Communiqué du Président - Jeudi 7 mai 2020

Message à l'attention des personnels enseignants et administratifs

 

Chères et chers collègues

A l'approche du 11 mai, date annoncée par le gouvernement d'une première étape de déconfinement, les attentes et les interrogations sont nombreuses dans notre communauté sur la manière dont l'université va procéder. Depuis une quinzaine de jours, nous nous sommes préparés nous aussi à cette étape qu'il conviendrait mieux d'appeler "aménagement du confinement" que "déconfinement", tant les précautions sanitaires que nous devrons maintenir limiteront les changements dans un premier temps.

Durant cette réclusion à demeure que nous avons vécue (et continuerons à vivre quelque temps), chacun de nous a découvert, expérimenté ou approfondi de nouvelles manières de travailler, le plus souvent dans l'urgence, voire le stress : des cours en ligne en grand nombre, des examens à distance, du télétravail administratif dans les composantes comme dans les directions. Mais tout cela au prix de beaucoup d'efforts. La vie familiale en a aussi été profondément transformée et parfois rendue plus difficile.

Au bout de plusieurs semaines d'état d'urgence sanitaire, le besoin de retrouver un rythme plus conforme à nos habitudes est légitime. Nous sommes cependant toujours confrontés à un dilemme que le déconfinement rend plus aigu : d'une part, garantir, sans concession, la sécurité de tous les agents (les étudiants ne reviendront sur le campus qu'en septembre, sauf cas particuliers) et d'autre part, satisfaire les espoirs de reprise d'activités de beaucoup d'entre vous qui aspirent à retrouver leur labo, leur bureau, les campus et des visages amis autrement qu'à travers des écrans. C'est dans cet esprit que nous avons construit un Plan de reprise d'activités (PRA), sur la base des indications générales contenues dans le PRA du ministère parvenu dans les établissements, dans sa version définitive, le 3 mai seulement. A la demande de la DGS, les chef.fe.s de service avaient établi des tableaux des activités et des collègues susceptibles de reprendre des fonctions sur site pour les confronter avec les exigences de sécurité et les normes sanitaires requises. Je leur adresse mes remerciements chaleureux.

L'ensemble des mesures qu'a prises l'établissement dans ce PRA et qui ont été discutées lundi en Comité technique (CT) et en Comité d'hygiène, de sécurité et des conditions de travail (CHSCT), puis présentées au CA du 4 mai est désormais disponible sur le site de l'université. Je vous engage à le consulter (je joins une version allégée en PDF). Il fixe les modalités, les conditions et les principes qui vont présider à cette nouvelle phase. Au-delà des mesures détaillées que vous pourrez lire par vous-mêmes, je voudrais en souligner la philosophie générale.

Le premier point à rappeler est que le télétravail demeure la règle et le retour sur site, l'exception. Pour des raisons évidentes de sécurité, il est demandé au plus grand nombre de collègues, quel que soit leur statut, de continuer le travail à distance. Cela vaut pour les administratifs, les personnels de bibliothèque comme pour les enseignants et les chercheurs. Les premières phases de déconfinement ne verront revenir qu'un pourcentage réduit de personnes, essentiellement des collègues qui ne pouvaient pas télétravailler et rarement sur une semaine entière. Ne seront autorisés à pénétrer sur les campus que les collègues qui auront été préalablement avisés par leur chef de service ou les enseignants qui en auront fait la demande auprès de leur direction de composante ou auprès du VP recherche, s'il s'agit d'un accès à un laboratoire de recherche à St-Charles ou Route de Mende. La règle s'applique aux personnels des organismes de recherche hébergés à l'université et aux agents de la MSH. Aucun accès ne sera possible sans autorisation préalable.

