Communiqué du Président - Vendredi 29 mai 2020

Message à l'attention des personnels enseignants et administratifs

Chères et chers collègues

La première session des examens du second semestre s'achève; c'est ordinairement une étape majeure de la vie universitaire; elle l'est encore davantage cette année en raison des conditions extraordinaires de sa réalisation. Elle s'est bien passée et les dispositifs imaginés souvent dans l'urgence ont tenu, parfois certes au prix d'ajustements ou de modifications inévitables au regard des circonstances si particulières que nous vivons.

Le hasard des calendriers fait que s'achève aussi la première phase du Plan de reprise d'activités et que s'ouvrira prochainement la deuxième. Comme nous nous y étions engagés, le passage d'une phase à l'autre du PRA reposera sur le bilan de la période écoulée; une présentation plus circonstanciée sera faite devant le CHSCT qui se réunira la semaine prochaine et sera l'occasion d'une discussion avec les organisations syndicales. A ce jour, les mesures mises en place apparaissent adaptées et ont permis le retour de collègues administratifs et techniques dans des conditions sanitaires très satisfaisantes et contrôlées. Cette semaine, le service de réservations et de retours des livres à la BIU a également pu démarrer, à la faveur d'une modification du décret du 11 mai qui était excessivement restrictif. On attend une nouvelle modification nous permettant d’accueillir en bibliothèques des étudiants préparant les concours. La demande de la CPU doit être validée la semaine prochaine par la mission Castex et le Premier Ministre.

Selon toute vraisemblance et sous réserves des observations formulées par le CHSCT, nous pouvons envisager la seconde phase du PRA qui se traduira essentiellement par un assouplissement des règles d'accès aux campus, une présence plus marquée des agents sur site, la réouverture de certains services aux usagers sur rendez-vous, toujours dans le strict respect des consignes sanitaires. Toutefois, aussi longtemps que durera l'état d'urgence sanitaire, le télétravail demeurera, lorsqu'il est possible, la modalité privilégiée de travail et, dans la nouvelle phase de PRA, seule une moitié des collègues administratifs et techniques pourront revenir sur les campus, le plus souvent par demi-journée. Les conditions de retour des enseignants et chercheurs dans les locaux universitaires seront elles aussi allégées.

Beaucoup d'entre vous s'interrogent sur la rentrée, sur les modalités d'accueil des étudiants, de reprise des activités de recherche, de déroulement de la vie de campus et, plus généralement, de fonctionnement de l'institution. Avec les vice-présidents, nous travaillons à une note de cadrage qui précisera les orientations essentielles. Elle sera diffusée la semaine prochaine. D'ores et déjà, je voulais revenir sur quelques points d'importance.

D'abord, et conformément aux instructions ministérielles (pour l'heure orales, mais qui seront consignées dans une circulaire dont une version préparatoire circule à la CPU pour discussion), l'hypothèse de travail de la rentrée est toujours celle d'un accès réduit au campus, en raison du maintien des règles de distanciation physique. En dépit de l'amélioration en cours de la situation épidémique et de l’assouplissement récent des contraintes, il serait déraisonnable d'imaginer un unique scénario fondé sur la reprise des cours entièrement en présentiel. Les circonstances le permettant, ce scénario optimiste pourra être de mise en cours de semestre, mais il importe encore, à ce stade, de préparer une rentrée avec un accès limité des étudiants sur site. Les départements disposeront dans la semaine d'une version définitive des capacités recalculées des salles de cours. C’est à l’aune de ces disponibilités réduites que nous devons envisager la rentrée. Evidemment, si les conditions sanitaires évoluaient favorablement avant les congés d’été et que le gouvernement allégeait encore les restrictions d’accès, nous pourrions envisager un retour à une rentrée plus habituelle. Mais tel n’est pas le cas pour l’heure et nous devons nous préparer à une rentrée inédite.

Sur cette base, commence le travail de discussion avec la communauté enseignante, mais aussi les services administratifs et techniques impliqués. L'enjeu est clair : assurer, en contexte de crise sanitaire, un semestre de formation faisant recours, pour une large partie, à des enseignements à distance, tout en maintenant chaque fois que possible le contact en présentiel avec nos étudiants.

Un mot sur la méthode que nous avons suivie. Cette discussion, nous l'avons voulue la plus large possible et elle devra impliquer chaque enseignant. Elle a déjà commencé en conseil des composantes depuis plusieurs semaines, s'est prolongée lors d'une rencontre avec les directeurs/trices de tous les départements, il y a quelques jours. La semaine prochaine, le VP Cevu va animer la commission pédagogique du CEVU qui discutera un document listant les diverses possibilités d'enseignement à distance, document rédigé conjointement par l'Atelier et une commission ad hoc d'enseignants volontaires de tous horizons. Je les en remercie vivement.

