M. Ahamada KASSIME
Soutiendra vendredi 19 septembre 2025 à 14 h
Salle des Actes n° 011 à l’Université de Montpellier Paul-Valéry, Site Saint-Charles 1
une thèse de DOCTORAT
Discipline : Sciences du langage
Titre de la thèse : Entre représentations et réalisations : étude multidimensionnelle et variationniste du kibushi parlé à Mayotte
Composition du jury :
- Mme Christelle DODANE, Professeure, Université Sorbonne Nouvelle
- M. Fabrice HIRSCH, Professeur, Université de Montpellier Paul-Valéry, directeur de thèse
- Mme Gudrun LEDEGEN, Professeure, Université Rennes 2
- M. Jean LÉONARD, Professeur, Université de Montpellier Paul-Valéry
- Mme Miki MORI, Maîtresse de conférences habilitée, Université de Mayotte, codirectrice de thèse
- M. Narivelo RAJAONARIMANANA, Professeur, INALCO
- M. Benjamin STORME, Maître de conférences, Université de Leiden (Pays-Bas)
Résumé de la thèse :
Ce projet de recherche s’intéresse à la variation de la langue kibushi, une variété malgache parlée à Mayotte. Sur l’île, les variétés de cette langue se définissent à la fois au niveau dialectal et local (par village). Bien qu'il existe quelques travaux sur le lexique du kibushi (Gueunier, 2016 ; Jamet, 2016), les recherches concernant sa variation restent rares (Gueunier, 2004). Certains aspects de cette langue n’ont en revanche pas encore été explorés, en particulier ceux liés à ses traits phonétiques et prosodiques. Notre étude propose donc une analyse plus complète en explorant la variation lexicale et acoustique du kibushi. Dans cette étude, trois villages kibushiphones ont été sélectionnés pour une approche variationniste qui prend en compte les facteurs dialectes et villages (Acoua, Chiconi et Ouangani). La récolte de données dans ces trois localités a été réalisée pour tester l’hypothèse suivante : les représentations linguistiques et l’analyse des traits de variation produits par les locuteurs sont deux approches pertinentes et indissociables pour étudier la variation du kibushi. Pour la première approche sur les représentations, des entretiens semi-directifs ont été menés pour réaliser comment cette variation est perçue. Ensuite, quant aux analyses des traits produits par les locuteurs, nous avons adopté la méthode labovienne (entretien sociolinguistique) reprise dans le projet PFC (Durand et al., 2009). Elle nous a permis de décrire, au niveau lexical et acoustique les parlers du kibushi dans différents contextes de discours (lecture de mots isolés, lecture continue et discours spontané). Les résultats obtenus soulignent tout d’abord l’existence d’une conscience collective sur la variation du kibushi à Mayotte. Les participants affirment que chaque village ou dialecte est linguistiquement autonome. Ces représentations collectives sont fondées sur des expériences vécues (Amossy, 1991), car nos analyses des productions langagières révèlent des traits de variation similaires à ceux perçus par les locuteurs. Il s’agit de variation lexicale, phonologique et acoustique (durée, débit et f0). Les deux dialectes du kibushi (kiantalautsi et kisakalava) se distinguent davantage au niveau lexical, tandis qu’au niveau phonétique et prosodique le kibushi parlé à Chiconi se démarque des autres villages.
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This research project focuses on the variation of Kibushi, an Austronesian language spoken in Mayotte and which is typologically similar to Malagasy. On Mayotte island, varieties of this language are defined at both dialectal and local (village) levels. For example, there are two recognized varieties: Kisakalava and Kiantalautsi, the former which is spoken more widely than the latter. Although there is some work on the lexicon of Kibushi (Gueunier, 2016; Jamet, 2016), research on its variation remains scarce (Gueunier, 2004). In addition, certain linguistic aspects have not yet been studied, particularly those related to the language’s phonetic and prosodic features. In order to address this lacuna, this study provides a comprehensive analysis of the Kibushi language by exploring the lexical, phonetic, phonological and prosodic variation. To address such variation, three Kibushi-speaking villages were selected according to village and dialect (Acoua, Chiconi, Ouangani). The latter two villages speak the dominant Kisakalava variety. Data collection in the villages was carried out to test the following hypothesis: Linguistic representations and the analysis of variation features produced by speakers are two relevant and inseparable approaches for assessing variation in Kibushi. For representations, semi-directive interviews were conducted to realize how this variation is perceived by Kibushi speakers. Then, to analyze the traits produced, we adopted the Labovian method of the sociolinguistic interview used in the well-established French phonology project, known as the PFC project (Durand et al., 2009). This enabled us to record and then analyze oral data spoken in Kibushi produced during different speech contexts (reading isolated words, reading aloud a paragraph and semi-spontaneous speech). The results highlight the existence of a collective awareness of Kibushi variation in Mayotte among speakers of the language. Participants assert that each village or dialect is linguistically autonomous. These collective representations are based on speakers’lived experience (Amossy, 1991) and our analyses of the language productions highlight the existence of similar variation features perceived by the speakers: lexical, phonological and phonetic-acoustic variation (duration, speech rate and f0). Regarding lexical features, the two dialects of Kibushi (Kiantalautsi and Kisakalava) are fairly distinct, while at the phonetic and prosodic level, Kibushi from the village of Chiconi has features that sets it apart from the other villages, even that which speakers the same dialect, Acoua.