Madame Delphine RIVIER
Soutiendra mercredi 23 novembre 2022 à 14 h
Salle des Actes n° 011 à l’Université Paul-Valéry Montpellier 3, Site Saint-Charles 1
une thèse de DOCTORAT
Discipline : Sciences de l’éducation
Titre de la thèse : Représentations du processus d’universitarisation en IFSI : entre tensions et remaniements identitaires au niveau des directions et des cadres de santé formateurs
Composition du jury :
- Mme Maryvette BALCOU-DEBUSSCHE, Professeure émérite, Université de La Réunion
- M. Dominique BROUSSAL, Professeur, Université Toulouse -Jean Jaurès
- M. Éric MALEYROT, Maître de conférences, Université Paul-Valéry Montpellier 3
- Mme Thérèse PEREZ-ROUX, Professeure, Université Paul-Valéry Montpellier 3, directrice de thèse
- M. Thierry PIOT, Professeur émérite, Université de Caen Normandie
- Mme Eliane ROTHIER BAUTZER, Maîtresse de conférences habilitée, Université Paris Cité
Résumé de la thèse
En France, depuis 2009, les instituts de formation en soins infirmiers (IFSI) sont entrés dans la réforme de l’universitarisation, amenant de nombreux changements au niveau de l’activité des cadres de santé formateurs (CDSF) : analyse de l’activité, simulation, e-learning et développement de compétences transverses (organisation, coordination…). Depuis, les CDSF vivent des moments de crise (par peur de perdre leur identité professionnelle, de disparaitre des IFSI…), mais aussi des périodes de développement qui leur permettent notamment de construire de nouveaux projets, de mettre en place des partenariats avec des universitaires ; enfin, de se professionnaliser afin de s’adapter aux attentes du référentiel.
Cette thèse vise à répondre à la question de recherche suivante : en quoi la mise en place de l’universitarisation en IFSI peut être considérée comme une évolution majeure, une transition professionnelle qui questionne les CDSF au niveau de leur activité, mais au-delà, sur le plan de leur identité professionnelle ?
Pour ce faire, nous avons mobilisé le concept d’universitarisation ; nous retenons des modifications de statut des professionnels, mais également des activités essentielles comme la recherche. Cette universitarisation amène les acteurs à vivre une transition professionnelle ouvrant sur des tensions, mais aussi à s’adapter en se professionnalisant. Le plus souvent, des formations individuelles ou collectives leur ont permis de développer des compétences relatives aux nouvelles technologies de l’information et de la communication, à la recherche, à la simulation, aux dispositifs réflexifs, mais aussi des formations portant sur les caractéristiques des nouvelles générations d’étudiants. Tous ces changements semblent conduire à des remaniements identitaires chez les CDSF.
Nous envisageons l’identité professionnelle à partir du modèle de la « triple transaction » (Perez-Roux, 2011). Au-delà de la double transaction (Dubar, 1991), la transaction intégrative s’intéresse particulièrement aux formes d’équilibre cognitif nécessaires pour faire face aux changements que vivent les professionnels.
Notre approche compréhensive, orientée par le champ psychosocial, s’appuie sur des entrevues semi-directives. Les entretiens réalisés, d’une durée moyenne de 47 minutes ont été soumis à une analyse thématique transversale. La population interviewée était constituée de huit CDSF et cinq directeurs de trois IFSI différents.
Nous constatons que l’universitarisation est présente dans les activités. La professionnalisation est évidente pour ces professionnels des IFSI avec un engagement important dans la mastérisation : l’acculturation, l’apprentissage de compétences pédagogiques et le développement d’une expertise dans les IFSI en sont les raisons principales.
Les CDSF ainsi que les directeurs doivent s’adapter, collaborer avec les universitaires, ce qui amène ces différents professionnels à user de stratégies identitaires, mais aussi à exprimer leur individualité pour maintenir une certaine cohérence au sein des IFSI.
Cela a une incidence sur leur activité et, au-delà, sur leur manière d’exercer cette fonction de CDSF. Face à de nouvelles pratiques, ces professionnels vivent des remaniements identitaires plus ou moins importants.
Ces résultats nous amènent à questionner les tutelles des instituts, mais aussi la répartition stratégique des centres sur le territoire. Ils permettent d’envisager également des évolutions pour les IFSI, mais aussi les IFCS, influencés par des logiques d’universitarisation et de professionnalisation. Nous constatons que dans un ensemble de formations adressées à autrui, ces mêmes logiques sont à l’œuvre. Enfin, la reconnaissance de ces acteurs de la formation est au cœur de la transition professionnelle : ces professionnels sont en quête de légitimité et revendiquent une identité professionnelle à la fois partagée, mais également influencée par des logiques plus personnelles.