Soutenance de thèse

Le Vendredi, 22. novembre 2019 -
14:00 - 19:00
Salle 006 à l’Université Paul Valéry - Site Saint Charles -

Madame Cindy LEBRUN

Soutiendra vendredi 22 novembre 2019 à 14 h

Salle 006  à l’Université Paul-Valéry Montpellier 3, Site Saint-Charles 1

une thèse de DOCTORAT

Discipline : Psychologie spécialité Neuropsychologie et psychopathologie

Titre de la thèse : L’insomnie dans la maladie de Parkinson : étude de ses facteurs psychologiques de maintien à sa prise en charge

Composition du jury :

  • Mme Sophie BAYARD, Maîtresse de conférences habilitée, Université Paul-Valéry Montpellier 3
  • Mme Catherine BORTHOLON, Maîtresse de conférences, Université Grenoble Alpes
  • Mme Marie-Christine GÉLY-NARGEOT, Professeure, Université Paul-Valéry Montpellier 3, directrice de thèse
  • M. Pierluigi GRAZIANI, Professeur, Université de Nîmes
  • M. Charles MORIN, Professeur, Université Laval, Québec (Canada)
  • M. Stéphane RAFFARD, Professeur, Université Paul-Valéry Montpellier 3

Résumé de la thèse

L’objectif de cette thèse est double, d’une part, investiguer le rôle des facteurs cognitifs et comportementaux comme processus sous-jacents au maintien de l'insomnie chronique associée à la maladie de Parkinson (MP), d’autre part, évaluer l’acceptabilité et l’efficacité de la Thérapie Cognitive et Comportementale (TCC) pour la prise en charge de l’insomnie chronique comorbide de la MP. Une première étude (Étude 1) de nature psychométrique a été menée auprès d’un large échantillon de 539 individus issus de la population générale afin de proposer une adaptation et une validation en langue française d’un questionnaire anglophone, le Sleep- Related Behaviors Questionnaire (SRBQ). Ce questionnaire permet de mesurer la fréquence d’utilisation des comportements de sécurité reliés au sommeil, une composante centrale dans le maintien de l’insomnie chronique. Des analyses préliminaires ont permis de supprimer les items de la version originale du SRBQ ayant de mauvaises propriétés psychométriques, ce qui a donné lieu à une version française composée de 20 items (SRBQ-20). Nos résultats ont mis en évidence une très bonne consistance interne du SRBQ-20. L’analyse factorielle exploratoire ainsi que l’analyse parallèle suggéraient une solution à 3 facteurs : amélioration de la fatigue, amélioration du sommeil et suppression de pensées. Les analyses de corrélation démontraient une relation significative entre les croyances dysfonctionnelles, la sévérité de l’insomnie et le score total au SRBQ-20. La version française du SRBQ-20 se présente comme un instrument ayant de bonnes qualités psychométriques pour l’étude des comportements de sécurité reliés au sommeil. Une seconde étude de type cas-témoin a été conduite afin de déterminer, au regard du modèle de Harvey (2002), les relations qu’entretiennent les facteurs psychologiques de maintien de l’insomnie avec la présence d’un diagnostic d’insomnie chronique associée à la MP. Corollairement, nous avons étudié l’interaction entre ces facteurs dans leur contribution au diagnostic d’insomnie chronique associée à la MP. Soixante-huit patients porteurs d’une MP (38 avec insomnie chronique) ont été recrutés. Ces participants ont réalisé un entretien clinique afin d’établir ou non le diagnostic d’insomnie chronique (critères ICSD-3), et complété des questionnaires évaluant les facteurs cognitifs et comportementaux reconnus comme impliqués dans le maintien de l’insomnie en l’absence de comorbidité neurologique, i.e. activité cognitive avant le coucher, croyances dysfonctionnelles envers le sommeil, comportements de sécurité reliés au sommeil. Les résultats suggéraient que les patients atteints de la MP et souffrant d’insomnie rapportaient une activation cognitive plus élevée à l’heure du coucher, un niveau de croyances dysfonctionnelles envers le sommeil plus important, et utilisaient plus fréquemment des stratégies comportementales reliés au sommeil contre-productives, comparativement aux patients sans insomnie. Des analyses révélaient, par ailleurs, que les comportements de sécurité et les croyances erronées envers le sommeil jouaient un rôle de médiateur en série dans la relation entre l’activation cognitive à l’heure du coucher et le diagnostic d’insomnie chronique. L’insomnie chronique associée à la MP est entretenue par les mêmes facteurs psychologiques (comportementaux et cognitifs) identifiés en l’absence de comorbidité neurologique. Une troisième étude (Étude 3) de nature interventionnelle a eu pour objectif d’évaluer l’acceptabilité et l’efficacité de la Thérapie Cognitive et Comportementale (TCC) pour la prise en charge de l’insomnie dans un protocole expérimental de cas individuels à lignes de bases multiples chez 15 patients porteurs d’une MP et souffrant d’insomnie chronique. Tout au long de l’étude, ces 15 patients ont complété quotidiennement des agendas standardisés de sommeil, ainsi que des mesures relatives aux symptômes nocturnes et diurnes de l’insomnie. Des mesures des symptômes dépressifs et anxieux, de la qualité de vie liée à la santé et des facteurs psychologiques de maintien de l’insomnie ont également été complétées. En plus des bénéfices qu’elle pouvait engendrer sur la perception subjective de plusieurs paramètres du sommeil (temps total d’éveil et efficacité de sommeil), l’acceptabilité d’une prise en charge par TCC pour l’insomnie chez des patients porteurs d’une MP a été démontrée. D’autres effets significatifs étaient notés pour l’ensemble des indices du fonctionnement diurne (somnolence) et psychologique (symptômes dépressifs et anxieux, qualité de vie) des patients, ainsi que pour les facteurs psychologiques associés au maintien de l’insomnie dans le temps. Toutes ces améliorations étaient maintenues jusqu’à trois mois de suivi. Lors de cette phase finale de suivi, seuls deux participants remplissaient encore les critères diagnostiques pour l’insomnie chronique. À la lumière de ces résultats, les facteurs psychologiques (cognitifs et comportementaux) jouent un rôle central dans le maintien et le traitement de l’insomnie associée à la MP. La TCC est un traitement acceptable pour les patients atteints de la MP et efficace sur les symptômes nocturnes et diurnes de l’insomnie associée à cette affection neurologique. L’approche cognitive et comportementale devrait par conséquent être considérée comme une option thérapeutique de premier choix pour le traitement de l’insomnie chronique dans la MP.

Dernière mise à jour : 15/11/2019