, disons que le télétravail était jusqu’alors la règle et le retour sur site, l’exception ; ce sera l’inverse désormais. Cela se fera bien sûr avec la souplesse nécessaire, en particulier à l’endroit des collègues encore entravés par des situations scolaires ou familiales particulières jusqu’en juillet. Nous savons que, même après le 22 juin, toutes les écoles ne pourront pas accueillir l’intégralité des enfants et que donc des collègues resteront en ASA ou en travail à domicile.

Les enseignants et enseignants-chercheurs ont pu retrouver, depuis deux semaines, le chemin des bureaux plus librement ; des soutenances de thèse ou de master, des comités de sélection ont pu se tenir, mais dans des conditions encore restrictives (moins de 10 personnes simultanément présentes). La troisième phase sera celle d’un desserrement de ces contraintes ; la règle des 10 personnes maximum dans une réunion de travail ne sera plus appliquée, un accès régulé aux espaces de documentation (bibliothèques comme CDPS) dont nous avons tous besoin sera progressivement possible. Il ne s’agit évidemment pas de perdre la discipline collective et les nouveaux usages de l’espace que nous avons expérimentés ces dernières semaines. Les règles sanitaires de distance minimale s’imposent encore et les jauges maximales d’occupation des bureaux continuent de limiter l’utilisation des locaux, mais l’insistance est portée sur les formes de régulation responsable, en particulier dans les locaux de recherche. Des réunions pourront avoir lieu. Nous nous acheminons ainsi vers un retour non pas à la normale, parce que s’appliquent toujours les règles de sécurité sanitaire de base (port du masque, nettoyage régulier des mains, distance physique ou, le cas échéant, plexiglass de protection), mais du moins vers une utilisation plus régulière et décrispée de nos locaux.

Je renouvelle mes chaleureux remerciements à toutes les équipes, aux personnels administratifs techniques et de bibliothèques, enseignants, enseignants-chercheurs qui ont œuvré au quotidien pendant cette période inédite et éprouvante et ont permis un fonctionnement efficace de notre établissement.

Reste un point, à ce jour, de questionnement et de doute. Il concerne la rentrée.

Vous l’avez certainement remarqué, les informations, les préconisations ou les décisions en provenance de nos tutelles sur la manière de gérer la sortie de cette crise épidémique s’accumulent, s’enchaînent et parfois se contredisent.

Dans notre établissement, conformément aux textes réglementaires, nous avons, depuis plusieurs semaines, insisté sur la nécessité de prévoir une rentrée qui se ferait préférentiellement en mode hybride, en raison des règles de distance sanitaire qui s’imposent aux établissements publics et qui rendent impossible la présence simultanée des étudiants dans les salles de cours et les amphithéâtres. L’allègement des critères de distance physique (qui est passée de 4m2 par usager à 1 mètre d’écart entre étudiants) nous avait déjà permis de réduire la contrainte et d’imaginer qu’un certain nombre d’enseignements (notamment dans l’amphi 1 et dans certaines salles de cours) pourraient se tenir en présentiel. Il n’en demeurait pas moins que, même réduite, cette distance physique nous empêchait toujours de planifier une rentrée en présentiel intégral. D’ailleurs, la circulaire du MESRI du jeudi 11 juin préconise encore pour la rentrée universitaire des restrictions qui diminuent substantiellement la capacité d’accueil globale de nos salles et hypothèquent sérieusement les chances d’une rentrée normale.

Cependant, nombre d’entre vous s’interrogent, à juste titre, sur la contradiction entre le maintien de règles sanitaires, fussent-elles allégées, dans les universités et le spectacle ordinaire de la vie quotidienne où nos concitoyens déambulent sans masque, s’assoient côte à côte dans les TGV, et bientôt iront au cinéma ou dans des salles de spectacle. Ce grand écart dans l’application des normes sanitaires, selon les lieux et les institutions, peut être ressenti non seulement comme une aberration ou un dérèglement technocratique, mais plus encore comme une discrimination et une injustice à l’égard d’une partie fragile de la population française, par ailleurs gravement touchée par les effets de la pandémie : la jeunesse, et tout particulièrement la jeunesse étudiante, qui paye un lourd tribut à cette crise sanitaire autant que sociale. De fait, aucun enseignant-chercheur ne souhaite prolonger les effets du « grand confinement » et rajouter du stress à ces étudiants qui ont besoin plus que jamais de lieux accueillants de socialisation, d’échanges et de rencontres, comme le sont les universités.

C’est pourquoi, au regard de l’évolution en cours de la situation épidémiologique et du discours de réduction résolue des contraintes sanitaires qu’a tenu le président de la République le dimanche 14 juin, il ne paraît plus possible d'imposer à la communauté universitaire des restrictions plus fortes que celles qui sont préconisées au reste de la société.

Anticipant une mise à jour inéluctable des consignes de nos tutelles, si l'amélioration se poursuit et que les conditions le permettent, il semble plus réaliste de proposer que la rentrée s'effectue sans restriction excessive, que les étudiants retrouvent dès septembre les campus de l’université et que nous reprenions un enseignement en présentiel. En conséquence, les étudiants pourront être accueillis dans les salles de cours et les amphithéâtres. A défaut de distance réglementaire, le port du masque sera toujours obligatoire.

Cette perspective positive sur laquelle nous projetons désormais notre rentrée ne signifie pas que nous ignorons les risques. Le retour sur nos lieux d’enseignement doit être accompagné d’une réflexion par les enseignants-chercheurs et les enseignants sur le contenu de leurs formations et la manière de les faire basculer dans des enseignements hybridés si, d’aventure, le virus retrouvait sa force de propagation et nous obligeait à réduire la présence des étudiants et des collègues sur les sites. Cette hypothèse n’est pas qu’une vue de l’esprit, comme on peut le constater avec ce qui se passe actuellement à Pékin ou ailleurs dans le monde.

Même si la mise en œuvre des enseignements multimodaux ou hybridés n’est plus le « plan A » de la rentrée, nous devons fermement tenir à l’esprit l’éventualité d’un retour à des difficultés sanitaires et dès lors, penser à des formats d’enseignements, mais aussi à des modalités de contrôle des connaissances qui pourraient, le cas échéant, supporter une mise en ligne. A cette fin, les webinaires de la DINN destinés à la formation des enseignants aux outils du distanciel restent toujours programmés. Plus globalement, l’université maintient, dans ces circonstances, les investissements prévus en faveur des dispositifs numériques et des infrastructures technologiques pour être ainsi prête à accompagner un changement subit des conditions sanitaires. Personne ne le souhaite, mais chacun doit l’envisager et s’y préparer. Le travail d’anticipation de scénarios pédagogiques alternatifs doit se poursuivre, dans les départements et les composantes. Je sais d’ailleurs que beaucoup de collègues ont commencé ce travail pour assurer la continuité pédagogique, en cas de retour agressif du virus. Je les en remercie.

L’université continuera à agir avec vous en ce sens, même si l’espoir d’une rentrée (presque) ordinaire est désormais notre horizon d’attente.

Avec mes sentiments très dévoués

Patrick Gilli
Président de l'Université Paul-Valéry Montpellier 3 

Dernière mise à jour : 19/06/2020