Soutenance de thèse

Le Vendredi, 6. novembre 2020 -
13:30 - 19:00
À distance

Madame Valérie LEPETIT épse VITOU

Soutiendra Vendredi 6 novembre 2020 à 13 h 30

En tout distanciel

une thèse de DOCTORAT

Discipline : Psychologie spécialité Neuropsychologie et Psychopathologie

Titre de la thèse : Sous-évaluation de la douleur chez les personnes âgées avec une maladie d’Alzheimer en institution : difficultés de communication ou effet de la stigmatisation ?

Composition du jury :

  • Mme Sophie BAYARD, Maîtresse de conférences habilitée, Université Paul-Valéry Montpellier 3,  co-directrice de thèse
  • M. Mohamad EL HAJ, Professeur, Université de Nantes
  • Mme Marie-Christine GELY-NARGEOT, Professeure, Université Paul-Valéry Montpellier 3, directrice de thèse
  • M. Pierluigi GRAZIANI, Professeur, Université de Nîmes
  • M. Pascal MOLINER, Professeur, Université Paul-Valéry Montpellier 3
  • Mme Pauline NARME, Maîtresse de conférences habilitée, Université Paris Descartes

Résumé de la thèse :

Au regard du défi que représente la prise en charge de la douleur des personnes avec des troubles cognitifs sévères en établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (EHPAD), l’objectif de ce travail de thèse est double : tout d’abord, objectiver d’éventuelles variations interindividuelles dans les évaluations douleur du personnel soignant en EHPAD et les mettre en lien avec des caractéristiques personnelles des soignants ; ensuite, déterminer si la connaissance du diagnostic de maladie d’Alzheimer (MA) et du stade de la maladie, par les soignants, influence leurs évaluations et leurs réactions empathiques face à l’expérience douloureuse des résidents.
Une première étude exploratoire, en contexte clinique, a été menée auprès d’aides-soignantes en EHPAD, pour étudier la variabilité de leurs évaluations de la douleur, lors de toilettes réalisées en binôme auprès de résidents avec des troubles cognitifs sévères. Cette étude a tout d’abord permis d’attester la forte prévalence de la douleur au sein de la population des résidents avec des troubles cognitifs sévères. Les résultats ont également montré que la fiabilité inter-juges des évaluations douleur était modérée. La connaissance préalable, par les deux aides-soignantes d’un binôme, de l’échelle d’évaluation comportementale utilisée tendait à diminuer la non-concordance de leurs évaluations douleur avec ce même outil. Dans une deuxième étude expérimentale, nous avons cherché à caractériser les comportements d’évaluation douleur et les réactions empathiques d’aides-soignantes en EHPAD. Dans ce protocole, des aides-soignantes en EHPAD et des participantes contrôles ont visionné la même vidéo d’une femme âgée avec MA ressentant de la douleur. Les résultats montraient que les deux groupes présentaient des évaluations douleur équivalentes en moyenne et une forte variabilité inter-juges. De plus, les aides-soignantes affichaient en moyenne un plus grand écart entre leur évaluation d’intensité de la douleur et leur réaction empathique que les participantes contrôles. On notait également que plus les aides-soignantes avaient d’expérience en gériatrie moins elles attribuaient de douleur à la personne sur la vidéo. La troisième étude, également expérimentale, avait pour objectif d’analyser l’influence de la stigmatisation liée à la MA sur les évaluations et l’empathie à la douleur des aides-soignantes en EHPAD. L’influence du diagnostic de la maladie et de son stade sur les évaluations douleur et les réactions empathiques des aides-soignantes était étudiée, en présentant aux participantes la même vidéo que dans l’étude précédente, associée à des informations différentes en fonction des groupes (avec diagnostic / sans diagnostic ; stade léger / stade sévère de la maladie). Globalement, les résultats montraient que le diagnostic de MA n’avait pas d’influence sur les évaluations douleur, et semblait même augmenter la réaction empathique des aides-soignantes. Par contre, le stade de la maladie avait un effet général sur toutes les évaluations qui était plus basses dans le groupe stade sévère que dans le groupe stage léger.
L’ensemble des résultats de ce travail de thèse montre la grande variabilité des évaluations douleur des aides-soignantes en EHPAD et de leurs réactions empathiques. L’ancienneté, ainsi que la connaissance des outils d’évaluation expliquent en partie cette hétérogénéité. La stigmatisation liée au stade sévère de la MA contribue également à biaiser les évaluations et l’empathie à la douleur des aides-soignantes. Ainsi les personnes avec des troubles cognitifs sévères en EHPAD sont à risque de voir leur douleur mal évaluée et donc mal prise en charge. Ces résultats nous permettent d’envisager de nouvelles perspectives pour améliorer les pratiques soignantes en matière d’évaluation de la douleur dans les EHPAD.

Dernière mise à jour : 05/01/2021