Une fois discuté et amendé, ce vade mecum sera mis en circulation auprès de tous les collègues, non pas pour imposer telle ou telle solution, mais seulement pour les éclairer sur l'éventail des possibles. Il reviendra alors à chaque collègue enseignant de dire quelle modalité d'enseignement à distance (puisée ou non dans levade mecum) il/elle souhaite appliquer, selon la nature de ses cours, le nombre et le niveau d'avancement des étudiants, ainsi que ses objectifs pédagogiques. Cette phase d'échanges, qui pourrait être animée, dans les départements, à l'échelle des années de formation (L1, L2, etc.), des parcours ou des filières, durera tout le mois de juin. Parallèlement, l'université est en train d'acquérir les outils et les matériels nécessaires pour nous permettre de fonctionner pendant ces quelques mois difficiles.  Le retour en juin des réponses précisant les choix pédagogiques des enseignants permettra évidemment d'ajuster ces acquisitions.

Comme vous, je mesure les défis que cette rentrée nous lance : accueil des néo-bacheliers fragilisés par une année de lycée dégradée, accueil incertain des étudiants internationaux, formation des étudiants aux nouveaux outils, tout en veillant à résorber la fracture numérique; formation des enseignants également à ces outils; indispensable montée en puissance de l'infrastructure technologique et logicielle de l'université; inquiétude sur la faisabilité humaine ou matérielle des dispositifs et bien sûr prise en compte de la surcharge de travail induite par les changements. Ce sont quelques-unes des questions qui reviennent (la liste n’est pas limitative) et sur lesquelles nous travaillons à apporter des réponses qui seront présentées et discutées au cours des semaines à venir. Face à l’ampleur de ces défis, certaines universités envisagent déjà de retarder leur rentrée. Ce n’est pas l’option que nous privilégions.

L'enseignement multimodal alternant présentiel et distanciel n'est pas dans les habitudes de la majorité des professeurs. Les circonstances sanitaires et les bouleversements organisationnels qu'elles engendrent interrogent le sens même de notre métier.

Je sais que pour beaucoup d'entre vous enseigner à distance est un pensum, que rien ne vaut l'échange avec les étudiants présents dans la même salle que vous et les discussions sur le campus. Je sais donc que ce distanciel (peut-être inévitable, même s’il sera rarement intégral) est un motif d’inquiétude.

Je voudrais vous rassurer de deux manières : d'abord, ce changement subi n'est pas un changement irréversible de paradigme. Il est une réponse circonstancielle (mais que nous voulons la mieux préparée collectivement) à une situation de crise. Dès que possible, nous accueillerons de nouveau tous nos étudiants dans nos salles (parfois surchargées !). Ensuite, les efforts d'adaptation pour la rentrée seront inégalement contraignants et dépaysants, selon la nature du cours à distance. Le distanciel ne désigne pas systématiquement l'usage de technologies lourdes et complexes ; il y a un distanciel qui n’est que faiblement numérique (e.g. déposer un Pdf sur Moodle et répondre à des questions d’étudiants, ce que nombre d’entre vous font déjà). Libre évidemment à d’autres collègues de tenter l’expérience d’un changement plus approfondi des méthodes d’enseignement et de tester les éventuels apports de la vidéo, de l’audio, de l’interactivité numérique dans une formation. Chacun doit se sentir libre de choisir la méthode qui lui convient le mieux.

Durant le mois de juin, les discussions comme les questions vont être nombreuses. Elles impliqueront les enseignants, enseignants-chercheurs, mais aussi tous les services et composantes. Nous devrons collectivement, mais sur la base des décisions individuelles des enseignants, avoir dessiné pour la fin du mois ou au début de juillet les contours pédagogiques de cette rentrée décidément pas comme les autres. Nous devrons ensuite en informer les futurs étudiants et nos partenaires.

Avec l’équipe de la présidence, nous continuerons à animer les réunions indispensables à ces prises de décisions, qu’elles se tiennent à l’échelle des conseils centraux, des commissions, des comités ou dans des formats inédits, comme la très fructueuse rencontre avec les directeurs/trices de départements que nous reproduirons.

Nous réussirons à franchir cet obstacle dans la mesure où la concertation et la confiance seront au rendez-vous. Ce sont les conditions indispensables pour donner de la sérénité aux décisions à venir et offrir à nos étudiants comme à tous les personnels la clarté nécessaire pour anticiper cette rentrée.

Avec mes sentiments très dévoués.

Patrick Gilli
Président de l'Université Paul-Valéry Montpellier 3 

Dernière mise à jour : 29/05/2020