Soutenance de thèse

Le Mardi, 18. mars 2025 -
13:00 - 19:00
undefined

Mme Yentl DEROCHE-LEYDIER

Soutiendra mardi 18 mars 2025 à 13 h

à l’Institut Agro de Montpellier (2 Place Pierre Viala)

une thèse de DOCTORAT, préparée en association avec Montpellier SupAgro

Discipline : Sociologie

Titre de la thèse : La résilience alimentaire, une construction relationnelle : une analyse à l'échelle des exploitations en circuits courts en Occitanie

Composition du jury :

  • M. Grégori AKERMANN, Chargé de recherche, INRAE, codirecteur de thèse
  • Mme Yuna CHIFFOLEAU, Directrice de recherche, INRAE, directrice de thèse
  • Mme Ika DARNHOFER, Professeure associée, Université Boku (Autriche)
  • M. Fabien ELOIRE, Professeur, Université de Lille
  • M. Michel GROSSETTI, Directeur de recherche émérite CNRS, Université Toulouse - Jean Jaurès
  • Mme Salma LOUDIYI, Professeure, Vetagrosup

Résumé de la thèse :

Le début des années 2020 a été marqué par des perturbations majeures affectant les exploitations agricoles, notamment celles en circuit court. La pandémie de Covid-19, entrainant la fermeture des marchés de plein vent, a suscité des interrogations sur le maintien de leur activité économique, tandis que l’inflation qui a suivi a accentué les difficultés rencontrées. Ces événements ont ravivé les travaux et débats sur la résilience alimentaire, à l’échelle des exploitations agricoles en particulier. Tandis que certaines études ont cherché à identifie des déterminants structurels, d’autres ont souligné le rôle des relations sociales des agriculteurs dans les réponses apportées aux perturbations. Parallèlement, l’utilisation médiatique et politique intense de la notion de résilience a induit des questionnements sur sa pertinence.
Cette thèse a pour objectif de contribuer aux recherches sur la résilience alimentaire en approfondissant la compréhension du rôle des réseaux sociaux dans l’accès aux ressources essentielles au maintien de l’activité économique des exploitations, pendant et après une perturbation. Nous adoptons ici une vision processuelle de la résilience, prenant en compte les évolutions induites par les perturbations au cours de trois étapes : absorption, adaptation et transformation. Ancrée dans la sociologie économique, notre approche considère que l’activité économique des exploitations est influencée par les relations sociales dans lesquelles elle est encastrée. En mobilisant des apports de la sociologie économique dans le champ de l’entrepreneuriat, nous proposons d’interroger la forme et l’impact de cet encastrement tout au long du processus de résilience.
Pour ce faire, nous avons mené 50 entretiens semi-directifs auprès de chefs d’exploitations maraîchères en Occitanie. Nous avons adapté la méthode des narrations quantifiées pour analyser les trajectoires des producteurs pendant la crise du Covid-19. Dans le cas de l’inflation, cette méthode n’a pas pu être utilisée, ce qui a permis de réfléchir à ses conditions d’utilisation. L’analyse comparée des deux crises a permis de mettre en évidence les mécanismes relationnels qui ont sous-tendu la construction de la résilience des exploitations agricoles, que nous résumons en trois points principaux :
 Les relations interpersonnelles jouent un rôle central dans l’accès aux ressources essentielles au maintien de l’activité économique de l’exploitation en situation de perturbation.
 Les liens forts, devenus polyvalents durant le processus de résilience, facilitent l’accès à divers types de ressources, permettant d’absorber la perturbation, mais aussi de s’y adapter et de transformer l’exploitation.
 Le processus de résilience transforme les configurations relationnelles dans lesquelles est insérée l’entité économique, les rendant plus denses et générant un nouveau contexte d’exercice de l’activité économique, plus ou moins favorable à la transition agroécologique.
La thèse vient finalement non seulement contribuer aux travaux sur la résilience alimentaire à l’échelle des exploitations agricoles en approfondissant sa dimension relationnelle, mais aussi aux recherches sur la nature et le rôle des ressources dans le développement d’activités économiques. Par-là, elle propose plus largement de nouveaux éléments pour éclairer des débats généraux en sociologie économique tels que ceux autour de la force des liens dans le fonctionnement et la dynamique des marchés.

_________________________________________

The early 2020s were marked by significant disruptions affecting farms, particularly those operating in short food supply chains. The Covid-19 pandemic, which led to the closure of open-air markets, raised concerns about the continuity of their economic activities. The subsequent wave of inflation exacerbated the challenges faced by these farms. These events have revived work and debate on food resilience, at farm level especially. While some studies have focused on the structural determinants of resilience, others have highlighted the role of farmers’ social relationships in responding to disruptions. Concurrently, the widespread political and media usage of the concept of resilience has prompted critical reflections on its relevance.
This dissertation aims to deepen our understanding of the role of social networks in facilitating access to essential resources for maintaining the economic activity of farms during and after a disruption. We adopt a processual perspective on resilience, considering the changes induced by disruptions in three stages: absorption, adaptation, and transformation. Grounded in economic sociology, this study posits that the farm’s economic activities are shaped by the social relations in which they are embedded. Drawing on insights from economic sociology within the field of entrepreneurship, we propose to examine the form and impact of this embeddedness throughout the process by which resilience is built.
To this end, we conducted 50 semi-structured interviews with heads of market-gardening farms in the Occitanie region of France. We adapted the method of quantified narratives to analyse producers’ trajectories during the Covid-19 crisis. In the case of inflation, it was not possible to use this method, which allowed us to reflect on the conditions for its use. Tailoring analytical methods to different types of disruptions thus reveals the relational mechanisms underpinning the construction of farm resilience, which we summarize in three main points:
1. Interpersonal relationships play a central role in gaining access to the essential resources needed to maintain economic activity during disruptions.
2. Strong ties, which have become multifunctional over the course of the resilience process, facilitate access to different types of resources, enabling the firm to absorb, adapt and transform in response to the disruption.
3. The resilience process reshapes the relational configurations in which the economic unit is embedded, making them denser and creating a new context for economic activity – one that may be more or less conducive to agroecological transition.
This dissertation contributes to research on food resilience at farm level by exploring the role of relationships, and to studies on the nature and role of resources in the development of economic activities. In doing so, it offers additional insights into broader debates in economic sociology, particularly with respect to the strength of ties in market functioning

Dernière mise à jour : 03/03/2025