Soutenance de thèse

Le Vendredi, 3. décembre 2021 -
14:00 - 19:00
Salle des Actes à l’Université Paul-Valéry Montpellier 3 - Site Saint Charles

Madame Evelina LEONE

Soutiendra vendredi 3 décembre 2021 à 14 h

Salle des Actes n°011  à l’Université Paul-Valéry Montpellier 3, Site Saint-Charles

une thèse de DOCTORAT

Discipline : Études romanes spécialité Études italiennes

Titre de la thèse : Francesco Saverio Salfi (1759-1832), essayiste, dramaturge et traducteur. Un itinéraire intellectuel et politique dans le sillage des Lumières

Composition du jury :

  • M. François BOUCHARD, Maître de conférences habilité, Université de Tours
  • Mme Myriam CARMINATI, Professeure émérite, Université Paul-Valéry Montpellier 3, directrice de thèse
  • Mme Camilla CEDERNA, Maître de conférences habilitée, Université de Lille
  • Mme Silvia FABRIZIO-COSTA, Professeure émérite, Université de Caen Normandie
  • M. Flaviano PISANELLI, Professeur, Université Paul-Valéry Montpellier 3

Résumé de la thèse

Cette thèse a pour objectif de dresser un portrait complexe et nuancé de Francesco Saverio Salfi, né en 1759, à Cosenza, dans le Royaume de Naples, et mort, en 1832, à Paris. Ce personnage aux multiples facettes, tant pour ce qui est de l’engagement dans la société (prêtre, jacobin et franc-maçon) que de l’implication dans le domaine des Lettres (poète, essayiste et dramaturge) a vécu entre le Royaume de Naples et les Républiques-sœurs de la Cisalpine, mais également en France où il a connu l’exil. La première partie de la thèse est entièrement consacrée à la reconstitution de l’itinéraire politique et intellectuel de Salfi dans l’un des moments cruciaux de l’histoire italienne et européenne. Pour ce faire, nous avons pris en compte l'ensemble des écrits, en dressant un profil de chaque œuvre, de façon à créer un unique récit à même de recueillir et de transmettre l'histoire de l’homme engagé, du citoyen et celle de l'écrivain.
Dans la deuxième partie, le regard se focalise sur le Saggio di fenomeni antropologi relativi al tremuoto, rédigé après le tremblement de terre qui a dévasté les Calabres en 1783, laissant le peuple dans un état de grande misère matérielle et morale. Cet essai, qui est un écrit de jeunesse de Salfi, est un véritable condensé des idées auxquelles il restera fidèle toute sa vie et qui sont, en grande partie issues des Lumières. Dans une perspective anthropologique, l’homme y est vu dans sa globalité et son devenir. D’où des analyses très fouillées sur les conditions matérielles de vie, l’urbanisme, la construction des routes et des maisons, mais aussi sur les conditions intellectuelles et morales, marquées par l’ignorance et l’obscurantisme, d’où la recherche de l'utilité et du bien commun, la lutte contre la superstition et le fanatisme, l'abrogation des privilèges cléricaux, ainsi que la redistribution des terres. L’Essai anthropologique est donc la première étape du programme politico-culturel salfien, fondé sur la délivrance de l’homme de toutes les formes de superstition, condition sine qua non pour que les individus deviennent des citoyens à part entière. Entre autres moyens pour arriver à cette fin, Salfi, au cœur même de son Essai, expose son point de vue sur le théâtre.
C’est pourquoi la troisième partie est consacrée à l’analyse de deux traductions, réalisées et publiées par Salfi entre fin du XVIIIe siècle et tout début du XIXe : la première de Marie-Joseph Chénier, Fénelon ou les religieuses de Cambrai / Fenelon ovvero le monache di Cambrai; la seconde, de François-Juste-Marie Raynouard, Les Templiers / I Templarj. À travers des pistes de lecture, nous avons mis en lumière des thématiques et mis en valeur la manière dont Salfi traduit, avec ses choix en termes de lexique et d’adaptation du texte. Dans I Templarj, il est question de persécution, d’héroïsme, de supplice des innocents. De plus, dans cette pièce transparaît ouvertement une critique de l’Empire napoléonien par le biais de celle de Philippe le Bel. En revanche, dans Fenelon, est explorée de l’intérieur la vie du couvent, véritable prison pour les femmes qui ont le malheur d’être contraintes à prendre le voile. Par le biais des personnages féminins de la pièce (Isaure, Amélie, Héloïse), le spectateur peut connaître les différents degrés de l’amour (amical, filial ou maternel), ainsi que le côté résistant, grâce au personnage d’Héloïse qui, malgré les souffrances endurées, ne plie pas devant la volonté de l’abbesse, tout comme Amélie qui cherche à se délivrer de cette vie au couvent dont elle ne veut plus. La pièce met également en évidence le visage tyrannique de l’Église, incarné par la supérieure, à laquelle s’oppose l’archevêque Fénelon qui, lui, représente le visage bienveillant et humain de l’Église. Comme l’Essai, les traductions sont une caisse de résonance pour Salfi qui trouve ainsi le moyen et le lieu de divulguer ses idées, d’éduquer le spectateur et d’éveiller les consciences.

Dernière mise à jour : 19/11/2021