Webinaire Parodies Audiviovisuelles

Le Vendredi, 4. février 2022 -
16:00 - 17:30
À distance

Elodie Hachet : Totò le Mokò (1949), une parodie intempestive

Vendredi 4 février 2022 de 16h à 17h30

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Totò le Mokò (1949) se présente comme une parodie explicite de Pépé le Mokò (1936) de Julien Duvivier. La Casbah algérienne y est transposée dans les ruelles de Naples, avec le comique italien Totò à la tête d’une bande criminelle initiée par son cousin Pépé, joué par Jean Gabin dans l’œuvre d’origine. Mais la contribution scénaristique de Metz, conjuguée au goût prononcé pour les situations irréalistes du réalisateur Carlo Ludovico Bragaglia, déconstruisent le réalisme poétique initial. À la manière d'Achille Campanile, les dialogues sont truffés de jeux linguistiques favorisant les malentendus, de blagues à connotation politique ou sexuelle et de nombreuses références à l'actualité. La sonorité relativement proche du nom « Le Moko » avec le nom « Lumaconi » conduit malgré lui Antonio Lumaconi, alias Totò, musicien naïf rêvant de diriger une « bande » (musicale), à diriger la « bande » (criminelle) de son cousin. Ici, le topos récurrent du chef d'orchestre devient le leitmotiv du film. Totò le Mokò s’inspire aussi de la parodie Samson et Dalila (de Cecil De Mille, 1949) tout juste sortie en Italie, avec la scène de Sulima lui coupant les cheveux, source de sa force. Ce faisant, le film se dote d’un potentiel critique de la société italienne au sortir de la Seconde Guerre mondiale. C’est au moment où le néoréalisme atteint son apogée que Carlo Ludovico Bragaglia se lance, à contre-courant, dans une comédie loufoque ancrée dans la culture populaire du Sud de l’Italie, dévoilant par là même les forces et les faiblesses d’une société qui doit se reconstruire.

Élodie Hachet est doctorante en études cinématographiques à l'Université Paris 8 Vincennes-Saint-Denis, sous la direction de Cécile Sorin, en cotutelle avec Augusto Sainati de l’Université napolitaine Suor Orsola Benincasa. Sa thèse porte sur la figure d’Antonio de Curtis dit « Totò » dans le cadre de la dramaturgie comique. Enseignante en cinéma à l’université, elle a également fondé le carnet de recherche CinéCirque, dont elle est rédactrice en chef.

 

Dans le cadre du programme de recherche RiRRa 21 "Films et séries : politiques des formes audiovisuelles"

Dernière mise à jour : 19/01/2022