Le second principe concerne la sécurité des collègues sur site : le port du masque est obligatoire sur tous les campus, les gestes-barrières et les distanciations physiques d'au moins un mètre s'imposent à tous. L'université distribuera à tous les agents sur site des masques et du gel hydro-alcoolique. L'établissement est d'ores et déjà en capacité de répondre à cette exigence de distribution de matériels de protection. Les bureaux administratifs sont calibrés et aménagés pour accueillir les personnels dans les conditions de distanciation requises. Le travail sera prolongé pour les bureaux d'enseignants, dans un deuxième temps. Les réunions seront limitées à 10 personnes au maximum.

Enfin, le PRA obéit à un phasage chronologique. Nous avons choisi de découper la période en trois temps: jusqu'au 2 juin, une phase de déconfinement qui obéit aux principes stricts énoncés ci-dessus; entre le 2 juin et le 19 juin, une période où des ouvertures plus larges d'accès au campus pourraient être consenties (e.g. ouvertures d'espaces de bibliothèques, en particulier pour les préparations des concours); enfin après le 19, possibilité de rendre des services collectifs ou individuels en présentiel (accueil des étudiants en formation continue, apprentis, délivrance de diplômes, réception d'étudiants sur rendez-vous par le SCUIO-IP). Bien sûr, chacune de ces étapes sera discutée avec les organisations des personnels dans le cadre des CT et CHSCT, la transition entre les étapes demeurant subordonnée à l'évolution générale de l'épidémie et au bilan de l'étape précédente.

Cette crise ne cesse de nous imposer de nouvelles contraintes qui sont autant de nouvelles recherches de solutions. Nous vivons comme un crescendo de défis successifs. Notre université y fait face avec une réactivité qui nous honore. Je tiens une fois de plus à remercier tous les collègues qui s'investissent dans leurs missions, dans des conditions souvent dégradées. 

Le PRA indique les règles à suivre pour vivre dans une université (modérément) déconfinée, en protégeant les personnels; il ne règle pas toutes les questions que nous devrons affronter très vite, dans un calendrier qui s'impose à nous. J'en évoque quelques-unes, sans préjudice de nombreuses autres : accueillerons-nous des étudiants internationaux en présentiel dès septembre. Probablement pas, à en juger par les informations diffusées ce matin en Conférence des présidents d'université où l'on nous demandait d'envisager un premier semestre sans étudiants internationaux physiquement présents, mais accueillis dans des formations à distance, si elles sont disponibles. Devrons-nous imaginer une rentrée avec des règles de distanciation physique entre étudiants ? Oui, probablement; ce matin encore, le responsable d'une mission ministérielle sur les bibliothèques rappelait la règle des 4met nous annonçait la réduction attendue des deux tiers des espaces disponibles dans les bibliothèques. Le même principe s'imposera pour les salles de cours, à moins d'une amélioration inattendue de la situation pandémique. 

Sur tous ces sujets, la communauté va être sollicitée à travers le conseil des composantes et une assemblée plénière des directeurs de départements que je réunirai prochainement pour déterminer des positions de principe. Que voulons-nous pour septembre ? Que pouvons-nous assurer pour nos formations et nos recherches, selon les contraintes prévisibles ? Rien ne se fera sans une large participation des personnels et des enseignants-chercheurs à ce défi. A ce jour, aucune décision n'est prise sur ces sujets. Un principe nous guide : garantir des enseignements en présentiel au plus grand nombre dans le respect des règles sanitaires et imaginer toutes les options possibles.

Ces défis à venir, organisationnels autant que pédagogiques, mettent nos usages et habitudes en question. Ils sont d'autant plus difficiles à résoudre qu'ils s'ajoutent à la fatigue accumulée par une année elle-même perturbée et épuisante. Ils ne pourront être relevés que dans la compréhension des décisions partagées. C'est la ligne directrice que la présidence a suivie durant cette gestion de crise. Nous continuerons à la suivre.

Je nous souhaite de réussir ce déconfinement; si chacun joue son rôle et est solidaire, nous surmonterons cet obstacle, comme nous l'avons toujours fait.

Avec mes sentiments très dévoués

 

Patrick Gilli
Président de l'Université Paul-Valéry Montpellier 3

Dernière mise à jour : 09/05/2020