“Tu parles, Charles !”, nouveau cycle de conférences lancé par l'Université Paul-Valéry propose de porter un regard scientifique sur des sujets qui font l'actualité. Marie-Eve Therenty inaugure, mardi 8 mars, un premier rendez-vous consacré aux “Femmes de presse, femmes de lettres”.
Reposant sur les travaux de recherche menés par nos laboratoires et les formations délivrées à l'Université, ces conférences proposent d'aborder des sujets qui font débat dans l'espace public, en les éclairant d'un regard scientifique et universitaire.
Des chercheurs, associations et personnalités publiques seront ainsi invités à prendre la parole sur différentes thématiques telles que l'égalité professionnelle entre femmes et hommes, la liberté de la presse, la biodiversité ou encore les troubles liés à l'autisme.
Le cycle actu-sciences "Tu parles, Charles !" est une initiative de l'Université Paul-Valéry. Organisées à Saint-Charles, en partenariat avec l'Université du tiers temps, la librairie Sauramps et Radio Aviva, les conférences sont en accès libre.
Femmes de presse, femmes de lettres
Conférence organisée dans le cadre de la journée internationale des droits des femmes et animée par Marie-Eve Therenty, professeure de littérature française et directrice du centre de recherche RIRRA21 à l’Université Paul-Valéry.
Mardi 8 mars 2022 à 18h
Auditorium du site Saint-Charles
La redéfinition des rapports de genre dans le dernier tiers du XVIIIe siècle, puis au cours de la Révolution et du XIXe siècle, impose une partition des rôles qui tend à exclure les femmes d’un espace public qu’on voudrait désormais réservé aux hommes et dont la presse a été un facteur majeur de constitution.
Dès les années 1830-1840, s’organise même un discours global d’exclusion des femmes du journalisme. Et effectivement, elles sont très peu à avoir réussi à s’imposer dans le magistère des journaux généralistes avant 1944.
Elles se comptent sur les doigts d’une main sous la monarchie de Juillet, elles sont une centaine en 1928, elles sont 175 à avoir une carte de presse en 1938 (sur un total estimé de 5000 journalistes), soit à peu près 3%.
Parmi ces femmes de presse figurent de grands noms de l’histoire littéraire (George Sand, Colette) et d’autres moins connus mais qui ont, en fait, révolutionné le journalisme (Delphine de Girardin, Séverine, Andrée Viollis…).
Ces femmes ont pourtant été complètement radiées de l’histoire traditionnelle de la presse. Cette conférence veut donc montrer que le journalisme des femmes françaises a été d’autant plus inventif qu’il était contraint et que sa méconnaissance, liée à la fabrique, au vingtième siècle, d’une histoire de la presse française peu intéressée par la question du genre (masculin / féminin) et d’ailleurs toujours conduite par des hommes, a nui à une juste appréciation de leur place dans le paysage médiatique.
